Devin Townsend
Devolution Series #3 - Empath Live in America
Genre progressif / expérimental
Pays Canada
Label InsideOut Music
Date de sortie 04/08/2023

Site Internet

Empath Live in America est le troisième volet du triptyque Devolution. Il a été enregistré durant la tournée nord-américaine d’Empath (18e album de Devin Townsend sorti en 2019) en 2020. Ah 2020 : rappelez-vous, cette bonne époque où le COVID a commencé à intégrer notre vocabulaire quotidien et où les concerts et autres événements en tous genres ont commencé à être plus incertains que jamais… Eh bien à ce moment, Devin Townsend, multi-instrumentiste canadien, était en tournée (tournée bien sûr avortée avant l’heure pour cause de pandémie). Comme il l’a expliqué en interview, cette tournée (dont le live proposé ici) présente un concept très particulier : « Cette tournée a marqué une version ‘libre’ du matériau [musical]. Il n’y avait pas de pistes d’accompagnement, ni même de setlist prédéfinie, chaque soir était unique et différent. Le public criait ses demandes et nous nous laissions porter par l’instant. Le matériau était donc interprété de manière singulière et l’expérience était une soirée musicale très spéciale ‘au fil de l’improvisation’. »

Et c’est bien cette authenticité qui ressort de l’écoute d’Empath Live In America, de l’introduction à la dernière chanson. Composé de 12 titres (voir la setlist ci-dessous), les titres d’introduction et Evermore ont été enregistrés au Théâtre Corona le 26 février 2020 à Montréal. L’intégralité des autres titres a quant à elle été enregistrée au Paradise Rock Club le 1er mars 2020 à Boston. Comme à son habitude, Devin Townsend a choisi avec soin ses musiciens. Il a ainsi été accompagné de Mike Keneally, Nathan Navarro, Diego Tejeida, Morgan Ågren et Ché Aimee Dorval. Tout le long du live, Devin Townsend et ses musiciens sont en interaction, entre eux (sans que cela n’exclue le public), mais également avec ce dernier. Et là où il arrive parfois que cette interaction soit excessive ou hors propos (Billy Joe Armstrong, si tu passes par là, faut vraiment arrêter de parler de politique pendant 20 minutes entre chaque chanson…), ici, l’authenticité est telle qu’on se croirait à un concert intimiste. Rien n’est surfait, surjoué ou faux. On sent un artiste passionné et dévoué à son public.

Ce que j’ai également beaucoup apprécié à l’écoute de ce live, c’est le fait qu’on retrouve bien la variété musicale de Devin Townsend, et ce à plusieurs titres. Dans une interview de lui que j’avais pu mener il y a quelques mois, il m’expliquait changer de « mood » à chaque album : une fois pour explorer la face sombre de l’humanité et une fois pour en explorer la phase lumineuse. En enchaînant diverses chansons, on retrouve bien ces variations d’humeur, sans que cela ne soit incohérent. En fait, l’authenticité dont je parlais plus haut et le concept du live font qu’il existe un fil conducteur assez naturel. On retrouve également bien la variété de style que Devin Townsend peut explorer (du heavy, de l’épique, du progressif, etc.), ce qui me surprend toujours autant, quand on sait qu’il écoute peu de musique et surtout des musiques d’ambiance !

Bien sûr, ce genre de live est d’autant plus jouissif pour les fans de la première heure puisqu’il a été avant tout pensé pour un public connaisseur qui n’hésite pas à l’interpeller pour lui suggérer des demandes en direct. Ceci dit, même si vous n’êtes pas un expert de Devin Townsend, d’autant plus si vous êtes fin musicien, je suis certaine que vous trouverez un plaisir immense à écouter ce live tant la justesse et la technicité sont au rendez-vous. Musicalement, on ne va pas se mentir, on sent que chacun des musiciens sur scène excelle et Devin Townsend n’hésite d’ailleurs pas à le mentionner et à les mettre en avant. Enfin, les versions très libres, parfois improvisées, et la spontanéité musicale, doublée par le fait qu’il s’agisse d’un réel live sans pistes d’enregistrement ni artifice, permettent aussi de (re)découvrir des morceaux de l’artiste. En somme, il s’agit pour moi d’une pépite musicale, au-delà du fait que l’on aime ou pas Devin Townsend.

Setlist :

1. Intro
2. Evermore
3. Supercrush!
4. March of the Poozers
5. Why?
6. Hyperdrive!
7. Fuck Around Section
8. Ih-Ah!
9. Gigpig Jam
10. Forgive Me
11. Love?
12. Kingdom