Houle
Ciel cendre et misère noire
Genre black metal mélodique
Pays France
Label Les Acteurs de l'Ombre Productions
Date de sortie 07/06/2024

Site Internet

Houle est un groupe de black metal mélodique français, formé en 2019 à Paris. Après un EP éponyme terriblement prometteur sorti fin 2022, la bande de marins reprend la mer, prête à confronter la colère du grand Poséidon. Ce nouvel opus, intitulé Ciel cendre et misère noire, semble déjà excellent, de par les deux singles sortis en amont. De plus, ayant un petit faible pour la langue française dans le black metal (à l’instar de petits groupes tels que Versatile, Miserere Luminis ou encore Wizards of Wiznan), langue extrêmement poétique qui s’accorde à merveille avec l’ambiance mystique du black, cet album promet être une superbe aventure.

Ciel cendre et misère noire débute par une courte introduction, posant tout de suite l’atmosphère qui règnera durant le reste de l’album. On entend des bruits provenant d’un centre de commandement de bateau, les cris des mouettes, puis l’inquiétant son d’une sirène, avertissant de la tempête qui s’approche. La tension monte, accentuée par des chuchotements mystérieux, puis finalement redescend avec des chants de marins. Le second morceau, La danse du rocher, commence sur les chapeaux de roues avec un cri incroyablement strident. La vocaliste Adsagsona, dont la voix ressemble presque à celle d’une harpie ou ne sais-je quelle autre créature maléfique de l’océan, contribue à l’ambiance terrifiante du morceau. Celui-ci est rythmé par de superbes riffs mélodiques et une batterie qui blast.

On arrive ensuite à Mère nocturne, qui alterne entre des moments extrêmement rapides et d’autres plus lents, le tout porté par des riffs lead tout simplement exceptionnels, joués par Crabe et son collègue Zéphyr. Le mixage de la batterie est également à faire remarquer, la caisse claire arbore en effet un son très naturel et sec que j’aime particulièrement. Sur les braises du foyer, dont le début ressemble beaucoup à du Kanonenfieber avec des riffs saccadés et presque militaires, constitue un long crescendo qui aboutit à une explosion épique. Après un court moment plus tranquille, la tension monte de nouveau jusqu’à un cri strident qui annonce un refrain rapide et mélodique, et le morceau se termine sur les pleurs d’Adsagsona.

En cinquième position, Derrière l’horizon arbore des riffs très mélodiques à la Uada et une ambiance mystérieuse. Bien qu’il blast moins que sur les autres morceaux, Vikser propose tout de même un jeu de batterie assez groovy et diversifié, avec de très bons patterns de double pédale. Le temps de reprendre notre souffle, on profite d’un court (mais magnifique) interlude intitulé Et puis le silence. De petites notes de guitare sans distorsion, des bruits d’eau et quelques ambiances au synthé ressemblant au champ des baleines suffisent à créer une atmosphère bizarrement reposante, au sein de la frénésie de l’album. On approche bientôt la fin avec Sel, sang et gerçures qui débute sur un exquis riff de basse par Græy Gaast, arborant un ton extrêmement « épais » et agréable à l’oreille, je ne saurais vraiment expliquer pourquoi. Outre les excellents riffs se répétant tout au long du morceau telles les vagues qui frappent cycliquement le bord de mer, on a même droit à deux solos de guitare ! Le premier, m’ayant déjà bien surpris, est surpassé par le second, Crabe démontrant sa virtuosité de shredder par un solo rapide et mélodique.

Le tout dernier morceau, Née des embruns, est long de 12 minutes et 7 secondes, ce qui ne me déplaît pas du tout (à travers mes chroniques vous devriez commencer à comprendre que j’ai un petit faible pour les longues compositions). On est accueilli par le bruit des vagues et ce qui ressemble à un sonar, ainsi que par quelques notes à la guitare sèche. L’atmosphère prend son temps à s’installer, s’impose petit à petit, s’accélère et atteint son paroxysme avec des riffs mélodiques et épiques. L’album se clôture sur un rythme lancinant, atmosphérique et mélancolique. Les réverbérations du sonar subsistent, accompagnées par les bruits de l’océan, comme si l’on était noyés, perdus à jamais dans l’immensité bleue. Un bruit inquiétant (un bateau ? un créature des fonds marins ?) apparaît dans les dernières secondes, serait-ce vraiment la fin de cette histoire ?

On est arrivé au terme de cet album, une fabuleuse expérience. Tout au long de Ciel cendre et misère noire, on ressent l’atmosphère inquiétante et terrifiante de l’océan, toutefois une impression épique subsiste, notamment à travers les riffs et les ambiances mises en place, transformant alors cet LP en véritable épopée, tel Ulysse bravant la colère divine lors de son voyage de retour à Ithaque. N’étant plus limité au format assez court de son premier EP, Houle peut se permettre, sur cet album, de composer des morceaux plus longs et presque progressifs par moments, tout simplement prendre le temps de poser une atmosphère et un certain feeling qui définit cet opus. Houle, avec ciel cendre et misère noire, va encore plus loin dans l’agressivité et la mélodie, mais aussi dans la technicalité. Les riffs de guitare et de basse sont excellents, étant mélodiques et épiques à la fois, le jeu de batterie est génial et la voix véritablement unique. Adsagsona semble en effet avoir trouvé sa voix et son style sur cet album, avec ses screams incroyablement stridents, dignes d’une harpie ou d’une sorcière, qui contribuent à l’ambiance de l’ensemble.

Après ce premier album extrêmement prometteur, je vois facilement Houle, en quelques années, devenir un des piliers du black mélodique européen. On se réjouit de découvrir ce que ces braves moussaillons nous préparent pour la suite !

Pour les fans d’Uada, Blackbraid, Kanonenfieber et de black metal mélodique en général.