Candlemass, Konvent, Marche Funèbre, Cult of Scarecrow, The Fifth Alliance
Kavka Zappa, Anvers
Date 14 mai 2022
Chroniqueur Oli de Wacken
Photographe Patrick Pasque
https://kavka.be/lokaal/kavka-zappa

DMC Agency, organisation et agence de booking très active en Belgique, et pas seulement dans le domaine du metal, réunit ce 14 mai 2022 cinq noms du doom, grands et moins grands, parmi lesquels rien de moins que Candlemass, dans une affiche copieuse et alléchante. Direction le Kavka Zappa, dans la banlieue anversoise, en ce samedi soir. Cette salle peut accueillir mille personnes, l’idéal pour apprécier un groupe comme Candlemass, bien que son immense influence sur la scène doom justifierait de les voir se produire dans les plus grandes arènes.

Nous ne pourrons vous parler de Cult of Scarecrow ni de The Fifth Alliance, mais arrivons juste à temps pour savourer la prestation de Marche Funèbre. La musique du quintet dégage un pouvoir évocateur bien moindre que son nom lui-même… Il n’empêche que la prestation tient très bien la route. Avec quatre albums à leur actif, dont le dernier, Einderlicht, sorti en 2020, les Belges ne sont plus des débutants. Musicalement, le groupe oscille entre le death, le doom et le heavy/doom épique avec des titres dont la qualité varie du bon au très bon ! Néanmoins, les différents styles abordés le sont d’une manière qui manque quelque peu de fluidité, au point qu’il peut s’en dégager l’impression que le groupe hésite entre différentes voies, comme si l’intégration des différents éléments stylistiques au sein d’un tout cohérent demeurait encore inachevée. À moins qu’il ne s’agisse d’une question de setlist. Mention spéciale au chanteur Arne Vandenhoeck dont la gestuelle est la présence scénique sont au top. En revanche, mention « pas bien » au public, qui restera injustement froid, sauf pour une petite salve d’applaudissements en fin de set. Marche Funèbre méritait mieux que ça.

Vous avez peut-être découvert Konvent à l’occasion de la sortie, en 2020, de Puritan Masochism, premier opus de ce quartet danois de death/doom exclusivement féminin. Call Down the Sun, le nouvel album, est sorti récemment et la setlist, composée de onze titres, sera équitablement représentative des deux œuvres. Il est musicalement question de death/doom, mais au niveau vocal, seul le death, avec le growl ultra grave de Rikke Emilie List, fait partie du tableau. Les cheveux en avant, cachant souvent son visage, ainsi que ses postures, sont de nature à faire songer aux grands performers de la scène death metal des origines. Les lourdeurs — dans le bon sens du terme, bien évidemment — rapprochent Konvent d’un groupe comme Bolt Thrower, bien que son identité propre soit bien perceptible. En neuvième position dans la setlist, Puritan Masochism, titre éponyme du premier album, se profile déjà comme un classique, grâce, notamment, au clip vidéo qui lui est dédié. Sans doute placé judicieusement avant les rappels lors des shows en tête d’affiche, la supposée logique se veut respectée et deux derniers titres, Pipe Dreams et Squares, sont interprétés, mais dans la foulée. Au vu du nombre de personnes arborant un T-shirt de Konvent après le concert, et sachant que les LPs et CDs partaient comme des petits pains, il est évident qu’un paquet de nouveaux fans sont désormais conquis.

Candlemass interprétant l’intégralité d’Epicus Doomicus Metallicus. Assister à un tel événement : un rêve devenu réalité ! Même si les quatre premiers albums font office de références absolues dans la carrière de la légende suédoise, et bien que chaque fan ait son préféré parmi ceux-ci, pour diverses raisons tout aussi valables les unes que les autres, Epicus fait office de pavé dans la mare en 1986 et deviendra très vite un mètre étalon en matière de doom metal. Le chanteur de l’époque, Johan Längquist, très vite remplacé par Messiah Marcolin, puis par de nombreux autres vocalistes à partir de 1991, fut invité à reprendre du service en 2018. Les concerts, notamment en première partie de Ghost sur la tournée Prequelle, avaient montré un gaillard un peu rouillé et pas très à l’aise sur scène. La faute, sans doute, à une trop longue période passée hors de la scène. Heureusement, comme l’on s’en doutait, Längquist a aujourd’hui repris ses marques et retrouvé toute sa superbe. Il affiche une posture détendue et chante parfaitement… ni plus ni moins qu’un frontman impeccable ! Qui plus est, la complicité qu’il affiche avec Leif Edling, bassiste, fondateur et leader de Candlemass, ressort dans toute son évidence : échanges de regards, sourires et petits gestes qui en disent long, rendent le show d’autant plus agréable à suivre.

Niveau setlist, les titres sont joués dans le même ordre que sur l’album. Le concert commence donc avec Solitude, rappelant par là que Candlemass a réussi à pondre un classique avec le premier titre de son premier album. Un exploit que peu de groupes sont parvenus à réaliser — au hasard, Black Sabbath. La setlist s’égraine jusqu’à A Sorcerer’s Pledge qui clôt la face B d’Epicus, puis vient le temps des rappels. Le groupe commence par The Well of Souls, sur lequel le public s’anime, puis enchaîne avec le classique Bewitched, efficace et repris en chœur — par ailleurs popularisé par son clip kitsch et involontairement hilarant — et Dark Are the Veils of Death, issus du deuxième et inestimable album, Nightfall. À l’écoute de ces titres joués sur scène, on se prend à espérer que celui-ci bénéficie de la même mise en valeur qu’Epicus. Un jour, peut-être… Enfin, pour terminer en beauté, Candlemass nous offre une superbe inteprétation d’Astorolus – The Great Octopus, au fort parfum de Black Sabbath période Dio/Tony Martin, et tiré du dernier album en date, The Door to Doom, et finalement, Mirror Mirror, classique parmi les classiques, issu d’Ancient Dreams.

Une setlist de rêve pour un concert mémorable dont nous ne pouvons que féliciter et même remercier Candlemass. « Thank You for the Music », comme le chantaient d’autres Suédois. Nous remercions également DMC Agency pour nous avoir permis d’y assister.