Vola, Charlotte Wessels, Feather Mountain
Fryshuset Klubben, Stockholm (SE)
Date 8 novembre 2024
Chroniqueur Marc A
Photographe Marc A
https://fryshuset.se/

Arrivé avec une demi-heure d’avance, j’en profite pour faire un tour aux stands de merchandising très fournis des trois groupes qui se préparent à jouer ce soir dans la salle du Fryshuset Klubben, pouvant accueillir 800 personnes.

C’est devant un public clairsemé mais extrêmement motivé que les Danois de Feather Mountain entrent en scène. Les musiciens, qui donnent ce soir le dernier concert d’une mini-tournée scandinave, semblent bien décidés à offrir un show inoubliable à leurs voisins suédois. Ils profitent donc des quarante minutes qui leur sont imparties pour délivrer un set mêlant puissance, émotion et un haut niveau technique, constitué de trois titres de leur album To Exit a Maelstrom ainsi que The Hedonist, un nouveau titre sorti récemment sous forme de single.

Conquis par la musique du groupe, rappelant l’univers de Tesseract, et impressionné par le charisme des musiciens presents sur scène, le public accompagne avec enthousiasme les parties vocales du charismatique géant Mikkel Aaen Lohmann, pendant que le bassiste Andreas Dahl-Blumenberg déploie une énergie débordante, parcourant en tous sens l’espace scénique pourtant restreint, tout en délivrant ses parties hurlées avec conviction. Derrière sa batterie, Christian Dahl-Blumenberg fait preuve d’une technique impressionnante, martelant ses fûts avec une intensité qui vient parfaitement compléter la partie rythmique qu’il assure avec son frère Andreas. Le discret mais non moins virtuose Christoffer Warming (du groupe Lastera) assure à merveille les parties de guitare pourtant complexes des morceaux du groupe et se distingue par un jeu tout en finesse, notamment sur les parties plus jazz-rock auxquelles il apporte une touche d’élégance bienvenue.

C’est sous des applaudissements fournis, et grandement merités que les musiciens, visiblement émus par cet accueil, quittent la scène pour laisser place à Charlotte Wessels.

N’étant pas particulièrement fan ni de Delain, ni de metal symphonique en général, je n’attendais rien de spécial de la prestation de Charlotte Wessels. Si j’avais écouté d’une oreille distraite The Obsession, son dernier album en date, je n’avais pas été impressionné outre-mesure, probablement à cause de mes préjugés concernant le genre musical dans lequel évolue la demoiselle.

C’est sous les applaudissements nourris et les acclamations que le public accueille la Néerlandaise qui se présente devant une salle maintenant comble. Manifestement ravis d’être présents, les musiciens, le sourire aux lèvres, entament leur concert composé exclusivement de titres de The Obsession. Le concert démarre avec Chasing Sunsets, morceau d’ouverture de l’album, qui donne immédiatement le ton de la soirée. La version live transcende l’enregistrement studio, notamment grâce aux riffs incisifs de l’imposant Timo Somers qui apportent une dimension plus brute et énergique aux compositions. L’ensemble est propulsé par la frappe énergique de Joey Marin de Boer à la batterie ainsi que par la basse groovy du remuant Otto Schimmelpenninck Van Der Oije.

Le reste du set confirme cette approche plus musclée des titres. De plus, ceux-ci se voient débarrassés de certains arrangements superflus présents sur les versions studio, leur permettant de gagner en efficacité. Des morceaux comme Dopamine, Ode to the West Wind et The Exorcism, sur lequel Charlotte s’essaye avec succès au growl, deviennent de véritables machines de guerre. L’émouvant The Crying Room, que Charlotte présente avec une pointe d’humour, tout en passant un t-shirt imprimé « I Love Crying », offre au public un îlot de tranquillité dans cette mer de riffs. Si des titres plus pop comme Praise, Vigor And Valour et Soft Revolution se parent également d’atours plus agressifs, cela n’est jamais au détriment de la dimension mélodique portée par les claviers de Sophia Vernikov et la voix incroyablement nuancée de Charlotte Wessels. L’équilibre entre puissance brute et sensibilité pop reste parfaitement maîtrisé tout au long du concert.

Après près d’une heure passée en compagnie du groupe, il est temps pour le public, qui en aurait volontiers voulu davantage, de dire au revoir aux musiciens réunis sur le devant de la scène pour le salut final. Musiciens qui profitent de ce moment pour remercier Vola de leur avoir offert cette opportunité de presenter leur musique au monde. Pour ma part, Charlotte Wessels et son groupe m’ont totalement conquis avec leur bonne humeur évidente et une prestation intense qui a sublimé les titres de The Obsession que je réécoute désormais avec beaucoup de plaisir et des images plein la tête.

La soirée appartient sans conteste à Vola. Le groupe danois, face à une salle archi-comble, est accueilli par une véritable déferlante d’applaudissements dès son entrée en scène. L’atmosphère électrique témoigne de l’attente des fans avant même les premières notes. D’emblée, le groupe frappe fort en ouvrant avec I Don’t Know How We Got Here, un morceau issu de leur dernière livraison, Friend of a Phantom, qui occupe d’ailleurs une place de choix dans le répertoire de ce soir, avec sept titres sur les seize proposés par le groupe. Après l’énergique premier titre, l’ambiance s’apaise avec un superbe We Will Not Disband tout en nuances et émotion, avant une incursion dans l’album Witness avec les puissants Stone Leader Falling Down et These Black Claws.

Si Asger Mygind impressionne par sa maîtrise vocale, sa présence scénique reste minimale. Planté derrière son micro dans sa tenue décontractée, jogging et veste militaire kaki, il ne s’aventure que rarement hors de sa zone, ne le faisant que pour faire cracher à son ampli, des flots de notes metalliques, tout en headbanguant comme un fou dans une frénésie de lumières créée par un jeu de spotlight élaboré. Martin Werner semble concentré sur la création des habillages électroniques qui donnent toute leur saveur à la musique de Vola. Il se partage entre deux stands de claviers, l’un à l’avant et l’autre à l’arrière de la scène. Même constat pour Nicolai Mogensen, aux faux airs de Thom Yorke, qui, selon les besoins des morceaux, alterne entre parties de basse, chœurs et claviers. C’est donc à Adam Janzi que revient le role d’insuffler la dynamique au spectacle. Le batteur, torse nu, anime sa section rythmique avec une énergie fascinante, son corps ondulant tel celui d’un serpent derrière ses fûts, ponctuant chaque morceau de rythmiques explosives et complexes. Pourtant, le public ne semble pas se formaliser du manque de jeu scénique et reprend en chœur les titres issus de la discographie des Danois, qui ne reviennent visiblement pas de l’accueil qu’ils reçoivent.

Le clou de la soirée est assurément l’apparition surprise d’Anders Fridén (In Flames), qui vient interpréter le titre Cannibal avec le groupe, dont il est un grand fan. Cette surprise, plus ou moins annoncée sur les réseaux sociaux de Vola, fait sens dans la mesure où il habite Stockholm et assure la partie growl sur la version studio du titre.

Au bout d’une heure vingt d’un show fort en moments mémorables, les musiciens se réunissent sur le devant de la scène pour remercier les deux groupes d’ouverture ainsi que le public venu en nombre et sortent de scène avec la satisfaction du travail accompli.

Cette soirée s’est avérée être une excellente expérience avec trois groupes qui se complètent musicalement et humainement. Les musiciens se retrouvent d’ailleurs tous sur leurs stands de merchandising respectifs afin de prolonger pour encore un moment la communion ressentie par tous ce soir.