Blind Guardian
The God Machine
Genre power heavy metal
Pays Allemagne
Label Nuclear Blast Records
Date de sortie 02/09/2022

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Même si la durée de The God Machine excède à peine les 50 minutes, la musique de Blind Guardian n’a rien perdu de sa superbe. Que du contraire même. Au fil du temps, les productions de Blind Guardian s’étaient considérablement espacées. Ainsi, entre 1987 et 1998, les Allemands ont sorti pas moins de sept albums en l’espace de dix ans. Depuis 2002, les albums de Blind Guardian se comptaient sur les doigts d’une seule main avant la venue tant attendue de ce The God Machine qui marque les trente-cinq années d’existence de ce groupe de power metal. Chaque sortie studio est désormais espacée de quatre années au moins. La faute à la pandémie, mais pas uniquement. Le perfectionnisme poussé à l’extrême du groupe lui avait fait perdre une certaine spontanéité au travers de deux précédents albums, de bonne facture mais dont les différentes compositions avaient du mal à s’ancrer dans les esprits, tant les effets sonores et les compositions orchestrales parfois trop complexes emmenaient le groupe sur le chemin qui privilégiait plutôt l’envolée musicale à la simplicité.

Avec The God Machine, Blind Guardian entre immédiatement dans le vif du sujet avec son premier single Deliver Us from Evil, sorti l’année dernière déjà. Les pistes de guitare sont tout aussi fines et puissantes qu’auparavant, mais les titres sont plus énergiques qu’ils ne l’ont été depuis très longtemps, à l’image de l’excellent Damnation qui poursuit cette belle montée en puissance.

Les orchestrations sont plus mesurées, plus intelligentes comme le démontre Secrets of the American Gods, un titre plus mélodique sur lequel les voix des musiciens appuient admirablement bien celle d’Hansi Kürsch.

Même s’il évite avec beaucoup d’habileté les montées lyriques, le chanteur allemand fait preuve d’une superbe maîtrise vocale sur Life Beyond the Spheres notamment, là où les claviers apparaissent aussi discrètement pour introduire une section rythmique plus lourde que jamais.

À ce titre, on reste totalement scotché par le jeu du batteur Frederik Ehmke, qui martèle sa double grosse caisse avec une précision d’horloger suisse et la puissance d’un marteau-piqueur sur Architects of Doom ou Blood of the Elves avec un tempo plus orienté thrash metal. Le cogneur allemand est sans doute un des meilleurs dans le genre.

Les textes font référence à la science-fiction ou à des shows télévisés bien connus, mais la ballade Let It Be No More évoque le décès de la mère d’Hansi Kürsch. Une ballade superbe délivrée avec beaucoup d’émotion et de force.

Destiny rappelle quelque peu les dernières productions orchestrales du groupe sans toutefois tomber dans les précédents travers. Le duo des guitaristes formé par Marcus Siepen et André Olbrich est parfaitement rodé et complémentaire. C’est souvent dans la simplicité qu’on peut mesurer la qualité musicale d’un combo. Car même s’il serait réducteur de qualifier l’orientation musicale de Blind Guardian à ce qualitatif, le groupe allemand revient en force avec un album qui mériterait une reconnaissance à la mesure de son grand talent… Qu’on se le dise…