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Après l’excellent Afterburner de 2019, les natifs de Bangalore se devaient d’enfoncer le clou en nous proposant un travail au moins aussi convaincant. Nous serons vite rassurés quant à la tournure générale de la galette. Point d’évolution significative à l’horizon, les Indiens évoluent toujours dans un Heavy Metal profondément ancré dans les années 80. La production est volontairement datée, les musiciens ayant eu recours à du matériel analogique durant la conception du disque. Rien n’est mal fait pourrait-on se dire, mais la batterie est anormalement en retrait, ce qui enlève de la force à la puissance de frappe souhaitée.
L’album s’ouvre avec Raging Steel qui porte admirablement bien son nom. Un déluge de Heavy old school nous arrive dans les écoutilles, agrémenté par la voix agressive de Nolan Lewis. Un chanteur qui ferait à coup sûr le bonheur de moult formations thrash en quête d’un vocaliste. Cette dualité entre Heavy traditionnel et voix rugueuse est une des particularités significatives de Kryptos. Loin d’être dérangeante, celle-ci apporte à l’ensemble de l’oeuvre une vraie personnalité.
Ce genre de production ne peut évidemment pas empêcher les poncifs du genre de se multiplier : constructions prévisibles, riffs éculés, références indirectes à d’autres artistes… Toutefois, le tout est interprété avec suffisamment de savoir-faire et d’envie pour que ces quelques «défauts» n’altèrent pas (trop) la qualité de l’ensemble. On navigue avec un certain plaisir, voire un plaisir certain, dans ce CD, bourré de bons titres qui déferlent sans qu’un quelconque ennui ne vienne nous envahir.
L’excellente plage titulaire Force of Danger est à coup sûr le moment fort d’un disque très homogène. A son écoute, on pensera évidemment à Accept ou Judas Priest, mais sans que ça ne devienne gênant comme c’est parfois le cas lorsque les influences sont trop marquées.
Kryptos possède sa propre personnalité artistique, ce qui pourrait le placer dans les prochaines années dans le peloton de tête du Metal asiatique. Un continent au formidable potentiel, vu l’importance de sa population et l’intérêt grandissant de ses habitants pour cette scène musicale, sorte de défouloir artificiel face à une vie pas toujours facile.
Revenons à Force of Danger et à l’un de ses meilleurs titres, Dawnbreakers, la leçon de Heavy à l’ancienne par excellence. Tout est en place pour quatre minutes de headbanging sans interruption : le riff assassin, la rythmique linéaire et le refrain simple et fédérateur.
Avec Thunderchild, les Indiens ont décidé de sortir la bétonneuse, ça dépote un maximum, jusqu’à une formidable accélération presque salvatrice pour nos cervicales. Nous ne sommes jamais bien loin du Thrash Metal germanique, Kreator étant de l’avis même du combo, l’une de leurs principales sources d’inspiration.
Au final, voici un album bien sympathique, qui certes ne va pas révolutionner le style (qui ceci dit n’en a guère besoin) mais possédant suffisamment d’atouts pour séduire un assez large public.