Allemagne – Thrash

Fier de la sortie du quatorzième album studio de Destruction, « Born To Perish » et fort de l’arrivée d’un second guitariste, Damir Eskić, et du formidable batteur Randy Black au sein de sa formation, Schmier, leader/bassiste/chanteur de l’institution allemande, affable et à l’évidence de fort bonne humeur, nous dévoile la genèse de cette nouvelle bouffée de thrash de belle allure.

Nous découvrons un nouveau line-up sur « Born To Perish », avec tout d’abord l’apparition du batteur Randy Black…

Randy nous a déjà dépanné par le passé pour une tournée américaine de six semaines. Depuis, nous sommes restés en contact et quand nous avons eu besoin de recruter à nouveau un batteur, son nom est venu directement à mon esprit, ce fut mon premier choix. Nous avions des dates confirmées et devions continuer à tourner. Mais trouver un batteur n’est pas chose aisée. C’est la colonne vertébrale d’un groupe. Randy a une grande expérience et sait ce qu’il fait. De plus, il est aisé de travailler avec lui. Nous lui avons demandé de rester pour l’enregistrement du nouvel album et ce fut une belle expérience.

Tu as aussi recruté un second guitariste, Damir Eskić. Pourquoi ce passage en quatuor ?

L’idée remonte a plusieurs années mais là aussi, il est difficile de trouver la bonne personne. Nous avons approché Ol Drake, d’Evile. C’est un très bon guitariste qui aurait bien convenu à Destruction, mais il n’était pas intéressé en raison de sa situation familiale. Il est devenu papa et était d’ailleurs resté à l’écart de la musique pendant un certain temps. Lorsque notre album a été écrit et comme nous avions déjà un nouveau batteur, le moment était vraiment idéal pour poursuivre la mutation et incorporer ce second guitariste. Damir est un ami de longue date, à qui je n’avais pas tout de suite songé, mais il était disponible pour le groupe et est très doué. Je pense d’ailleurs que « Born To Perish » est notre album le plus fort depuis pas mal d ‘années.

Pourquoi avoir choisi cette formule à deux guitares ?

Tout d’abord pour avoir un son plus heavy en concert mais aussi pour pouvoir rejouer certains titres des années 80 pendant lesquelles nous avons aussi eu notre période « quatuor ». A cette époque, les titres étaient composés pour deux guitares et leur transposition en live n’était pas évidente. Même au niveau de l’écriture, même si l’on peut évidemment enregistrer autant de pistes que souhaité, les compositions restent un peu plus basiques, avec mois d’harmonies notamment, avec un seul guitariste. Mike Sifringer est un très bon guitariste qui joue aussi des solos, mais à la base, c’est plutôt un guitariste rythmique. Damir est un très bon soliste, un « shredder ». Ils se complètent parfaitement et donnent au son plus de profondeur et d’agressivité. C’est un grand pas en avant pour nous.

J’adore ce que tu dis car  si je comprends les groupes qui apprécient la magie et la puissance d’un trio, en tant que spectateur de base, j’aime surtout les groupes à deux guitares, avec un son plus plein, plus massif…

La formule du trio possède naturellement un certain charme, et l’auditeur peut aisément entendre tous les instruments. Changer de formation n’a pas été un pas évident à franchir pour nous qui avons été trois pendant si longtemps. Pendant les eighties, les power-trios étaient monnaie courante, mais il y en a de moins en moins actuellement. Et ce line-up à quatre offre tellement plus de possibilités. Il fallait trouver la bonne personne au bon moment.

Abordons le sujet de l’album. « Born To Perish » en est le titre ainsi que celui du morceau d’ouverture, dont vous avez fait un single et un vidéo-clip. Quelques mots au sujet de cette mise en avant ?

« Born To Perish » est disponible en tant que single digital et vous pouvez regarder la vidéo. Nous avons choisi ce titre car il représente parfaitement l’album. Un bon refrain, de bons riffs, il est puissant, catchy et old-school. Une parfaite introduction.

« Inspired By Death » contient aussi un feeling assez old-school, à mon avis…

Oui, avec aussi un aspect punk-hardcore. Les racines de Destruction sont la « New Wave Of British Heavy Metal » mais aussi le punk-hardcore. Ce côté ne ressort pas tout le temps, mais de temps à autre.

Il semble que le boucher fou sévisse encore. Après « Mad Butcher », nous avions eu droit à « The Butcher Strikes Back » et maintenant à « Butchered For Life ».

Quand nous avons écrit « Mad Butcher », ce morceau est devenu emblématique pour les fans, ce à quoi nous ne nous attendions pas. Nous en avons fait un EP dont la pochette est devenue culte et on nous demande toujours quand nous allons continuer à raconter les aventures de ce personnage. Donc nous avons écrit « Butched For Life » qui est évidemment un hommage au premier « Butcher » mais aussi à un autre de nos titres « Reject Emotions », qui fut le premier à contenir de la guitare acoustique.

Envisages-tu l’écriture de tes textes sous le même angle que lorsque tu avais vingt ans ? Et si nous nous contentons de lire les titres, devons-nous y voir quelque chose qui relève de l’agression typiquement metal sans plus, ou des sens plus profonds ?

Lorsque tu as une vingtaine d’années et que tu joues du metal, tu es en colère et tu tentes d’exprimer cela. Personnellement, à cette époque, mon anglais était très primaire et les textes étaient assez basiques puisque je ne parvenais pas m’exprimer de façon très développée. Aujourd’hui, cela a changé mais je tente toujours d’exprimer des idées en rapport avec la vie, la mort, la réalité. La critique sociale également. Pour un groupe de thrash, il est naturel d’écrire sur ces sujets. Après, chacun interprète mes textes à sa manière. J’écris ce que je pense mais je cherche pas à prêcher. Il y a aussi des paroles dont le sujet est évident. « Fatal Flight 17 » parle du crash de l’appareil de la Malaysia Airlines en Ukraine. J’ai écrit « Inspired By Death » suite au décès assez soudain d’un ami, survenue il y a quelques mois. La musique est avant tout une distraction pour les fans, mais il est important d’exprimer aussi certaines choses. On peut donc se contenter d’écouter « Destruction » à fond, mais aussi prendre la peine d’ouvrir les livrets et de lire les paroles, qui contiennent des sujets de réflexion.

Vous tournez dès septembre avec Overkill et Flotsam And Jetsam et il s’agit de la deuxième tournée réunissant les trois groupes. Comment cela s’est-il remis en place ?

Nous avons en effet pris part au premier Killfest en mars dernier. Les shows étaient tous sold-out. Tout s’est magnifiquement déroulé et nous nous connaissons tous depuis des années. Nous gardons d’excellents souvenirs de cette tournée. Si bien que nous avons par la suite reçu une proposition pour prendre part à une nouvelle série de dates rassemblant la même affiche et nous avons immédiatement accepté.

Pour terminer, comment considères-tu tes autres groupes, Headhunter et Pänzer ? Quelle importance leur accordes-tu ?

J’ai formé Headhunter lorsque je ne faisais plus partie de Destruction, dans les années nonante. Ce groupe m’a permis de rester vivant en tant que musicien et je n’aurais pas remis Destruction sur les rails en 1999 sans cela. Pänzer est plutôt une récréation. J’aime tant le heavy-metal traditionnel que lorsque la possibilité de jouer avec deux ex-Accept (Herman Frank et Stefan Schwarzmann) m’a été offerte, j’ai sauté dessus. Cette formation m’a aussi fait réaliser à quel point j’aime la formule à deux guitares. Mais je me suis aussi rendu compte à quel point il est difficile de faire deux choses en même temps. Destruction est toute ma vie et va du coup m’occuper à temps plein pour les moments qui viennent : nous avons un nouveau line-up, un album et des tournées.