Primus, Black Mountain
Centre Vidéotron de Québec
Date 17 mai 2022
Chroniqueur Edouard Dubuisson
Photographe Charles-Alexandre Tourchot
https://www.lecentrevideotron.ca/fr

Pour cette tournée, le trio californien propose un set basé sur les compositions du vaste répertoire de Primus et un autre rendant hommage à l’album A Farewell to Kings du légendaire groupe de rock progressif Rush.

Cet album mythique fête cette année ses 45 ans et, pour souligner l’anniversaire, il est joué dans son intégralité pour le bonheur des fans du genre. Pour l’occasion, le Centre Vidéotron était en configuration intimiste, parfaite pour ce genre d’événement.

C’est la formation canadienne Black Mountain qui a ouvert le bal avec son stoner/rock psychédélique aux sonorités rétro et son clavier aux allures space rock, devant un public assez restreint et peu réceptif. Les morceaux s’enchaînent avec une belle énergie, mais certains points sont à corriger au niveau de la qualité du son, comme bien trop souvent dans cette salle, malheureusement. Leur dernier album, Destroyer, sorti en 2019, fut chroniqué sur notre site, et leur prestation du jour était moyennement convaincante. Après quarante-cinq minutes, le set se termine pour laisser place à un entracte de trente minutes avant de voir les Californiens fouler les planches de la scène.

C’est à 21h15 tapante que les hostilités commencent avec une musique d’ouverture orchestrale et cinématique. Le premier morceau est Those Damned Blue-Collar Tweekers, avec, sur l’écran de la scène, des extraits du dessin animé à l’humour noir plutôt malsain et dérangeant, à savoir Salad Finger. Quel bonheur de retrouver la bande à Claypool sur scène !

La setlist est impeccable avec des classiques intemporels tels que Wyona’s Big Brown Beaver, My Name Is Mud, Jilly’s on Smack, Welcome to This World, Jerry Was a Car Driver, mais également la pièce plus récente Conspiranoia. Les paroles sont plus que jamais d’actualité et les onze minutes trente sont divines avec une partie de basse très rapide qui montre une fois de plus les prouesses techniques de la quatre cordes de Claypool.

Un fan dans le public a demandé au groupe de jouer Nature Boy, pièce qu’ils jouent rarement. Le Colonel répond à l’appel en interprétant ce morceau issu de l’album Pork Soda.

Le trio est en grande forme et les effets visuels sur l’écran sont à l’image de la musique du groupe : déjantés et intenses, avec les fameux personnages en pâte à modeler qui figurent souvent dans leurs vidéoclips.

Après une courte pause, les musiciens remontent sur scène pour jouer l’album de Rush, le son est encore meilleur que lors de leur premier set, par contre l’éclairage aveuglant du début est rapidement corrigé. Les trente-sept minutes de l’album sont interprétées dans l’ordre avec Les Claypool qui fait une brève pause pour parler de son amour pour le groupe ontarien dont il est un grand fan. Il raconte, entre autres, une anecdote se rapportant à la première fois qu’il a vu Rush en concert, quand il avait 14 ans, mais aussi le stress et la fierté qu’il a éprouvés lors du passage récent de Primus à Toronto pour une prestation devant les deux membres survivants du groupe de légende, Alex Lifeson et Geddy Lee.

La voix de Les Claypool est évidemment fort différente de celle de Geddy Lee, mais il a quand même adapté ses tonalités vocales et la performance est de taille, il s’occupe également des claviers, en plus de la basse, bien évidemment. Le guitariste Larry Lalonde réinterprète avec brio les solos épiques de ce disque au succès commercial énorme. Quant à Tim Alexander, qui a la tâche périlleuse de rendre hommage à Neil Peart, décédé en 2020, derrière les fûts, il livre une performance grandiose avec une batterie qui sonne divinement bien et des roulements rapides et précis comme ceux de son idole. Tim est un batteur d’expérience qui a, entre autres, participé à des projets de Maynard James Keenan, chanteur de Tool, à savoir Puscifer et A Perfect Circle. D’ailleurs, j’ai observé d’un air amusé que beaucoup de spectateurs mimaient la batterie et certains connaissaient des parties par cœur.

Une fois le disque joué au complet, le groupe part se reposer quelques minutes puis revient pour quatre rappels généreux dont le très hypnotisant Southbound Pachyderm qui met fin aux hostilités sur le coup de 23h55 ! Quelle soirée mémorable. Merci Primus et Black Mountain !

Black Mountain

Par Charles-Alexandre Tourchot

Primus

Par Charles-Alexandre Tourchot