Triptykon, Disparaged, Kassogtha, Almost Human
Docks, Lausanne
Date 27 août 2022
Chroniqueur Julia Turrian
Photographe Julia Turrian
https://www.docks.ch

Lausanne occupe une place très importante dans l’histoire de Triptykon, car c’est à Lausanne qu’ils ont joué leur premier concert en Suisse le 17 septembre 2010. Nous entrons en matière avec les gagnants de la Swiss Metal Battle 2022, Almost Human, salués par de nombreux fans, les yverdonnois ont livré ici une magnifique prestation avec un niveau musical très élevé et un très bon son, associant avec une belle maîtrise technique le nu-metal ravageur et la fureur du rock. C’est la caractéristique de ce groupe, un mélange détonnant. Le charisme et le chant tantôt écorché, tantôt doux de Ben, associé aux riffs percutants des deux guitaristes Olivier et Chriss se traduisent en un mélange de rage et de force primaire explosif. Le public est ravi et c’était vraiment un plaisir de les écouter pour la toute première fois.

C’est au tour des Genevois de Kassogtha de faire leur entrée et de déverser un metal très technique porté par la chanteuse Stephany à la voix très puissante, variant du guttural à un chant clair qui ne laisse pas indifférent, se combinant avec des solos de guitare progressifs et une batterie qui claque. Leur set est efficace et sombre, mais le public semble moins adhérer.

Après une courte pause, Disparaged arrive en force avec un death metal efficace plutôt old school, mêlant des parties mélodiques à des passages très lourds et brutaux, du vrai death metal quoi… La voix graveleuse gutturale de Tom Kurmic (chanteur de Cataract) nous transporte dans un univers profondément death très efficace, le public est visiblement conquis.

Arrive enfin le moment tant attendu. Triptykon débute son set par une intro, Totengott, provenant de l’album Monotheist de Celtic Frost. Mêlant une voix et des cris horribles et macabres semblant sortir tout droit d’un film d’horreur, elle vous glace le sang et vous transporte direct dans cette ambiance très sombre et glaciale, martelée ci et là par des riffs puissants et répétitifs, avec un son lourd à l’extrême. Le ton est aussi noir et sombre que celui de Celtic Frost. La voix glauque et lugubre de Tom ‘Warrior’ Fischer nous ravit et on plonge très vite dans cette ambiance morbide. Le public est conquis, la salle est bondée. Ils enchaînent avec d’excellents titres de Celtic Frost tels que Procreation of the Wicked, tiré du premier album. Une chanson avec des accélérations et des décélérations de rythmes, mise en valeur par le chant de Tom ‘Warrior‘ qui, avec ses célèbres ‘uh’, donne ce ton lugubre. S’ensuit l’excellent Goetia, tout aussi sombre, et le non moins fabuleux Abyss within My Soul, un titre très noir, glauque et sombre, le message de Triptykon.

Only Death Is Real prend ici tout son sens tant l’ambiance est pesante et macabre. Le charisme de Tom Warrior est hypnotique, sa voix se fait inquiétante et semble sortir d’outre-tombe, ce qui vous donne parfois la chair de poule, l’effet désiré est là et le public en redemande. Les musiciens alternent entre des passages lents et lourds et d’autres, rapides et très thrash metal. L’ambiance est incroyable, on se croirait en pleine messe noire. Les musiciens sont vraiment exceptionnels et s’en donnent à cœur joie. On remarque une vraie complicité entre la guitare de Tom et sa bassiste Vanda Slajh. Un concert inoubliable dont on ne sort pas indemne, du grand art qui nous rappelle un très grand artiste et ami proche de Tom Warrior, un certain H.R.

Seul le grand Tom ‘Warrior‘ a le secret, car il est capable de nous faire passer par un panel d’émotions fortes, tristesse, peur, colère et désespoir. Fabuleux.