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Certains puristes regrettent toujours que des groupes issus de l’underground s’extirpent de leur milieu d’origine pour tutoyer le succès, ne voyant en cela que trahison, compromissions commerciales et autres bassesses innommables. Qu’ils se rassurent, Zaratus ne risque pas de les décevoir.
Formé en 2018 par Bill Zobolas (Soulskinner, Thou Art Lord) et Stefan Necroabyssius (Varathron, Katavasia), le binôme, regroupant tout de même des personnages ayant participé à la création de la scène Black Metal grecque dans les années 90, sort son premier LP, In the Days of Whore, avec l’idée affirmée de proposer une musique puisant dans les racines du genre, tout en la faisant sonner comme il se doit aujourd’hui. On dira que c’est l’intention qui compte, mais parmi la multitude de sorties mensuelles, un petit surplus de qualité est parfois le bienvenu, quand même.
Sept titres pour quarante-huit minutes, Zaratus développe ses compositions, à moins qu’il ne les fasse tourner en rond. Ceci dit, les ambiances alternent tout au long de l’écoute, mais ne sont ni assez prenantes, ni assez marquées pour procurer un réel émoi à l’auditeur. Les bonnes idées se remarquent, mais on retombe vite dans la lassitude. Le souci ne réside pas dans le peu d’originalité dont l’oeuvre fait preuve, car on ne demande à personne de réinventer la roue. Mais là où certains parviennent très bien à accommoder de vieilles recettes avec une touche savoureuse ou toute personnelle, d’autres mélangent les ingrédients pour un résultat sans saveur. A quoi cela tient-il ? En partie à la production, qui manque de puissance, place les claviers trop en avant et les voix trop en retrait. Une intro lugubre, pour se mettre dans l’ambiance, oui mais quand Ceremonies Before Light’s Existence démarre vraiment, ça ne suit plus. Une petite envolée de clavier néoclassique, mais c’est Dimmu Borgir en moins bien. Le chant veut se montrer possédé, mais on n’y croit pas, les maîtres norvégiens étaient plus crédibles. Chaos and Blood est prometteur, avec un début lent, heavy et mélancolique. Un bon moment, mais qui ne dure pas.
Il y a beaucoup de « mais » dans cette chronique. Oui, mais il faut bien le rappeler pour rester objectif : tout n’est pas tout blanc, mais tout n’est pas tout noir.