USA – Thrash

De passage au Hellfest, Chuck Billy (chant) nous dévoile en exclu quelques infos sur le prochain album de Testament, revient sur le début de carrière du groupe et évoque certaines choses de la vie, lors d’un entretien décontracté.

Chuck, tout d’abord, peux-tu révéler le titre du prochain album, sa date de sortie et le nom du producteur ?

Il n’a pas encore de titre et devrait sortir fin janvier 2020. Nous avons terminé l’enregistrement juste avant de prendre l’avion pour l’Europe. Andy Sneap, qui est actuellement occupé avec Judas Priest, s’occupera du mixage en juillet.

Quelle en sera l’orientation et quelles ont été vos sources d’inspiration ?

Musicalement, il sera à la fois plus thrash et plus old-school. Je ne vais pas encore citer Mercyful Fate, mais l’on retrouvera ces harmonies de guitares typiques, entre autres. Les paroles seront plus axées sur la narration d’histoires diaboliques et ce genre de choses. Quand Eric arrive avec de nouvelles idées de riffs, de mélodies ou de nouveaux accords, je me rends compte que je ne suis pas toujours immédiatement à l’aise pour poser ma voix par-dessus. Mais nous nous mettons tous la pression et cela finit par coller. Ce nouveau disque renferme beaucoup de choses : de l’agressivité, du thrash, de la mélodie. Il y a pas mal de titres mélodiques à la « Electric Crown », du riffing thrash old-school à la « Trial by Fire ». Et pas vraiment de chant death, qui n’aurait pas été adapté aux compositions.

Lorsque vous enregistrez, préférez-vous le faire de façon live ou adopter la méthode traditionnelle en séparant l’enregistrement de chaque instrument ?

Nous avons tenté d’enregistrer en live une fois et cela avait fonctionné. Mais aujourd’hui, et grâce à la technologie, il vaut mieux séparer. Eric a enregistré ses parties chez lui. Nous ne vivons pas tous au même endroit et il serait peu commode de devoir tous se réunir en un même lieu. Nous avons pris l’habitude, depuis quelques temps, d’enregistrer chacun nos pistes quand nous en avons le temps, sans nous retrouver en studio durant ce processus. Un autre avantage est que nous savons ainsi que les titres sont nickel au moment où nous décidons de les enregistrer. Il ne faut pas y revenir par après et retravailler dans le cas où quelqu’un a foiré.

Si vous deviez choisir un de vos morceaux pour qu’un autre groupe en fasse une reprise, quel titre et quel groupe choisiriez-vous ? Le reprise devrait-elle être faite dans votre style ou dans le leur ?

Oh, difficile… euh, comme nous avons repris un titre d’Aerosmith, il serait amusant de voir ce qu’ils feraient avec « Into the Pit », par exemple.

Comment expliquerais-tu l’émergence soudaine du thrash dans la Bay Area de San Francisco ?

Une des nos influences majeures était le Mercyful Fate des débuts. Et il y avait aussi une scène punk très vivante chez nous, à cette époque. Ce style nous a marqué et l’élément « metal » s’est greffé dessus. Nous avons mixé toutes ces influences et comme nous étions jeunes et fous, pleins d’énergie, nous avions aussi envie de repousser certaines limites sonores. C’est ainsi que ce son thrash est apparu. D’autant que des tas de bon groupes, Exodus, Forbidden, Death Angel, partageaient les mêmes points de vue. L’autre aspect était que nous étions remontés contre tous ces groupes de hair-metal, qui ont émigré à Los Angeles. Nous voulions prendre le contre-pied de leur attitude. Mais tout cela sans nous rendre compte qu’un genre était en train de se créer. Nous faisions simplement notre truc.

Quelle a été votre réaction lorsque Slayer a annoncé sa retraite ? Cela relance-t-il une compétition pour faire partie du « Big Four » et, le cas échéant, vous sentez-vous prêts à rejoindre ce cercle ?

Nous avons pas mal joué avec eux, notamment lors de deux tournées estivales. Ils vont peut-être encore jouer pendant un an, qui sait ? Je crois qu’ils veulent se produire absolument partout. Concernant le « Big Four », ces groupes (Metallica, Megadeth, Slayer et Anthrax) étaient vraiment les plus gros, en termes de ventes de disques et de tickets, ils étaient intouchables. Puis la seconde vague à laquelle nous appartenons est arrivée mais nous n’avons pas obtenu le même succès puisque le grunge est arrivé peu après et a tout balayé pendant un temps. C’est comme ça, mais nous sommes toujours là et c’est cela que j’apprécie.

Quel est le groupe avec lequel tu as le plus adoré tourner ?

Black Sabbath avec Ronnie James Dio, pour la tournée « Dehumanizer » à travers toute l’Europe. C’était fantastique. Et je me souvient des nombreux moments passés avec Ronnie après les shows, à papoter en buvant un verre. Vraiment excellent !

Qu’est-ce qui te manque le plus en tournée, loin de chez toi ?

Quand je quitte mon domicile, je me mets directement en mode « tournée » et tout se passe bien. Et ne n’ai pas de souci avec ma femme car en fait, elle m’accompagne sur la route. Mais c’est mon chien qui me manque. J’ai toujours hâte de le revoir. J’adore quand il me fait la fête à mon retour, quelle qu’ait été la durée de mon absence.

Quelle a été ta réaction quand tu as appris que Dave Mustaine était atteint d’un cancer ?

La réaction est la même quand on apprend que cela arrive à quelqu’un, qu’il s’agisse d’un ami ou de toute autre personne. Je me sens mal pour Dave car je sais ce que cela fait quand les médecins t’annoncent la maladie. Tu te retrouves hors de toi, tu ne sais pas ce qui va arriver. Mais je connais Dave, je sais quelle genre de personne il est, il va continuer à avancer. Il est prêt à se battre. Mais je suis triste pour sa femme et ses enfants.

Avant Testament, il y avait Legacy qui enregistra une superbe démo. Est-il prévu de la ressortir un jour ?

Peut-être… Nous n’avons jamais sorti de box-set et j’aimerais voir un tel objet avec un tas de choses rares ou inédites. Cette démo représente beaucoup pour moi. Je ne faisais pas partie du groupe, à l’époque et lorsque je l’ai entendue, je l’ai trouvée fort mature. Steve Souza, qui était un ami, m’a annoncé qu’il quittait Legacy pour rejoindre Exodus et j’ai eu la chance de pouvoir auditionner. Le jeu d’Alex Skolnick m’a bluffé, d’autant plus qu’il était si jeune à l’époque. La démo leur a permis de signer un contrat avec Megaforce Records, à qui ils ont annoncé qu’ils avaient en fait un nouveau chanteur. Moi, en l’occurrence. Ils ont voulu entendre ma prestation et nous avons réenregistré les mêmes titres mais avec mon chant. Et voilà le début de l’histoire. Il serait dommage pour tout le monde de ne pas pouvoir écouter ce matériel. Il ressortira…