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Le projet Gatecreeper a émergé de l’Arizona en 2013, fondé par des membres et anciens membres de Hellhorse et Languish. Après avoir signé avec Nuclear Blast, juste après la sortie de leur dernier EP An Unexpected Reality, leur dernier opus Dark Superstition, sorti le 17 mai 2024, marque la première distribution d’un album du groupe par le label. Ce quintet, déjà reconnu comme l’un des meilleurs groupes de death metal émergents aux États-Unis, nous offre avec cet opus une très belle réalisation.
Sur le plan thématique, Dark Superstition explore les territoires du surnaturel, de la divination et de la confrontation à l’inconnu, en abordant la confiance en la magie ou le hasard. Chase H. Mason, le vocaliste du groupe, souligne que de nombreuses chansons intègrent des éléments surnaturels en lien avec ses propres expériences. Le titre de l’album fait d’ailleurs référence aux Superstition Mountains, emblème légendaire de l’Arizona, lieu d’origine du groupe.
Le voyage commence avec Death Star sur un tempo lent, des harmonisations intéressantes entre les deux guitares et des riffs immersifs. Le break à la batterie ajoute une dimension supplémentaire toujours bienvenue dans le death. Le solo de guitare est quant à lui mélodique et puissant sans forcément partir dans des phrases trop techniques. Bien que la voix aurait mérité d’être davantage mise en avant dans le mixage, elle reste captivante, avec une bonne saturation tout en évitant le growl extrême, ce qui laisse transparaître l’influence hardcore du début de la carrière de Gatecreeper. Ce morceau constitue une belle entrée en matière.
S’ensuit Oblivion, un morceau rapide comportant des passages en mode mineur harmonique qui dessinent un paysage musical bien différent de ce à quoi on pourrait s’attendre, ce qui n’est à titre personnel pas pour me déplaire. La basse se fait remarquer et la batterie adopte un rythme typique du hardcore, ce qui fait encore une fois ressentir l’influence de leurs albums et EP précédents. Le titre suivant, The Black Curtain, possède un aspect beaucoup plus lourd et martial, marqué par une batterie très droite et carrée, qui clairement fera headbanger nombre d’entre vous !
La suite des morceaux se laisse écouter avec un grand plaisir. À commencer par Masterpiece of Chaos qui exploite efficacement les codes du death metal, avec un tempo rapide et une atmosphère sombre. Les divebombs de guitare ajoutent de la lourdeur à l’ensemble qui, à l’instar du morceau précédent, risque bien de faire sentir aux auditeurs ce séisme venu d’Arizona en hochant du chef ! Le titre qui suit, Superstitious Vision se révèle quant à lui moins surprenant sur le plan harmonique. Il offre un solo qui aurait pu peut-être davantage bénéficié d’une mise en avant plus importante à la production, tant la basse et la guitare rythmique tiennent l’ensemble — parfois un peu trop à mon avis. Bien qu’appréciable, c’est le morceau le plus prévisible de l’album.
Cet aspect « prévisible » disparaît toutefois aussitôt avec le morceau A Chilling Aura, pour mon plus grand plaisir. Avec des harmonisations de guitares à la tierce et un rythme de batterie rappelant les belles heures du thrash metal, ce morceau consiste en une fusion de nombreux aspects typiques ayant forgé le death metal durant ces dernières années, qui séduira les auditeurs. C’est clairement mon coup de cœur personnel de l’album !
Caught in the Treads reprend également un côté très martial et mid-tempo avec une mention spéciale pour la production de la batterie. La technique du batteur Matt Arrebollo fait ici des merveilles.
L’écoute se poursuit avec les titres Flesh Habit et Mistaken for Death, qui offrent à leur tour un véritable hymne qui va pouvoir très certainement galvaniser leur public en live, ainsi qu’un nouveau rappel très clair des influences hardcore du groupe — une nouvelle fois, mention spéciale à la batterie qui met en avant cet aspect.
Le titre final, Tears Fall from the Sky expose magnifiquement la synergie entre les deux guitaristes dans une harmonie simple mais terriblement efficace, le tout entouré par la basse d’Alexander Brown qui permet d’unir l’ensemble avec une présence très forte.
Pour résumer Dark Superstition en peu de mots, cet album est un voyage captivant à travers les paysages du death metal influencé par le hardcore, au travers duquel Gatecreeper démontre son talent pour créer des morceaux puissants et captivants.