Salut Jo ! Alors, pour nos lecteurs qui ne connaissent peut-être pas ton groupe, est-ce tu peux nous présenter Cure for the Ghost : quand est-ce qu’il a été créé, dans quelles circonstances, etc. ?

Ok, bon, je vais essayer de le faire en mode concis (rires). Alors en gros, Cure for the Ghost, c’est un groupe qui existe depuis 2015. À la base, il a été créé par notre cher ami Tom, qui ne fait plus partie de l’équipe depuis maintenant deux… ou trois ans ? J’ai super bien révisé (rires) ! Puis après, en gros, on a repris le flambeau. C’est un groupe qui fait… de la musique !

Non, tu déconnes ? (rires)

Si, promis (rires) ! Plus sérieusement, en termes de style, on était sur une vibe très neo metal. On arrive plus maintenant sur du modern metal. Je pense qu’on peut appeler ça comme ça. Pour te donner une idée, on est très inspirés de Bad Omens, We Came as Romans, Bring Me [the Horizon]… tu vois, y a plein de petites touches, un peu de tous les horizons — bravo Jo pour le jeu de mot, sans le vouloir en plus ! Les musiciens sont tous de la région Haute-Savoie. Nous sommes donc cinq dans le groupe et je pense que le résumé, il est concis.

Vos inspirations principales à vous, c’est quoi ? Parce que là tu me dis vers quoi vous tendez…

Alors nos inspirations, c’est comme ce vers quoi on tend ! Bad Omens, We Came as Romans, etc. Tu peux mettre I Prevail aussi. Et puis il y a des petites touches un peu à la Bring Me et à côté de ça, il y a aussi, je pense, le petit background musical de chacun, mais on écoute tous du moderne. Moi, je suis très deathcore à la base, qu’on ne retrouve absolument pas d’ailleurs. Je dirais que Bad Omens, ça résume bien ce qu’on fait et ce qu’on aime.

Quand j’ai écouté ce que tu m’as envoyé, et franchement c’est un vrai compliment, je me suis dit que ça peut faire penser à du Linkin Park ! Je me suis dit « merde, il y a un petit côté Chester Bennington dans la voix ». Et c’est pas désagréable du coup puisque j’aime bien Linkin Park. Enfin, leurs débuts…

C’est hyper badass ça !

Est-ce que tu peux nous parler un peu de votre actualité ? Il y a un album de prévu ?

Alors, nous, on a pris la décision de ne pas sortir d’album. Par contre, on a dix titres déjà composés et prêts à tourner. On a donc tout enregistré et là on travaille actuellement avec le chanteur d’Annisokay. C’est un gros groupe allemand. Je te conseille d’écouter si tu ne connais pas. Donc là, tout va sortir gentiment au compte-goutte. Et à chaque fois qu’un titre va sortir, il y aura un visuel avec.

Un clip, tu veux dire ?

Alors ça va être soit du clip, soit de la lyrics vidéo, soit autre chose. Ça pourra être un peu de tout au programme, en fonction des finances aussi. Et de comment ça va se passer par rapport aux concerts, parce qu’on sait bien que les concerts en ce moment, à booker, c’est la merde !

Pourquoi ?

Pour la simple et bonne raison qu’après le Covid, il y a eu un gros retard sur toutes les programmations faites, à mon sens. Donc par exemple, si t’étais booké en 2020 mais que t’as pas pu jouer cette année-là, c’est reporté à 2021, puis 2022. Il y a eu une sorte de retard sur la programmation. Puis maintenant, t’as une affluence de concert monumentale. Et là, on se retrouve vraiment dans un cas de figure où, au final, t’as des concerts de partout mais il n’y a plus le public qui répond présent. Donc gentiment, les salles, elles ferment. Ça ferme et ça prend beaucoup moins facilement pour les petits groupes, surtout dans notre style adoré qu’est le metal. Voilà…

Après, c’est un peu paradoxal parce que moi, ce que j’ai observé, c’est que t’as beaucoup d’événements — sans dire que c’est des très gros événements comme le Hellfest — qui ont stoppé mais à côté de ça, t’as plein de nouveaux petits qui ont émergé et qui trouvent leur public quand même…

C’est marrant parce que les derniers fest que j’ai faits en France, j’ai pas vu grand monde. Tu vois, je m’attendais à une sorte d’envie après ça, justement, de retourner en concert. Evidemment, t’as les grands qui vont toujours fonctionner : tu prends le Hellfest, tu prends le Wacken, tu prends le Motocultor, tu prends tous ces tous ces géants du metal européen, ça va toujours fonctionner parce que derrière t’as un background, une image. Il y a une sorte de pèlerinage qui s’est fait autour. Au final, pour les plus petits, oui, il y en a, mais j’ai pas l’impression que ça prend si facilement…

Oui, après, il y a eu un cash-flow énorme sorti sur les concerts de 2020 à 2022 et quand tu sors du fric comme ça pour que tout soit annulé et que tu galères à te faire rembourser ou que ce soit sans cesse reporté, ça soule. Donc maintenant, tu attends et tu vas un peu au dernier moment…

Ouais, c’est un peu ça.

Autre question : Comment ça se fait que vous ne sortiez pas d’album ?

Alors, très simple : on a vu par notre petite expérience que oui, c’est bien, tu fais un album, tu vas investir une grosse somme d’argent là-dedans avec, imaginons, treize titres. C’est génial, t’as sorti tes treize titres, et boum ! Deux mois après… ton album est mort. Il tombe simplement aux oubliettes. Alors on a pris le parti de se dire « Eh bah vu qu’en deux mois le truc est tombé, oublié, autant sortir titre par titre comme ça ». Au final, t’as une actualité. On sait d’autant plus que t’as Spotify — dont je commence enfin à bien connaître l’algo — qui, au final, va te mettre en avant si t’as une fréquence de sortie régulière. C’est vraiment à l’image de ce que tu peux retrouver maintenant sur Youtube, sur toutes ces plateformes. Du coup on a pris ce parti de dire qu’on va plutôt miser sur la régularité plutôt que sur un gros bout en un seul coup.

Mais du coup, pas de revenus sur album, pas d’objet physique.

Non, et de toute façon, même en merch, pour le moment, on n’a rien. Enfin, on a les Ghost Keys. Je sais pas si t’en as entendu parler. En gros, à la sortie de notre premier EP, on a fait cent Ghost Keys. Le principe, c’est que c’est notre EP qu’on a sorti sous forme de clé USB. Tu n’en as pas une similaire. On a fait cent contenus différents. Je vais peut-être pas te dévoiler ce qu’il y a dedans mais, en gros, on est bien partis en couilles sur le contenu. On a essayé de créer un jeu entre ces Ghost Keys dans l’idée qu’une fois que les cent seraient vendues et que les gens les auraient activées, il y avait un truc qui allait se débloquer. Tu vois, on est partis dans un gros délire et puis… au moment où on a sorti ça, et bien vous arrêtez les concerts et vous allez vous confiner. Donc on se retrouve avec plein de clés USB sur les bras. C’est un EP qui est mort et c’est génial. Voilà, donc du coup, c’est pour ça qu’on a pris le parti de ne pas faire de physique parce que le physique, c’est casse-gueule à notre pauvre petit niveau.

Ok, mais le concept était hyper sympa !

Ouais hein ? Le concept était vachement sympa, mais bon…

Et là, même si on ne peut pas parler d’album car ça sort petit à petit, c’est votre combientième production ?

Ca va être le deuxième, même si oui, on ne peut pas parler d’album. On a un EP avant ça, puis là, y a douze titres qui vont sortir et qui seront proposés au fur et à mesure avec un premier qui devrait sortir en mars ou avril.

Cette production, vous l’avez créée comment ? Tout a été fait d’un coup ou vous composez au fur et à mesure aussi ?

On est tous passionnés par un jeu qui s’appelle Cyberpunk. Je pense que tu vois ce que c’est. Et donc, l’univers Cyberpunk [NDLR : Cyberpunk propose un monde futuriste « dystopique » dans lequel la technologie coexiste avec une société humaine en perdition], on le trouve complètement monumental et trop fou. Et cette dualité entre l’homme et la machine, se demander jusqu’où on va aller comme ça… C’est quelque chose qui nous a fait réfléchir. Et on s’est dit merde, en fait, ça nous parle de ouf. On a essayé de faire des sortes de ponts transverses entre l’univers Cyberpunk et les problématiques qu’on peut imaginer à partir de là. Donc il faut quand même que Cyberpunk te parle ou que, si tu ne connais pas, que l’univers puisse te parler, car si tu écoutes ce qu’on a fait, tu te retrouves un minimum dans Cyberpunk. Et puis après, le process, ça s’est fait un peu de lui-même, de fil en aiguille. On n’a pas tant à réfléchir, on se sent tellement bien dans cet univers, c’est naturel et ça sort un peu comme ça.

Yes ! Et donc, même si ce n’est pas un album, tout a été créé en même temps ?

Ouais !

Donc il y a quand même une cohérence d’ensemble sur ces douze titres ?

Il y a quand même une cohérence sur tout, c’est clair. Vous l’entendrez à l’écoute.

À la fin, ces douze titres, ils parlent de quoi ? C’est quoi les grandes thématiques qu’on va retrouver ?

Bah les grandes thématiques, le point de départ, c’est cette dualité entre l’homme et la machine. On fait beaucoup de chansons qui viennent secouer, pour dire « hé, réveille-toi, bouge-toi, sors-toi, sors-toi de ce truc, ce truc continu qui t’entoure ». Deviens quelqu’un de grand, quoi. Tu vois, on est vraiment dans un truc comme ça et on a essayé de faire passer quelque chose d’hédoniste… c’est ça ? J’ai utilisé le bon mot ? (rires) Enfin voilà, t’as grossièrement l’idée ! On va vraiment essayer de faire en sorte, à notre niveau, d’apporter du bonheur dans un contexte de base à la Cyberpunk. Du bonheur et de la bienveillance. Le tout en pogotant bien sûr ! (rires) Après, les sujets sont relativement vastes, on parle beaucoup de psychologie au final. Mais ce n’est pas forcément voulu. Je crois que les sujets qui reviennent sont l’estime de soi et le côté « sortie de dépression ». Tu sais, ce côté un peu… quand on se sent un peu comme une merde et qu’au lieu de se sortir de ça, bah on préfère se réfugier là-dedans et dire « Bon bah ouais autour c’est tout noir, c’est de la merde ».  Alors que nous, on a plutôt voulu mettre en avant cette capacité à aller de l’avant et à créer des choses, à se dire « go, venez avec nous, ça va être bien ».

OK ! J’écouterai tout ça et je te dirai si ça m’a fait ça ! (rires)

Ouais bah j’espère. Si tu écoutes Running for Myself, c’est vraiment ça !

Tout à fait.

Tu vois, l’histoire de cette chanson, c’est un gros « Vas-y, bouge-toi le cul. Fais des choses pour toi. »

Du coup, vous avez écrit, composé et enregistré en combien de temps à peu près ?

Alors, on va dire que le processus a dû durer un petit peu moins d’un an. Là, on est en train de finaliser une nouvelle chanson. Après, on avait plein d’autres chansons donc ça a pris un an et il y a eu des changements de line-up aussi entre-temps. Du coup, il y en a certaines qui sont passées à la trappe parce qu’elles n’avaient pas trop de sens à être jouées autrement qu’en live.

OK ! Donc si je comprends bien, vous êtes parti de l’influence de Cyberpunk mais concrètement, après l’inspiration, comment ça se passe ? Vous avez des thèmes et après vous faites des paroles puis de la musique ou d’abord de la musique puis des paroles ?

Nous, c’est toujours de la musique pour commencer. Donc déjà on vient créer une histoire musicale. L’idée c’est que pendant qu’on compose, on essaie d’imaginer. Voilà, on va s’imaginer dans une situation selon ce qu’on envie d’aborder sur le moment. Et une fois que la track est faite, une fois que tout est posé. À partir de là, on vient faire comme on écrirait un livre : on vient poser une situation initiale, un élément perturbateur, une péripétie, etc. Et ça, après, on vient le mettre en parole, sur la musique.

Et c’est un travail que vous faites collectivement ou c’est des choses plutôt individuelles ?

Non, c’est individuel. Par contre, il n’y a pas forcément une personne qui va composer. Si tu veux, tout le monde peut composer, mais par contre une compo doit arriver et doit être donnée par une personne pour la simple et bonne raison que ça te permet d’avoir un rendement et d’aller à une vitesse qui est monumentale par rapport au fait de faire ça en groupe. On a essayé pendant des années, ça marche pas. Enfin, pour nous, c’est pas un truc qui a du sens. Par contre, l’arrangement se fait en groupe. Nous, c’est la technique qu’on a trouvée. En tous cas, c’est celle qui fonctionne pour nous. C’est bienveillant, il n’y’a pas à se prendre la tête et au final, on a réessayé de composer tous ensemble et putain, ça avance pas quoi. Parce que voilà… tel truc pourrait être mieux alors on fige sur des détails alors qu’en vrai on s’en bat les couilles. Ce qu’il faut, c’est que ça sonne et que ce soit cool, c’est tout. Donc ça va plus vite comme ça.

Est-ce que, même si ce n’est pas un album, vous avez pensé tout ou partie de ces chansons pour le live ?

Alors, je vais être honnête, oui, on a fait les chansons pour le live. Pour moi, quand j’écoute de la musique, j’ai envie qu’on me fasse voyager, tu vois ? C’est comme quand je vais regarder un film. Tu veux un film qui fait peur ? Ben on va faire en sorte que ce truc fasse peur. L’idée, c’est de créer une réaction chez ton auditeur. Je pense que les gens qui peuvent se payer le luxe de faire de la musique pour eux sans penser à l’auditeur, c’est des groupes qui sont déjà qui sont déjà connus et reconnus et qui n’ont rien à prouver, à mon sens. Nous par exemple, sur Running [for Myself], on veut que les gens jumpent ! Donc on l’a faite sautillante, on l’a faite avec des impacts à des moments précis. Tu vois, tout a été imaginé pour que on puisse faire bouger les gens.

Je sais que des fois, les artistes que j’interroge me disent « Ah, cette chanson, on l’avait faite pour ça. Puis en fait, on s’est rendus compte que ça donne un super truc, mais pas du tout ce à quoi on s’attendait !» Tu nous feras savoir si les gens jumpent dessus alors !

C’est possible que ça n’ait pas l’effet escompté ! Imagine, t’as fait le pire film d’horreur puis en fait, ça fait rire tout le monde. Et ensuite ? Ça ne veut pas dire que c’est un mauvais film.

Non, c’est clair.

Après, on va dire que de base, à chaque fois qu’on a une idée de ce qu’on veut faire, on se dit « voilà, les « codes » pour faire sauter les gens ». Bah c’est clair que tu vas pas mettre un tempo à 250 parce que les gens ont pas le temps de retomber au sol. C’est des petits trucs comme ça. On a essayé de penser un peu cet aspect-là des choses. Puis voilà, je pense que jusqu’à maintenant, l’alchimie marche pas trop mal ! Même plutôt bien. J’en suis carrément fier. Enfin, on en est fiers et on va tout faire pour défendre ça correctement, notamment sur scène !

La prochaine date où on peut vous voir, c’est quand et où ?

Le 8 avril, on joue en Haute-Savoie au Valhal’Lake ! Après, le problème c’est qu’on n’a pas de sortie actuellement, donc c’est un peu compliqué de venir expliquer qu’on n’a rien mais qu’on arrive ! Donc là, on sera là le 8 avril et ça va être une putain de soirée.

Oui, j’y suis allée l’année passée. C’était super bien !

On prépare un gros set des familles, il ne faut pas hésiter à venir nous voir !

Les chansons justement, elles vont sortir jusqu’à quand ?

Là, tu vas en avoir pour un moment ! On a des sorties prévues jusqu’en septembre 2024. L’idée, c’est de sortir un titre tous les deux mois, puis qu’ensuite, des nouveautés prennent le relai.

Donc vous allez continuer de composer entre-temps ?

Ouais, on ne va pas arrêter de composer. Vu qu’on travaille solo sur la compo, ça permet vraiment d’avoir un rythme qui est constant. Après, t’as juste un peu d’arrangement à faire en collectif. Ça trace quoi ! Donc là, on va vous sortir un titre tous les deux mois ! C’est un sacré planning mais ça va jouer. On va y arriver, on a la motive !

On a hâte d’entendre tout ça alors ! Merci pour le temps que tu nous as accordé et à très vite !

Merci à toi.