Machine Head, Stinky, Shaka Ponk, Satyricon, Eight Sins, Steel Panther, Savage Lands, Houle, etc.
Clisson (FR)
Date 28 juin 2024
Chroniqueur Emy Ruiz / K-ro
Photographe Emy Ruiz / K-ro
https://hellfest.fr

Jour 2 : vendredi 28 juin

La journée commence tôt pour Emy, début d’un voyage musical sous le signe de la découverte et de la diversité, entre Altar, Temple et la Warzone. La matinée commence donc dès l’ouverture avec Karma Zero, groupe nantais qui avait d’ailleurs officié au Hellfest il y a pas moins de quinze ans, au Metal Corner. La curiosité de notre chroniqueuse était particulièrement titillée puisque, pour rappel, Karma Zero est le groupe qui avait remporté le tremplin Metal 360 lui assurant sa place sur l’affiche 2024. Le groupe semblait donc surmotivé pour nous propulser son deathcore/metalcore directement dans les oreilles ! En somme, Karma Zero constitue une belle découverte pour attaquer la journée.

Sur la scène voisine se prépare ensuite le groupe français Houle. Temple oblige, Emy s’attend à un black puissant. Le nom Houle n’est bien évidemment pas sans rappeler les abysses profonds et autres méandres des mondes marins, ce que le groupe met d’ailleurs en avant sur ses réseaux. Prônant un black mélodique envoûtant, notre chroniqueuse se réjouissait d’avance de découvrir Houle en live. D’autant plus que les Parisiens avaient bien travaillé leur venue : séance de dédicaces programmée, médiators « Houle x Hellfest » aux premiers arrivés, etc. C’est donc sans surprise qu’un Temple bien rempli — 10 000 personnes d’après le groupe — a accueilli Houle. En ce qui concerne notre chroniqueuse, le pari est semi-gagné. Musicalement, Houle réussit à embarquer dans son univers de black marin : les ambiances sonores sont au rendez-vous et l’énergie déployée est sans conteste puissante et cohérente avec l’identité du groupe. En revanche, remarque très personnelle, la voix a semblé un peu en-deçà, comme forcée par moment. Ceci dit, cela ne diminue en rien l’envie de suivre la progression du groupe dans les années à venir.

Après quelques chansons, direction la Warzone pour la claque matinale : Eight Sins, groupe originaire de Grenoble. Sur son site internet, le groupe met en avant ses membres et annonce la couleur : « bande de potes animés par le même objectif et la même passion : donner le meilleur d’eux-mêmes sur scène quoiqu’il arrive. » Et c’est dans le mille. Musicalement, Eight Sins propose un mix hardcore/thrash. Si, sur le papier, ça peut sembler bizarre, on se retrouve à la fin comme avec el famoso sandwich Elvis (banane, bacon et beurre de cacahuètes) : ça marche du tonnerre !  Les quatre membres du groupe s’éclatent littéralement sur scène et ça se voit. C’est dynamique, c’est énergique et Loïc, chanteur du groupe, nous propose quelques vannes qui ne semblent pas (toutes) écrites d’avance et qui en plus sont à mourir de rire. Il n’est pas sans rappeler Gérard Baste avec moins de cheveux — promis, c’est un compliment. En résumé, carton plein ! Dans le public, le groupe était très attendu par des fans aguerris de tout âge. Bien sûr, notre chroniqueuse ne s’est pas laissée charmer — enfin, si, seulement après s’être fait un avis sur le concert d’Eight Sins — par les cartes Eight Sins x DBZ distribuées au Hellfest. Pour ceux qui ne connaissent pas : Eight Sins, c’est des musiciens qui donnent tout, de l’énergie à revendre, une pointe d’humour qui va bien et d’excellentes références. En plus, Arnaud, leur guitariste, possède de superbes médiators roses qu’il n’hésite pas à envoyer au public. C’est peut-être un truc de guitaristes mais, à l’instar d’Yngwie Malmsteen dont nous parlerons dans un prochain chapitre de ce live report du Hellfest 2024, il n’a réussi à atteindre que le pit photo avec ses médiators, pour mon plus grand plaisir…

Toutes ces découvertes ont empêché nos chroniqueuses de voir 7 Weeks. Ceci dit, ce Hellfest n’était pas leur premier et ne sera surement pas leur dernier ; nul doute alors que nous pourrons les croiser ici ou ailleurs.

Un peu plus tard, nos oreilles sont happées par While She Sleeps, groupe anglais de metalcore, sur la Mainstage 2, mélange de rage et d’énergie puissantes. Loz Taylor et Sean Long nous donnent le plaisir de quelques duos. L’énergie est palpable jusqu’à dans la foule, malgré un horaire pas toujours des plus simples pour capter l’attention du public, qui se donne quelques petits coups de chaud au-devant des flammes. You Are All You Need est un des morceaux préférés de notre chroniqueuse K-ro, qui le voit comme vecteur d’un « metal à message ». Même si d’autres groupes s’y essaient, l’intensité que While She Sleeps dégage en live donne davantage de crédit à ses propos. Après une setlist, certes courte du haut des sept chansons qui la constituent, mais intense, le titre Systematic clôt ce show impressionnant.

On enchaîne ensuite avec un groupe de metal progressif que notre chroniqueuse Emy adore : Karnivool. Et il faut admettre qu’une petite déception s’annonce… Karnivool, c’est avant tout une ligne de basse incroyable — merci Jon Stockman — et des concerts divins dans des petites salles intimistes. Il semble donc vrai que jouer au Hellfest, qui plus est en Mainstage 1 à 15 h 05, n’est peut-être pas l’idéal pour un groupe qui peut entrer en osmose musicale avec son public, malgré une pudeur évidente. Il faisait chaud et, pour être honnête, même si Ian Kenny a été fidèle à lui-même, la configuration « gros festival en pleine journée » a donné à la prestation de Karnivool un côté nonchalant que l’on ne lui connait pas. Notre chroniqueuse n’a donc pas retrouvé l’essence du groupe, ce qui nous conforte dans l’idée que les configurations revêtent une importance majeure dans la musique live.

Regain d’énergie en puissance directement après devant Altar avec Klone. Si vous ne connaissez pas, dommage pour vous mais il n’est pas trop tard : avec son metal progressif un peu énervé, Klone a fait quelques actualités ces dernières années, notamment parce qu’un de ses guitaristes, Aldrick Guadagnino, avait remplacé Christian Andreu en 2022 pour la tournée de Gojira, indisponible suite à la naissance de son premier enfant. Avec pas moins de cinq musiciens avertis sur scène, Klone arrive à toucher la corde sensible au plus profond de nos oreilles, notamment grâce à des morceaux tels que Yonder, où le changement de rythme, certes délicat, exprime toute la minutie de la composition. Si notre chroniqueuse K-ro regrette que le décor et la proposition scénique ne soient pas plus travaillés, Emy apprécie au contraire cet aspect brut permettant de se concentrer sur la proposition musicale intense et complexe à appréhender.

Pour K-ro, c’est ensuite direction la Warzone, puisque notre chroniqueuse ne raterait Stinky pour rien au monde ! Elle n’a pas encore vu ce groupe nantais dans sa nouvelle configuration sur scène. Clair délivre un chant dans lequel se perçoit une évolution importante. Il semble en effet qu’il a pris en assurance et assume une puissance vocale libérée, ce qui sert clairement le groupe et la prestation scénique. Il profite aussi de l’occasion pour sensibiliser l’auditoire à la transition et aux problématiques d’écoute et de tolérance dont peuvent manquer les personnes transgenres. Outre cette pause, les guitares d’Enzo et de Clément enchainent les riffs plus énervés les uns que les autres. Du Stinky à l’état pur et dur !

K-ro enchaine ensuite avec Mirizon sur la Hellstage. Après Le Off en 2022, les Nantais sont de nouveau présents, et en forme malgré un line-up dépourvu de bassiste. Le changement de batteur intervenu l’année dernière ne pose pas de problème non plus. On peut dire que ce groupe fondé en 2019 a tout d’un grand : professionnalisme, changement de line-up réussi et énergie démultipliée sur scène. Matthieu nous assène son scream sans répit et avec l’assurance dont il est coutumier, Martin saute tout en même temps qu’il joue ses riffs et Jules est impressionnant au violon. Si la présence d’un tel instrument peut interroger de prime abord, le violon se révèle vite indispensable et marque l’identité dont Mirizon se trouve doté. Ce groupe est résolument à voir et écouter en live !

Pendant ce temps-là, Emy enchaine les réjouissances en Mainstage 1 et 2. Cette année, vous aurez sûrement vu passer l’information comme quoi le Hellfest s’est engagé à hauteur d’un million d’euros pour soutenir l’ONG Savage Lands, qui disposait d’ailleurs d’un espace sur le festival pour présenter ses initiatives liées au rachat de zones vertes pour étendre la reforestation. Savage Lands a été co-fondé par Dirk Verbeuren (Megadeth) et Sylvain Demercastel, activiste environnemental et musicien. Ayant rallié un bon nombre de superstars à sa cause, Savage Lands est donc aussi un « super groupe » qui a pu se produire sur scène cette année. Si le concept est, davantage que louable, nécessaire, le concert se donne quant à lui des airs de show à la cool, assuré par une bande de copains qui se rejoignent sur scène — non que ce soit pour déplaire. Dans cette ambiance décontractée, les co-fondateurs ne manquent pas de rappeler le sens de Savage Lands et des vidéos mettant en avant bon nombre d’artistes metal sont diffusées pour sensibiliser. Sur scène, les reprises et compositions s’enchaînent, jusqu’à une reprise bestiale de Roots Bloody Roots de Sepultura, peut-être « trop » amené par un Sylvain Demercastel surmotivé par la cause.

Changement d’ambiance instantané avec Polyphia en mainstage 1 ! Notre chroniqueuse Emy avoue que, si elle a été hyper enjouée par les élans prog en introduction du set, elle a très vite été déconcertée par le mélange des genres musicaux, qui incluait entre autres des aspects funk et pop. Polyphia est, à l’image de Tim Henson, très esthétique. La musique est propre, technique et carrée, toutefois notre chroniqueuse s’attendait à une présence plus importante d’éléments prog. Le public, présent en masse pour le groupe, témoigne néanmoins de l’engouement qu’il suscite. Si Polyphia est à n’en pas douter un groupe extrêmement professionnel, il n’est clairement pas adapté à toutes les oreilles metalleuses.

Deux salles deux ambiances à nouveau puisque Steel Panther prend ensuite place sur la Mainstage 2 ! Sans grande surprise, le groupe utilise les ingrédients plus si secrets que ça de la recette de son show : vannes à tout va, interaction avec le public, seins nus et, en conséquence, beaucoup de femmes du public dénudées sur scène. Seule nouveauté : la présence d’un membre officiel, Spyder, en remplacement de Lexxi Foxx à la basse. La setlist est super efficace et les membres de Steel Panther sont avant tout de bons musiciens, donc cela fonctionne. Notre chroniqueuse Emy remarque tout de même une stupéfaction palpable chez les néophytes accolés aux fins connaisseurs présents dans la fosse. Ceux qui ne parlent pas anglais sont « exclus » du show et n’en gardent alors que l’image d’un groupe qui ne parle que de « nichons » (message à Satchel au passage : on attend toujours de voir un vrai « Wall of tities »). Dans tous les cas, on sait pourquoi on aime Steel Panther et le groupe a assuré ! Un peu de renouvellement sur le show et ses nombreux running gags serait toutefois appréciable. La dernière venue du groupe au Hellfest il y a deux ans nous avait offert une bonne barre de rire devant la reprise de Crazy Train et l’imitation d’Ozzy par Michael Starr.

Un petit détour pour aller voir Satyricon s’imposait pour Emy et c’était assurément une bonne idée ! Le concert donné par Sigurd Wongraven et ses comparses s’est révélé largement à la hauteur de nos attentes. Pourtant, cela fait maintenant quelques années que Satyricon ne convainc plus notre chroniqueuse avec ses albums. Ici, le show était grandiose et ça mérite d’être souligné !

Notre chroniqueuse K-ro se rend ensuite voir le concert de Shaka Ponk. La présence du groupe en Mainstage à une heure de grande écoute a suscité de nombreux débats cette année et soulevé beaucoup de questions qui ont déjà titillé les metalleux les plus extrêmes : jusqu’à quel point l’ouverture du Hellfest doit-elle se faire ? Doit-on rappeler l’affiche du Hellfest 2023 (poke Machine Gun Kelly) pour interroger sur la légitimité de Shaka Ponk à fouler la scène clissonnaise ? Ajoutons à cela l’image affiliée au groupe et à ses engagements. Aussi, les chanteurs engagés seront-ils trop bavards ? Au vu des positions engagées de Savage Lands et des discours de Lofofora ou Mass Hysteria, il serait un peu hypocrite de les tacler là-dessus… En ce qui concerne K-ro, notre chroniqueuse a assisté à un vrai show et l’a apprécié. Samaha Sam possède une voix et une maîtrise impressionnante de cette dernière. Elle est accompagnée de choristes perchées sur ce qui ressemble à des échasses, de loin. Frah parle beaucoup, par engagement politique et par émotion ; le show n’en n’est pas moins dénué de sens. Le décor est travaillé et soigné sur plusieurs niveaux et, lors d’un concert hors festival, la scénographie de Shaka Ponk sert son histoire. Notre chroniqueuse est heureuse d’avoir vu ces artistes et à la vue du circle pit initié par un Frah monté sur pilotis au milieu de la foule. La légitimité du groupe quant à sa présence ce soir-là ne fait pas de doute. Bien sûr, les samples enregistrés se font entendre, mais que ce soit Mandris, CC à la guitare, Steve aux claviers ou Ion à la batterie, ça dépote. On en prend plein les oreilles et les yeux. K-ro a été particulièrement sensible à la reprise de Nirvana et à I’m Picky, des classiques du groupe.

La soirée de votre équipe Metal Alliance Mag s’est terminée avec la prestation de Machine Head et… comment vous dire ? Emy a eu la chance d’interviewer Robb Flynn il y a deux ans et a été marquée par sa gentillesse. En ce qui concerne K-ro… elle n’attendait qu’une chose depuis le concert de 1996 au Zénith de Paris : revoir le groupe en live. Autant vous dire que nous étions conquises d’avance. Machine Head tire son nom d’un album de Deep Purple. C’est donc avec un mélange de nostalgie et de modernité que Robb, seul membre fondateur toujours présent, et ses acolytes arrivent sur scène. Outre un set parfait, nous avons droit à du grand Machine Head et du grand spectacle : sons, lumières, pyrotechnie, feu d’artifice et confettis. La réalisation des écrans en guise de décors en lien avec les albums dont sont issus les titres joués a un côté pédagogique et nous replonge dans les rayons de la Fnac, où les flyers des concerts de l’Elysée Montmartre trainaient… Deux mots et c’est parti, les premières notes d’Imperium retentissent. Jared MacEachern est un habitué de live ; sa voix accompagne donc parfaitement le passage à tabac en règle de sa basse. Matt Alston, dernier arrivé du line-up, ne démérite pas et la double pédale est en forme. Seules deux chansons du dernier album sont offertes par nos artistes préférés du jour, CHØKE ØN THE ASHES ØF YØUR HATE et NØ GØDS, NØ MASTERS, ce qui permet de consacrer le reste du set à la revisite de leurs plus grands titres. Davidian, qui clôt quasiment le show, nous galvanise. En quelques mots, on est au paroxysme de notre dopamine et Machine Head nous termine en beauté, après une journée intense.

On ne sait pas encore ce que demain nous réserve mais, après cette journée et sa fin en apothéose, on sait déjà que cette édition 2024 du Hellfest est grandiose ! Merci encore au festival et à ses équipes pour l’accueil.

Les concerts préférés de K-ro : Machine Head, Stinky, Shaka Ponk. Les concerts préférés d’Emy : Satyricon, Machine Head, Eight Sins.

 

Ambiance (Emy)

 

Houle (Emy)

 

Eight Sins (Emy)

 

While She Sleeps (Emy)

 

Karnivool (Emy)

 

Klone (Emy)

 

Stinky (K-ro)

 

Steel Panther (Emy)

 

Satyricon (Emy)

 

Mork (Emy)

 

Solitaris (Emy)