Bob Vylan, Parkway Drive, Unpeople, Zeal & Ardor, Cure for the Ghost, Cassyette
Crans-près-Céligny (CH)
Date 5 juin 2024
Chroniqueur Charlotte Breton / Nathan Bonzon
Photographe Charlotte Breton / Nathan Bonzon
https://caribana.ch

La 32e édition du Caribana Festival, rendez-vous musical suisse autoproclamé « le plus petit des grands festivals », est officiellement lancée ce mercredi 5 juin 2024. Toujours situé au port de Crans-près-Céligny (non loin de Genève) dans un joli espace au bord du lac, le Caribana propose chaque année une affiche très diversifiée, mélangeant les styles musicaux, répartis sur quatre soirées. En 2024, le rock/metal est mis à l’honneur le mercredi, la pop le jeudi, le rap le vendredi et l’électro le samedi. Nous nous sommes donc rendus à la superbe soirée du mercredi, qui proposait des têtes d’affiche telles que Parkway Drive et Zeal & Ardor.

Après être entrés dans l’enceinte chaleureuse du festival et s’être sustentés d’une très bonne poutine québécoise, il est temps d’aller voir Cassyette sur la grande scène, ouvrant alors les hostilités pour cette soirée qui s’annonce chaude et mouvementée. La chanteuse n’est pas seule sur scène, elle est en effet accompagnée d’un guitariste et d’un batteur, ce dernier semble frapper ses fûts comme s’ils lui devaient de l’argent, ce qui rend la performance encore plus percutante. La jeune artiste anglaise, qui propose une musique énergique, un mélange de punk, de pop et de rock, motive bien le public qui forme déjà des walls of death. Cassyette n’hésite pas à descendre de la scène, passer par-dessus la barricade et se rendre dans la fosse afin de rejoindre un circle pit, tout en continuant de chanter. Les morceaux s’enchaînent et passent de la pop toute tranquille à des gros breakdowns de punk/metal, sur lesquels l’artiste anglaise nous surprend avec d’excellents screams dignes de Courtney LaPlante, chanteuse du groupe Spiritbox. [Nathan]

Cassyette (grande scène)

La soirée avance, on se rend désormais à la scène du lac, plus petite et située à une centaine de mètres de la principale, à l’ombre des arbres. C’est l’heure d’admirer Cure for the Ghost, groupe franco-suisse d’electro-metal. Désirant voir de mes propres yeux (et surtout entendre de mes propres oreilles) ce que cela donnerait en live, je ne fus pas déçu ! Des petits problèmes techniques au début du set n’ont pas empêché le quintet de se déchaîner sur les planches du Caribana, devant un public déjà échauffé par le précédent concert et prêt à en découdre. Cure for the Ghost présente un metal survolté, combinant des éléments de nu, de groove et de metalcore, avec des instrumentations électroniques, donnant une ambiance moderne et presque cybernétique à sa musique. Le chanteur, plein d’énergie, alterne entre voix screamée et claire sans apparente difficulté, alors que le bassiste, armé d’une magnifique basse cinq cordes, saute en rythme. L’ensemble du groupe semble passer un très bon moment et fait participer le public, l’invitant à chanter les paroles du refrain de A Wolf at Your Door. Le set se termine sur Storm, tout dernier single sorti fin mai. Entraînant, mélodique, heavy par moments, ce morceau a tout pour plaire et donner une bonne ambiance à ce début de soirée. On voit même apparaître les premiers crowdsurfers du festival ! [Nathan]

Cure for the Ghost (scène du lac)

De retour à la grande scène, cette fois pour voir… Zeal & Ardor ? Eh oui ! Comme communiqué deux semaines auparavant sur leurs réseaux, Bad Omens, très gros nom du metalcore depuis quelque temps et initialement programmé pour cette première soirée, s’est vu contraint d’annuler sa tournée européenne 2024 suite aux soucis de santé de son chanteur Noah Sebastian. Inutile de cacher que nous étions tous un peu déçus. Mais quel ne fut pas notre soulagement lorsque le Caribana annonça en remplacement un excellent groupe de chez nous, Zeal & Ardor. Malgré quelques réticences au départ dans le public, dues à son style radicalement différent de celui de Bad Omens, le groupe a tout de même su conquérir nos cœurs et délivrer une prestation littéralement d’enfer. Étant à la base un projet solo de black metal intégrant des éléments de « negro spiritual » (les chants d’esclaves afro-américains) du frontman bâlois Manuel Gagneux, Zeal & Ardor est rejoint en 2017 par le reste des musiciens et par deux autres chanteurs assurant les chœurs. En live, ils passent du très calme, avec des morceaux comme Devil Is Fine ou le plus récent to my ilk, à du très énervé, avec par exemple Götterdämmerung ou, encore plus nouveau, Clawing out. Manuel Gagneux, en plus de jouer de la guitare comme un chef, a devant lui deux micros, lui permettant d’alterner entre le chant clair sur l’un et les screams/growls sur l’autre, ce dernier ayant un son plus distordu. Le public est maintenant tout feu tout flamme, enchaînant les mosh pits, row pits et circle pits, ajoutant du mordant à l’ambiance. À la fin du concert, d’un français que je n’aurais su égaler en allemand, le bâlois nous remercie chaleureusement de notre présence et de notre enthousiasme. C’est avec impatience qu’on attend leur prochain album GREIF dont ils ont joué les deux singles pour la première fois, to my ilk et Clawing out, ainsi que deux inédits, Sugarcoat et Kilonova. La sortie est prévue pour le 23 août prochain. [Charlotte]

Zeal & Ardor (grande scène)

Après la claque qu’était le concert précédent, il est temps de revenir à la scène du lac pour voir Unpeople. Ce jeune groupe britannique, qui semblerait, au premier abord, jouer du rock indie ou de la pop de par les tenues extravagantes de ses membres, m’a tout bonnement épaté. L’habit ne fait pas le moine ! Leur musique chaotique est une ingénieuse mixture de hardcore, de metal et de pop punk, passant de petits couplets joyeux chantés en chœur, à de gros riffs de nu metal et à des breakdowns de hardcore. Outre le chanteur/guitariste qui arbore d’excellents screams, les autres membres poussent aussi la chansonnette, même le batteur. Sur scène, les musiciens sont à fond et irradient la bonne humeur. La gravité et le sérieux des thèmes traités dans leurs chansons, à savoir les actions de l’humain et les conséquences de celles-ci sur le monde et la société, sont contrebalancés par le ton jovial de leur musique, grâce à cette ambiance pop punk, permettant alors de relativiser un peu. En bref, un concert véritablement fun. [Nathan]

Unpeople (scène du lac)

Le public est plus motivé que jamais, les fans semblent avoir fait le déplacement en masse pour voir Parkway Drive headliner cette première soirée du Caribana et campent déjà devant la barricade. Une courte attente nous laisse admirer le décor, bardé de piques et d’un immense logo au fond de la scène. Enfin, les Australiens montent sur les planches et ouvrent leur set avec Glitch, morceau explosif issu de leur dernier album en date, Darker Still. Le public est réchauffé, presque grillé, par les flammes qui jaillissent lors d’un breakdown dévastateur. Winston McCall, le chanteur, prend la parole pour nous remercier d’être là et annonce qu’il s’agit de la première date de leur tournée estivale. Une chose que j’apprécie tout particulièrement avec Parkway Drive est leur enthousiasme sur scène. Ils ont juste l’air heureux d’être là, de jouer devant un public qui aime leur musique, et cela se voit par les expressions de Winston qui semble si joyeux. Les titres s’enchaînent, allant des classiques comme Sleepwalker ou Idols and Anchors, de leurs premiers albums, à des succès plus récents comme Prey ou The Void. Les Australiens nous ont même surpris avec deux morceaux plus tranquilles, Chronos et Darker Still, sur lesquels ils ont été rejoints par deux violonistes et une contrebassiste, permettant de faire descendre un peu la température. Celle-ci remontera drastiquement avec Bottom Feeder. Le public est à fond, chante, danse et saute au rythme de la musique dont les riffs donnent irrésistiblement envie de se joindre à cette immense vague rebondissante. Le son de la grande scène est excellent et l’ambiance tout simplement folle. Ce fantastique set arrive malheureusement à son terme, et quelle meilleure manière de le clôturer qu’avec Wild Eyes, grand classique de Parkway Drive et véritable hymne sur lequel le public est appelé à chanter en chœur. En bref, le quintet de Byron Bay est fait pour headliner des festivals. Ils ont tout pour rendre un concert mémorable : d’excellents riffs, des breakdowns, des parties chantables et une incroyable connexion avec le public. Ce fut honnêtement un des meilleurs concerts de ma vie. Merci Parkway Drive. [Nathan]

Parkway Drive (grande scène)

Le tout dernier groupe à monter sur la petite scène du Caribana est Bob Vylan, un duo formé à Londres en 2017. Les deux Anglais nous proposent une fusion étonnante de rap rock, de punk, de musique électro londonienne et de hip-hop, le tout en étant complètement autoproduits et publiés sous leur propre label, Ghost Theatre, suivant les principes DIY de la scène punk. Bien qu’ils ne soient que deux sur scène, le batteur Bobbie Vylan et le chanteur Bobby Vylan délivrent une prestation des plus énergiques, ce dernier ne tenant pas en place et transformant alors la scène en son dance floor. Bien que l’ambiance de ce dernier concert soit très fun, nous avons malheureusement dû louper la fin du set, devant prendre un des derniers bus afin de rentrer chez nous. En bref, cette première soirée du Caribana était superbe. L’organisation du festival rend le tout très simple, étant possible de passer d’une scène à l’autre très facilement, sans que deux concerts ne se déroulent en même temps. De très bons groupes, une ambiance électrique, un public plus que motivé et un cadre magnifique. Merci pour tout et longue vie au Caribana Festival ! [Nathan]

Bob Vylan (scène du lac)