USA – Power
Alex Vice et Nishad George, chanteur et guitariste de The Offering, sont intarissables au sujet de « Home », leur premier effort complet qui pourrait vous surprendre de prime abord, mais qui finira certainement par vous séduire. Cet entretien pourra peut-être y contribuer modestement, tant il en ressort l’impression que The Offering sait très bien où il veut aller, sans du tout se prendre pour le messie. Clairvoyance et talent sont ici les maîtres-mots.
Vous avez sorti un EP auto-intitulé et auto-produit en 2017. Pratiquiez-vous sur celui-ci le même style de musique qu’aujourd’hui et vous a-t-il aidé à signer votre contrat discographique ?
Alex L’EP représentait notre vision du métal « old-school » qui rencontre le « new-school ». Notre intention était d’être suffisamment bons pour attirer l’attention de gros labels et de pouvoir faire réellement la musique que nous avions en tête.
Constatez-vous une évolution musicale importante entre l’EP et ce premier album, « Home » ?
Nishad Nous ne sommes pas un groupe totalement différent aujourd’hui mais nous avons envisagé l’album sous un angle tout autre. Avec l’EP, nous souhaitions nous garantir la possibilité de jouer live, et attirer l’attention sur nous. Avec « Home », nous avons voulu prendre des risques, faire quelque chose de vraiment nouveau pour nous. Peu importe qu’il s’agisse de metal ou pas, nous voulions pouvoir être vraiment satisfaits du résultat.
Pour la composition de « Home », aviez-vous une idée assez précise de ce que vous vouliez obtenir ou les choses se sont-elles précisées petit-à-petit, au fur et à mesure des répétitions ?
Nishad En général, tout commence à partir d’idées d’Alex et de moi-même. Avant tout, il était clair que nous avions besoin d’être sur la même longueur d’ondes, ce qui n’était pas forcément le cas pour l’EP, et de savoir ce que nous souhaitions expérimenter. Nous nous y sommes mis et c’était bien différent de ce que nous avions composé par le passé. Cela a donné « Waste Away », le premier titre de l’album, puis tout s’est enchaîné. Nous sommes aussi globalement plus agressifs qu’avant.
Vos pochettes présentent des visuels assez sombres. Cela est-il en rapport avec les sujets que vous traitez ?
Alex Oui, absolument. Le contenu de nos textes a toujours traité de sujets sombres. En tant que parolier, je me sens toujours plus à l’aise dans ce créneau, et nous voulons que l’aspect graphique soit en adéquation avec la musique. Pour « Home », notre artwork est fantastique !
Il y a des parties techniques sur l’album. En tant que musiciens, avez-vous un bagage académique conséquent ?
Nishad Ce sont les années de pratique qui nous ont fait acquérir certaines capacités. Lorsque j’avais douze ou treize ans, j’étais fasciné par les groupes de death-metal technique et leurs prouesses. En tant que guitariste, je crois que c’est de là que vient mon côté technique. Mais pour cet opus, j’ai essayé d’être un peu plus expressif et de proposer des solos dont le feeling soit en rapport avec ce que chante Alex.
Est-il aisé de parvenir à proposer autant de diversité tout en restant un groupe accessible, entendez par là non-expérimental ?
Alex Notre but était d’écrire des chansons avec une intention particulière à l’esprit : leur donner un sens, parfois un peu crypté, tout en les maintenant assez accessibles pour que les fans puissent aisément prendre plaisir à les écouter, mais sans avoir l’impression d’écouter le même titre metal encore et encore.
Vous avez partagé des affiches avec des groupes aussi variés que Primal Fear ou Prong, par exemple. Quelles sont les réaction à votre égard de publics si différents ?
Alex Nous jouions les titres de l’EP au moment de ces tournées, qui était donc composé de matériel plus convenu. Dans l’ensemble, les différents publics rencontrés ont eu des réactions favorables à notre égard. Mais la question intéressante est de savoir quel genre de groupe sera partant pour partager l’affiche avec nous aujourd’hui, puisque nous sommes à présent très différents.
Vous sentez-vous prêts à donner des concerts en tête d’affiche dans un avenir assez proche ?
Alex Je préfère, et suis sûr que le groupe est d’accord avec moi, jouer en première partie. Cela garantit un certain nombre de fans à chaque concert. Pendant notre carrière, nous avons donné des shows devant deux personnes. Nous n’avons pas une fan-base suffisante pour justifier une tournée en tête d’affiche.
Nishad Et nous aimerions encore nous produire devant des publics différents, peu importe qu’ils soient metal, punk,… cela nous permettra de recevoir un maximum d’avis diversifiés et de voir ce qui fonctionne le mieux en concert. En tête d’affiche, ce genre de « test » est moins évident à réaliser.
Vous avez choisi le célèbre Fredrik Nordström pour le mixage et le mastering de l’album. Pour quelles raisons ?
Nishad C’est un sacré gaillard, et il a produit bon nombre de mes disques préférés. Contrairement à d’autres, il ne reproduit pas sa propre recette d’une production à une autre, mais s’adapte à chaque groupe et sait quel son doit convenir à untel ou untel.
Beaucoup de groupes considèrent qu’ils n’ont pas besoin d’intervention externe pour mettre leur musique en boîte, de la manière dont il leur semble qu’elle doit sonner. D’autres, en revanche, disent qu’ils ont obligatoirement besoin d’un point de vue d’un autre point de vue pour parvenir au meilleur résultat, ce qui semble être votre cas…
Alex Avant tout, je suis un fan des producteurs et de Fredrik en particulier. Dans ma jeunesse, je me disais souvent des choses du genre : « Le jour où j’enregistrerai un disque, je ferai appel à ce gars ». Et c’est ce qui s’est fait…
Nishad Cela contribue aussi à un apprentissage. Nous ressentions le besoin d’être épaulés afin de devenir meilleurs pour le prochain album. Nous avons beaucoup appris durant tout ce processus.
