Candlemass
Sweet Evil Sun
Genre doom épique
Pays Suède
Label Napalm Records
Date de sortie 18/11/2022

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Les Suédois de Candlemass sont de retour ! Deux ans après la parution de l’EP The Pendulum, ils nous réservent de fort belles surprises sur Sweet Evil Sun, le titre de leur tout dernier effort. Et je dois avouer que je ne suis pas trop impartial, fan que je suis depuis belle lurette, mais voici mon appréciation et mes observations !

Dans la première pièce, Wizard of the Vortex, déjà, tout est là pour captiver l’auditeur, un riff accrocheur et répété, quelques bons solos disséminés à des endroits stratégiques, et surtout la voix de Johan Längquist, qui a déjà fait ses preuves sur l’album culte Epicus Doomicus Metallicus et demeure, pour plusieurs, le meilleur vocaliste de Candlemass à ce jour. Malgré le talent inouï de Robert Lowe ou de l’inimitable Messiah Marcolin et du moins connu Björn Flodkvist (sur Dactylis Glomerata).

On enchaîne ensuite avec la poignante Sweet Evil Sun, premier extrait disponible et pièce maîtresse de l’album. Un hommage au soleil, fondateur, omniscient et initiateur de vie. Des paroles d’un aspect assez poétique. On va droit au but. En plongeant l’auditeur dans une danse envoûtante et fort bien exécutée. Nous avons droit à un excellent solo à mi-chemin et une formule assez classique de composition, de structure. Du bon Candlemass, nous ne sommes pas en terrain méconnu, je dois souligner l’utilisation de l’orgue comme un élément vraiment appréciable qui donne une profondeur, une certaine austérité, noirceur additionnelle.

Avec Angel Battle, on ralentit un peu la cadence. Avec de lourds élans lancinants. Mais ce n’est que de courte durée, car le refrain et le cœur de la pièce sont fulminants et imprégnés de solos rapides. Angel Battle est un exercice de contraste entre rapide et plus posé. D’ailleurs, après avoir utilisé cette manœuvre quelques fois, on sera agréablement surpris par un Johan Längquist qui nous accueillera à bras ouverts avec des chants chaleureux et versatiles. Il est bon de le retrouver dans Candlemass, malgré mon amour pour la voix de Robert Lowe, dorénavant plus concentré sur son projet Solitude Aeternus. Le tout se terminera avec une narration, sublime !

Pour Black Butterfly, on convoite une atmosphère plutôt pessimiste et (post-guerre ? post-apocalypse ?). Voici un extrait des paroles pour en témoigner :

« CARAVAN OF CORPSES, ENDLESS NIGHT HYPNOTIC FIERY DEMON IN THE SKY SINISTER AND RED, OH MURDER MOON WE’RE THE NAMELESS FOREVER LOST, NEVER TO BLOOM »

La structure est extrêmement Black Sabbath-esque. Beaucoup de clins d’œil à la formation britannique sont omniprésents. Je vous laisse les découvrir. Monsieur Langquist est en pleine forme et en pleine possession de ses moyens. Je me dois de souligner les effets vocaux et une fois de plus la présence de l’orgue, qui donne une essence grégorienne, gothique, chaude et à la fois noire.

Dans When Death Sighs, un aspect plus théâtral et lyrique est évoqué. On se lance dans un périple, un storytelling captivant. Pour une première fois sur l’album, on verra des vocaux secondaires s’ajouter.

Jusqu’ici tout est parfait. Leif Edling et sa bande ont réellement fait leurs devoirs. On y retrouve beaucoup de profondeur et de recherche. Fait intéressant, on s’intéressera à la mythologie nordique sur Scandinavian Gods. Une compo positive et très rassembleuse en soi. On s’adresse à tous de façon formelle sur un ton invitant à la guérison du monde : « SING FOR ME BROTHER, SISTER AND SON SING FOR THE BRAVE AND OLD SCANDINAVIAN GODS RAGING GODS AND DUSTY PROPHETS YOUR WORDS THEY FLY THROUGH BLOOD ’N’ PUPPETS IT’S TIME TO LEAVE YOU, IT’S TIME TO GO TOGETHER WE CAN HEAL THIS WORLD ». Encore une fois, une combinaison vocale avec Langquist assure d’une main de maître et d’une efficacité déconcertante le but convoité.

Ensuite viendra la plus belle surprise de l’album. Devil Voodoo. Qui selon moi se veut un hommage à Ronnie James Dio. Cette pièce transpire l’essence DIO. Que ce soit dans le vocal ou dans cette intro acoustique rappelant Rainbow. La structure est tout de même typiquement signée Leif Edling, car on transitionnera savamment vers du bon vieux Candlemass, revenir à l’aspect acoustique de l’intro pour nous engloutir à nouveau dans de nouvelles avenues lourdes et lentes. Ici la pièce aurait pu assurément se terminer en beauté. Mais on ira dans la surprise et les rebondissements une nouvelle fois. Perpétrant la magie, l’alchimie, d’un doom que seul Candlemass peut se vanter de maîtriser. On terminera avec des chants doucereux rappelant le titre en question : Devil Voodoo, et faisant penser à King Diamond, pas les vocaux aigus du King, mais plutôt ceux de type « chœurs » utilisés pour une ambiance lugubre.

Pour la piste suivante, on n’abordera rien de moins que le Christ sur la croix. Dans Crucified, on parle de Jésus, le Christ sur la croix, crucifié. Candlemass saura me toucher par ses paroles. Un sujet me laissant indifférent habituellement.

Je vous laisse lire un extrait :

« I SACRIFICED, ON THE ALTAR OF MADNESS GAVE AND FELL, LIKE THE MARTYRS OF MERCY I’M DRIFTING LIKE DEBRIS, INTO A NEW TOMORROW? HATE OR LOVE, OR IS IT OVER ? ». Une confession, réflexion du fils de dieu lui-même. Dans les règles de l’art. Du sommet du mont Golgotha. Doom on !

Avec Goddess, on versera plus dans l’aspect païen. Fait intéressant, à plusieurs reprises au cours de l’album, on pourra remarquer la présence de la symbolique du soleil. Ce qui fait presque de Sweet Evil Sun un album conceptuel, si on s’y attarde. Le refrain de Goddess est prenant et épaulé d’un solo digne de ce nom. Magistral et sans failles, laissant l’auditeur subjugué et envoûté. On assiste à un surpassement de soi de la formation, un aboutissement graduel vers un produit final mature et très perfectionné.

Moi qui trouvais que cela manquait de basse, eh bien en dernier lieu, avec A Cup of Coffin, on débute avec une basse en solo, pour y ajouter un riff répétitif sur fond d’applaudissements, et un fade out vient évaporer les dernières notes et balbutiements de cet opus incroyablement bien formulé. Une outro qui sonne sarcastique.

Leif Edling et ses acolytes en ont vu couler, de l’eau, voire des torrents, au cours de leur carrière. En effet, Candlemass est une formation pionnière du doom metal épique si on exclut les légendaires Black Sabbath. Epicus Doomicus Metallicus est bien loin derrière eux et ils savent désormais assumer un héritage riche tout en continuant de nous surprendre, nous, avides de metal lourd ou de noirceur lancinante. Candlemass est vivant ! Longue vie à Candlemass !