USA – Deathcore

Les deathcoreux américains de Carnifex sortent leur septième album « World War X » (prononcez le « X » comme la vingt-quatrième lettre de l’alphabet et non comme le chiffre romain). C’est un Scott Lewis agréable et posé, à l’opposé du hurleur déjanté que l’on connaît, qui nous en parle.

Pour les personnes qui ne connaîtraient pas encore Carnifex, peux-tu nous faire un bref historique de votre carrière ?

Nous avons commencé en 2005 à San Diego et sommes sur le point de sortir notre septième album, qui verra je jour le deux août.

Il s’agira de votre troisième collaboration avec le label Nuclear Blast. Vous sentez-vous bien chez eux, ressentez-vous le soutien nécessaire ?

Absolument, nous avons d’ailleurs récemment ressigné avec eux. Nous avons une totale liberté artistique, ils ne nous donnent aucunes directives et nous font confiance. Nous sommes très satisfaits.

Il s’est écoulé trois ans entre votre précédent album « Slow Death » et « World War X ». Aviez-vous absolument besoin de ce temps pour mener à bien votre nouveau projet ?

Oui car « Slow Death » a rencontré beaucoup de succès et nous avons donc tourné pendant deux ans pour le promouvoir. Temps pendant lequel nous avons accumulé pas mal d’idées et de compos. Mais nous avons pris la dernière année pour les peaufiner ou en réécrire une partie. L’industrie pousse les artistes à tourner encore et encore, mais aussi à composer et à enregistrer. Il faudrait être sur tous les fronts en même temps, sans arrêt. Cela contraste avec ce dont la plupart des musiciens ont besoin, à savoir se focaliser sur une chose à la fois : assurer de bonnes performances scéniques, composer calmement, et enregistrer C’est pourquoi nous avions vraiment besoin de cette dernière année pour sortir un album qui soit au moins aussi bon que le précédent.

On trouve dans votre musique, et en particulier sur le nouvel album, un mix de brutalité et de technique, voire de la mélodie. L’équilibre entre ces différents éléments, qui doit garantir une cohérence et une fluidité à l’ensemble de l’œuvre, est-il difficile à atteindre ?

Ce mélange provient de la relation que nous entretenons entre musiciens. Entre moi et Jordan (Lockrey, guitare), entre moi et Shawn (Cameron, batterie). Ils ont un bagage technique et théorique qui les amène à composer d’une certaine manière, avec notamment cette dose de virtuosité que l’on entend dans certains solos. Ce sont des musiciens au sens strict. Mais nous sommes conscients qu’il ne faut pas tomber dans les excès. La musique doit parler à tous ceux qui n’ont jamais touché un instrument de leur vie. De mon côté, en tant que « performer » et parolier, je veux injecter du feeling en rapport avec les thèmes abordés dans les textes. Ces deux approches façonnent notre style, au final.

Vous abordez des thèmes sombres sur « World War X ». Avez-vous une vision très pessimiste du monde ou considérez-vous votre univers comme de la fiction, sans métaphores ni liens avec votre vision des choses ?

En rapport avec mon point de vue sur la manière d’écrire nos paroles, j’essaie de transcrire mes idées de sorte qu’elles puissent parler aux public, d’une manière vraie. Le problème, lorsqu’on s’exprime  d’une certaine façon sur certains sujets particuliers, est que l’on perd des gens en chemin. J’essaie d’emmener se plus de monde possible sur ce chemin, mais c’est un chemin particulier.

J’ai cru comprendre que le nouvel opus n’est pas un concept-album, même s’il est basé sur des sujets récurrents.

On ne peut pas classer « WWX » parmi les concept-albums dans le sens où les chansons de « un » à « dix » ne sont pas comme les dix chapitres d’un livre. Il parle des différentes luttes que tout individu est contraint de mener au cours de sa vie. Il peut s’agir de luttes au présent comme de choses qui ont marqué notre passé et qui ont laissé des traces dans notre mémoire ou notre vie. Nous exprimons le fait de faire face activement, de se battre sur le front plutôt que de garder les problèmes enfuis en soi. Cela marque une différence par rapport au disque précédent, qui était plus introspectif

Sur le titre « No Light Shall Save Us », vous avez une invitée de marque en la personne d’Alissa White-Gluz (Arch Enemy). Pourquoi elle, et pourquoi sur ce morceau en particulier ?

Quand nous avons commencé l’écriture de ce titre, nous avions déjà dans l’idée de faire appel à un « guest-vocalist » et nous l’avons composé avec cette idée en tête. Nous avons été mis en contact avec Alissa grâce à un ami mutuel. Nous lui avons envoyé une démo de préproduction de « No Light… » avec quelques explications sur notre vision de la version finale. Elle a été honorée par notre demande et très motivée à l’idée de cette collaboration. Elle a réagi presque instantanément à notre matériel. C’est en septembre dernier que les choses se sont concrétisées : elle a fait des suggestions auxquelles nous avons répondu, nous avons échangé la démo plusieurs fois… elle s’est montrée très impliquée. En fait, on peut presque dire que nous avons composé ce morceau ensemble. On peut constater cela aussi dans la vidéo, où elle offre une prestation remarquable ! Cela ne ressemble pas à bien des collaborations où les groupes fournissent un produit presque fini à un chanteur ou musicien en lui demandant d’intervenir précisément sur tel ou tel passage.

Comme tu le disait précédemment, vous tournez beaucoup. Avez-vous déjà des plans concrets pour votre nouvelle campagne de promotion ?

Oui, nous prenons part au « Summer Slaughter Tour » ici, aux States, durant cet été, avec Cattle Decapitation et The Faceless. Et nous seront en Europe à partir de la mi-janvier. La tournée est confirmée, sachez-le bien, mais n’est pas encore annoncée. Elle le sera bientôt.

S’agira-t-il d’une tournée en tête d’affiche ou en première partie ?

En première partie. Et il s’agira d’un package intéressant !

Ressentez-vous beaucoup de pression juste avant la sortie de l’album ?

Non, pas vraiment, car le boulot est fait, ou presque fait. Il le sera complètement le jour où nous embarquerons pour notre première date. Pour le moment, c’est un peu le calme avant la tempête.