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Le retour de Nasty Savage avec Jeopardy Room est un véritable choc pour les amateurs de thrash metal classique. Après vingt ans d’absence depuis son dernier album studio, Psycho Psycho, cette sortie de 2024 ravive l’énergie brute et chaotique qui a fait de ce groupe un favori culte des années 1980. Le chanteur Nasty Ronnie, dernier membre original encore présent, mène une formation presque entièrement nouvelle, prouvant que l’esprit de Nasty Savage reste aussi belliqueux et indompté que jamais.
Jeopardy Room ne perd pas de temps à donner le ton avec Invocations, une courte introduction atmosphérique qui mène au morceau-titre, un mélange féroce de riffs thrash et de la prestation vocale inimitable et primale de Ronnie. Rappelant l’époque Indulgence, l’album est imprégné de nostalgie tout en adoptant une production moderne, réalisée par le légendaire producteur Jim Morris au célèbre Morrisound Recording Studio. De l’énergie agressive de Brain Washer aux inclinaisons progressives d’Aztec Elegance, l’album trouve un équilibre délicat entre passé et présent.
L’un des morceaux phares, Witches Sabbath, est une réinterprétation d’un classique figurant à la fois sur leurs deux démos de 1984. Avec son atmosphère sombre, ses claviers inquiétants et ses riffs rappelant Mercyful Fate, la chanson renvoie aux premières expérimentations de Nasty Savage avec des éléments d’horreur et d’ambiance et avec la participation exceptionnelle d’invités d’honneur : Donald Tardy (batterie) et John Tardy (chant) du groupe OBITUARY ! Par ailleurs, des titres comme Blood Syndicate mettent en valeur la combinaison caractéristique du groupe entre thrash brutal et détours inattendus, agrémentée d’effets sonores étranges, comme des gémissements féminins superposés à des riffs écrasants.
Le morceau instrumental The 6th Finger met en lumière la maîtrise technique de la nouvelle formation, avec des riffs complexes et un solo de basse remarquable qui ajoute profondeur et variété à l’album. Le guitariste Dave Orman réussit admirablement à reproduire les styles idiosyncratiques des membres originaux Ben Meyer et David Austin, tout en insufflant sa propre touche au son emblématique du groupe.
Cependant, tous les morceaux ne sont pas mémorables. Des chansons comme Schizoid Platform et Operation Annihilate peinent à laisser une impression durable, se révélant parfois unidimensionnelles par rapport aux compositions plus dynamiques. La voix de Ronnie, bien que toujours puissante et charismatique, manque un peu des envolées aiguës qui ont marqué les premières œuvres du groupe. À la place, il opte pour un ton plus grave et rugueux qui correspond aux thèmes plus sombres de l’album, mais pourrait laisser certains fans de longue date nostalgiques de ses falsettos caractéristiques.
Malgré ses quelques défauts, Jeopardy Room est un retour satisfaisant pour Nasty Savage après vingt ans d’hibernation. C’est un album qui rend hommage à l’héritage du groupe tout en explorant de nouveaux territoires. La production, à la fois soignée et agressive, capture l’énergie brute et déchaînée qui a toujours défini sa musique, tandis que des morceaux phares comme Witches Sabbath et Aztec Elegance réaffirment sa place dans les annales de l’histoire du thrash metal.
Pour les fans inconditionnels, Jeopardy Room ressemble à des retrouvailles avec un vieil ami, un ami qui n’a pas perdu son mordant mais qui a gagné en sagesse avec l’âge. Pour les nouveaux venus, cet album est une introduction à l’un des groupes de metal les plus excentriques et influents de Floride, un groupe qui a inspiré des légendes comme Death et Obituary. Que vous soyez ici pour la nostalgie ou pour l’énergie renouvelée, Jeopardy Room offre une expérience exaltante qui prouve que Nasty Savage sait toujours thrasher comme les meilleurs.