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Avec PowerNerd, Devin Townsend propose une œuvre qui puise dans l’énergie brute de tout ce qu’on aime musicalement (notamment chez lui, notamment The Puzzle… TMTC comme disent les gens qui se croient encore jeunes mais qui ne le sont plus), tout en explorant des thèmes de résilience, d’authenticité et de gratitude. PowerNerd marque un retour vers un son plus direct et instinctif, loin des expérimentations complexes de quelques-uns de ses projets précédents. Après, pour avoir eu l’honneur de l’interviewer (eh ouai…), Devin Townsend a un processus créatif très précis : il alterne entre album lumineux et sombre. Enregistré en seulement quelques jours, PowerNerd est un mélange savant d’émotions sincères et de l’essence audacieuse et éclectique du style Townsend.
Personnellement, si je qualifierais bien l’album de petit bijou, c’est surtout que j’ai pris une claque avec les premières chansons. L’ouverture, avec PowerNerd et Falling Apart, est explosive. Plus particulièrement, PowerNerd plante le décor avec une énergie frénétique et des références très metal (et pas que prog ‘) : j’ai pris une bonne grosse claque à ma première écoute. Falling Apart continue sur cette lancée avec des guitares saturées, créant l’atmosphère très dark que j’adore chez Townsend (et d’autres) mais que je n’avais pas du tout sur Lightwork (ben oui, rappelez-vous, l’album lumineux toussa toussa). Ces morceaux illustrent bien la capacité de Townsend à véritablement faire du metal, sans lésiner sur la qualité de la production et les finitions de multi-instrumentiste.
Si le reste de l’album est excellent, j’ai été moins surprise. On retrouve des explorations émotionnelles dans Gratitude et Goodbye. Gratitude se distingue comme un hymne à l’acceptation et à la reconnaissance, contraste subtil avec les morceaux plus sombres et lourds de l’ouverture de PowerNerd. On sent bien à partir de là une sorte de scission avec ce qui précède, ce qui peut dérouter aux premières écoutes. Dès lors, Townsend déploie des harmonies vocales douces qui tranchent avec le début de l’album, en fusionnant les guitares massives avec une sensibilité désarmante. Goodbye est une balade profondément vulnérable. Townsend plonge dans des thèmes d’adieu et de transformation personnelle. La production est ici est plus aérienne et les émotions sont palpables, témoignant d’une sincérité artistique qui marque cette œuvre comme l’une des plus personnelles de sa carrière, tout du moins d’après mon appréciation.
Bien que l’album soit relativement puissant, on retrouve la touche Townsend avec de l’humour décalé sur Knuckledragger et Ruby Quaker. Avec Knuckledragger, Townsend ramène un côté plus primitif et brut. Cette liberté créative atteint son apogée avec Ruby Quaker, une ode humoristique au café (alors, Tikawahukwa ?), où Townsend mélange le folk et le death metal dans un morceau aussi absurde, voire grotesque, que jouissif.
Alors, on en pense quoi de ce nouvel album de Townsend ? Eh bien… il s’agit là, comme toujours, d’une œuvre audacieuse, accessible et équilibrée. PowerNerd réussit à capturer l’essence même de l’artiste, en combinant la profondeur émotionnelle avec une énergie brute et des touches d’humour. Bien que l’album ne présente pas de ruptures radicales avec son style (et c’est tant mieux), il offre un équilibre parfait entre intensité et accessibilité, ce qui en fait une excellente porte d’entrée pour ceux qui découvrent Devin Townsend (même si quand même… vous abusez un peu si vous découvrez seulement maintenant). Pour les fans de longue date, PowerNerd est une démonstration renouvelée de la folie créative, de la liberté et du talent incomparable de Townsend, toujours capable de surprendre et de repousser les limites du metal progressif pour nous sortir de notre zone de confort. Personnellement, je l’ai encore plus aimé que Lightwork : et vous ?