Hellfest 2023 : une édition clivante !
À quelques jours de mon retour du Hellfest, je suis comme à mon habitude duale : triste d’avoir quitté Clisson et ces quelques jours de folie, mais aussi ravie de rentrer dormir dans mon lit et de me laver dans une douche d’où je ne ressors pas couverte de cheveux qui ne m’appartiennent pas !!! Bien sûr, à peine rentrée que je pense déjà à l’année prochaine… D’ailleurs, l’annonce de la vente des pass avancée à ce mois de juin (contre octobre habituellement) a beaucoup fait parler… Mais le Hellfest a décidé d’écouter sa communauté et de ne mettre finalement que 50% des pass à la vente fin juin et l’autre moitié en septembre ou octobre comme à son habitude ! Bonne chance à tous !
En attendant de savoir si nous aurons le précieux sésame, je vous propose ici mon retour sur une édition haute en couleur… Plutôt que de vous proposer un live report longitudinal reprenant chronologiquement ce qui s’est passé jour après jour (eh ben non, il faut me suivre sur Instragram pour ça, et toc !!!), je vous propose une approche beaucoup plus dynamique en revenant sur les points saillants de cette édition : le lieu, la programmation et quelques anecdotes. Comme je ne veux pas vous perdre en route (spoiler alert : comme Iron Maiden m’a perdue), je serai ici assez synthétique et vous proposerai des billets détaillés pour quelques concerts, interviews, conférences de presse, etc.
Le lieu :
On sait que l’organisation de l’espace-temps est un point crucial dans la satisfaction des festivaliers. Cette année, le Hellfest avait annoncé quelques changements : le déménagement de la Valley en face de la Warzone (contre son emplacement vers le Temple jusqu’alors), l’apparition du Sanctuaire, nouveau bâtiment dédié au merch, de nouvelles structures scénographiques (crâne argenté, roue de Charon). Et c’est un pari 100% réussi : l’ambiance et la scénographie sont toujours aussi dantesques et le déménagement de la Valley, qui sur les réseaux sociaux faisait pourtant couler beaucoup d’encre, est une réussite. Parlons de la Valley, puisqu’il s’agit du changement le plus notoire ! La scène est ouverte (de par sa forme, elle n’est pas sans me rappeler le théâtre antique de Vienne), le son est très bon et on y respire ! Cette nouvelle Valley donne une ambiance très sympa au fest et est parfaitement adaptée aux groupes que j’y ai vus cette année, tels que Monster Magnet ou Clutch. Bref, du point de vue changement, c’est un sans-faute ! Enfin, en ce qui concerne le Sanctuaire, je peux vous garantir que l’effet visuel du bâtiment est impressionnant (tout comme la queue pour y pénétrer). De l’extérieur, le Sanctuaire est inspiré d’un temple romain des ténèbres : colonnes noires, scénographie rouge. Dark, sombre, imposant… Mais alors… il fallait attendre les débuts de soirée pour que la queue interminable disparaisse. C’est donc à ces moments que j’ai enfin pu investir les lieux. À l’intérieur, on trouve tous les produits dérivés possibles et imaginables du Hell. Je ne vous cache pas que l’intérieur fut un peu décevant pour moi et ne m’a pas spécialement donné envie de consommer : des vitrines bien trop éclairées qui empêchent de bien voir les produits, vitrines soit dit en passant souvent sales, du merch peu mis en valeur dans ces dernières (quelques items dans de grandes vitrines) et beaucoup de produits en rupture de stock tout au long du festival. Bien sûr, s’agissant d’une nouveauté, il y a fort à parier que cela sera considérablement amélioré dès la prochaine édition. (D’après les chiffres, 40000 t-shirts ont été écoulés en 4 jours, ce qui témoigne néanmoins de l’engouement du public pour le bâtiment et le merch. (Source : https://actu.fr/pays-de-la-loire/clisson_44043/premier-bilan-du-nouveau-merch-du-hellfest-40-000-tee-shirts-vendus-en-quatre-jours_59765011.html)
La programmation :
Cette année, en ce qui me concerne, j’ai clairement inversé ma tendance et mes stats personnelles… pour mon plus grand plaisir. Grande habituée des mainstages, j’ai clairement oscillé entre Main, Valley et Temple cette année ! Parmi les groupes que j’attendais le plus, il y avait les légendaires (que j’avais pour la plupart vus et revus) : Kiss, Mötley, Maiden. Il y avait aussi les groupes que l’on a moins l’occasion de voir : Pantera, Tenacious D. Et ceux de mon adolescence que je voulais terriblement re-re-re-revoir : Slipknot, Sum 41. Enfin, il y avait mes petites pépites que j’adore et que je n’aurais ratées pour rien au monde (Puscifer, Hypno5e). Alors, bilan des courses selon vous ?
En ce qui concerne les réussites (je ne pourrai pas vous parler de tout ici… malheureusement), c’est un carton extra plein pour le dimanche : l’enchaînement Tenacious D, Pantera, Slipknot fut incroyable… Tenacious D est sûrement mon meilleur concert ! JB et KG ont des voix incroyables en live, ils assurent le show, la setlist était PARFAITE et le sax-a-boom a été rejoint par le maxi-boom ! Tout était dément ! On avait l’impression d’être dans un concert intimiste malgré une mainstage bondée… Le concert de Pantera, dans un autre genre je vous le concède, était également exceptionnel. On a eu droit à un Phil decontract’ qui joue pieds nus et arbore un chewing gum tout le long du show, un Rex Brown visiblement heureux et ému d’être là, et un Charlie Benante et Zakk Wylde d’une humilité à toute épreuve ! Le set était parfait, l’hommage à Dimebag et Vinnie sur l’intro de Cemetery Gates nécessaire, et le public a répondu largement présent ! Seuls petits bémols à mon sens : deux chansons mythiques un peu foirées : This Love, où la voix était clairement en deçà et Cowboys From Hell, où Zakk Wylde semblait en contretemps. Mais vraiment, le concert était divin et, même s’il y avait Melvins en face, Pantera reste une institution incontournable. Donc pour tous les haters qui ont rouspété de la reformation : vous aviez tort ! J’ai également envie de vous parler du tout premier concert qui a ouvert le Hell en Valley jeudi à 16h30 : Hypno5e. Quatre chansons pour vous plonger dans son univers, une Valley bien remplie (malgré la queue impressionnante pour entrer dans le fest à cette heure-là), une superbe setlist (merci d’avoir joué Acid Myst) et un public composé d’aficionados et de néophytes ! J’ai pleuré sur deux chansons : c’était donc un bon concert d’Hypno5e ahah. Enfin, si je dois vous parler de grosses ambiances, je suis obligée de vous mentionner les concerts de Sum 41 et de Slipknot. En ce qui concerne Sum 41, je pense que tout le monde était clairement rincé à la fin (2h du matin quand même…) La setlist était également parfaite : tout y était : une entrée sur Motivation, une sortie sur Still Waiting ! Et même si au milieu, il y avait des titres que je connaissais moins (car plus « récents »), je n’en ai pas perdu une miette … Tout le monde était déchaîné et il faut dire que Deryck a toujours le ton juste dans l’interaction avec le public. J’ai l’impression qu’autour de moi, tout le monde a revécu son adolescence dans la joie, la bonne humeur et la bienveillance. Dans un autre style, mais avec une toute aussi grosse ambiance, Slipknot a tout retourné. Ici, rien à dire : c’était propre, à la limite du chirurgical, dans une ambiance qui remue mais sans danger (ce qui n’est pas toujours gagné avec Slipknot) ! Et le traditionnel « Jump the fuck up » de Spit It Out, qui s’est terminé charrette avant le traditionnel feu d’artifice, a évidemment clos un festival encore bien mouvementé ! J’ai adoré beaucoup d’autres concerts (Rancid, Finntroll, Treponem Pal, The HU, Behemoth, etc.) mais je n’ai malheureusement pas la place de vous parler de tout dans cet article (je ferai des billets, promis !) Et puis, comme l’être humain aime aussi bitcher, je vais quand même parler des concerts qui m’ont déçue !
Pour moi (et là, je ne vais pas me faire que des amis), mais le pire du pire du pire que j’ai vu (je ne parlerai même pas de Machine Gun Kelly, que j’ai pas vu…), ou plutôt, ma plus grande déception, c’est clairement Iron Maiden : une setlist incompréhensible (pourquoi en festival ne pas mettre le feu avec les titres que tout le monde attend ? Là, on a eu enfin une vraie cohésion du public vers la fin, sur Fear Of the Dark, qui n’est pas le titre le plus dynamique non plus…), un Harris éteint, une scénographie décevante et alors… globalement, c’était mou comme du pain perdu qu’on n’a pas encore mis sur la poêle… Et pardon, j’adore l’interaction avec le public et il a fait l’effort du français, mais les longs blabla incompréhensibles de Bruce Dickinson… ça m’a franchement pas aidée à rentrer dedans ! Le point positif indéniable, c’est la voix de Bruce justement (et son style à toute épreuve). Mais globalement, on se faisait chier… je sais que ce concert (comme tout le reste) a été clivant dans les avis mais moi je me suis fait chier comme un rat mort. Après, je conçois que le groupe vieillit et qu’évidemment, ils ne peuvent plus avoir la même énergie… Néanmoins, la setlist aurait pu être pensée pour le fest… beaucoup attendaient The Number of the Beast entre autres, mais elle n’est jamais venue, comme dirait Joe Dassin. Dans la série “concerts décevants”, je fus mitigée par Mötley. Je m’attendais à être très tranchée dans un sens ou dans l’autre et, finalement, je me vois partagée. D’un côté, John 5 et Tommy Lee ont fait un super boulot. Sixx était dedans. La setlist était cool et puis… c’est Mötley. Mais dans l’ensemble, ça restait assez moyen : si la voix de Vince n’était pas pire, elle n’était pas folle non plus. Il semblait un peu dans le mal à certains passages et son allure de Père Noël défraîchi du Géant Casino Chasse sur Rhône un 24 décembre à 18h, ça n’aidait pas non plus. Et puis, il faut quand même parler du massacre collectif de deux de mes chansons préférées : Home Sweet Home (jouée au ralenti) et Dr. Feelgood… Les deux danseuses sur scène, ça faisait très show à l’Américaine ! Je trouve ça cool mais un jeune à côté de moi m’a quand même dit qu’il trouvait ça “cringe” ! Bref, encore un groupe qui a vieilli… Pour finir, Kiss, c’était sympa, mais ça reste des vieux messieurs maquillés qui, sans leurs artifices, bottes, paillettes et sans leur scénographie, auraient perdu de leur superbe. En somme, rien de catastrophique en ce Hell 2023 mais des groupes qui ont vieilli… Même si les membres sont un peu plus jeunes, la prestation d’In Flames m’a également laissée mitigée… super setlist, voix sympa mais l’ambiance n’était pas dingue (ni dans le public, ni sur scène).
Pour terminer la programmation sur une note positive, cette édition m’a aussi permis de faire des découvertes plutôt cools ! Un des concerts que j’ai le plus apprécié est celui de Clutch, que je ne connaissais pas (eh oh… y’en a qui connaissent pas Hypno5e ici et je vous dis rien !) Avec une voix bien marquée à la Chris Cornell et une superbe ambiance dans la Valley, j’ai passé un excellent moment avec des musiciens chill, péchus et sans chichis ! Autre groupe qui mérite d’être mentionné ici, même si je les connaissais déjà un peu, parce qu’ils ont mis une ambiance de fou et ce au pied levé : Crisix ! Une heure avant le set d’Incubus, l’appli annonce que le groupe ne jouera pas pour un problème de santé d’un de ses membres. Ni une ni deux, il est remplacé en urgence par Crisix, groupe espagnol qui met le fuego ! Et voilà nos amis ibériques propulsés en mainstage en heure de pointe ! Eh bien perso, j’y ai gagné au change ! Je les adore et ils ont assuré : dynamisme, bonne humeur et reprises légendaires ont été au RDV. Un concert intelligent où le groupe s’est vraiment fait plaisir, et ça se sent ! Enfin, dernière découverte qui mérite d’être mentionnée ici : ACOD, groupe de death / black français (dont vous trouverez bientôt une interview sur Metal Alliance). J’ai eu le plaisir de les découvrir au Temple dans une superbe ambiance. Le groupe raconte une vraie histoire et le public a très franchement répondu présent !
En marge des concerts, j’ai également pu assister aux conférences de presse de Papa Roach, Def Leppard et Porcupine Tree. Je vous ferai un récap de ces temps forts dans un autre billet car cet article est déjà long et que ce n’est pas la taille qui compte (tout le monde sait que c’est le goût) !
Avant de finir, j’aimerais vous proposer quelques anecdotes marrantes et intimistes de cette édition 2023 du Hellfest :
- Hypno5e qui se fait refouler des bars du fest car ils ont un pass artiste et qu’ils ne peuvent se désaltérer qu’en backstage
- Un paquito géant qui se forme pendant le concert de Finntroll
- Une comète qui passe en plein concert de Slipknot, juste derrière la scène
- Within Temptation qui fait des selfies tout excité devant l’entrée du fest, mêlé aux festivaliers lambdas
- Sum 41 qui nous propose un jump sur une reprise de Queen mais qui a oublié que son public a aussi vieilli. Et voilà comment au moment de s’asseoir, le groupe a dû faire face à des “on a mal aux genoux” “on n’arrive pas à se relever”.
Si vous étiez là, n’hésitez pas à me dire si vous partagez mes avis (ou pas ! Vu les commentaires sur les réseaux, je m’attends donc à des avis clivants et clivés) et si vous n’y étiez pas, j’espère que cet article vous aura un peu fait voyager à Clisson ! À très vite pour des articles plus détaillés des concerts…
Un immense, immense merci au Hellfest et à son équipe presse pour son accueil, pour l’organisation, la logistique, pour tout ! Aux artistes, pour leur dispo, aux festivaliers pour nos échanges ! Je terminerai cet article en disant que beaucoup reprochent au Hellfest de devenir un Disneyland… Eh bien, si c’est ça Disney, je signe de suite ! N’oubliez pas que dans la vie, on a toujours les avantages de ses inconvénients et que l’organisation derrière un événement de cette envergure est monstrueuse. Je suis sûre que vous ne serez pas de mon avis sur tous les concerts et c’est là tout le challenge d’un festival aussi important : satisfaire des festivaliers aux avis divers ! Donc… bravo à l’équipe et, j’espère, à l’année prochaine !
Akiavel
Ambiance HF
Bloodywood
Finntroll
Full of Hell
Hypno5e
Puscifer
Tenacious D
Treponem Pal
