Bloodywood
Rakshak
Genre Folk Metal indien
Pays Inde
Label autoproduction
Date de sortie 18/02/2022

Site Internet

Bloodywood est une formation indienne originaire de New Delhi, créée en 2016. À la base, il s’agissait d’un groupe parodique qui reprenait des chansons pop en version metal, en les diffusant sur Youtube. Il a, entre autres, repris Smells Like Teen Spirit de Nirvana, Everybody des Backstreet Boys ou Bad de Michael Jackson. Le résultat est sympathique, même si c’est un exercice auquel beaucoup de musiciens et youtubeurs se sont déjà prêtés. Le groupe s’est également fait connaître en reprenant la chanson indienne ultra-kitsch Tunak Tunak en version metal, vidéo visionnée plus de deux millions de fois.

En 2018, il enregistre Ari Ari, basée sur la chanson folklorique punjabi Baari Barsi. Vu le succès du morceau et l’encouragement des fans, Bloodywood a décidé de se consacrer à l’écriture, pour finalement sortir son premier album, Rakshak, prévu pour… aujourd’hui, 18 février 2022. Le band est donc populaire en grande partie grâce à Internet.

Les musiciens de Bloodywood s’impliquent socialement dans leur pays. Ainsi, avec une partie de leurs revenus, ils ont financé une camionnette pour la SPA locale, ou, plus dernièrement, acheté des masques à oxygène pour aider les hôpitaux à soigner la Covid, dans ce pays où la pauvreté est omniprésente. Quel plaisir de voir des artistes animés par de si belles valeurs !

Rakshak comporte dix compositions originales, qui raviront les nostalgiques du néo-metal des années 90, mis en avant par le chant rap de Raoul Kerr. L’univers musical proposé est une fusion de néo et de folk indien avec utilisation d’instruments traditionnels, comme le dohl (tambour à deux peaux) et le tumbi, cet instrument à cordes qui a son importance dans la culture punjabi. Le chant principal est en hindi/punjabi avec un côté oriental original et efficace, tandis que le chant rappé est, lui, en anglais. À noter également la présence de flûte sur une bonne partie des morceaux.

L’agressivité s’associe parfaitement avec les passages mélodiques, dans l’ensemble des morceaux, et les Indiens nous proposent un album abouti avec, en plus, un côté politique dans les paroles, le groupe voulant changer les choses dans son pays d’origine. Il aborde des sujets tels que la corruption, la crise de la pauvreté, le viol…

Si je devais choisir cinq morceaux à écouter absolument, je choisirais :

Gaddaar : morceau d’une rage et d’une agressivité contagieuses, où le chant est brutal et l’ambiance générale un joyeux bordel à écouter à pleine puissance. Le refrain est mélodique et le tumbi renforce le côté folklorique indien.

https://www.youtube.com/watch?v=7iKjSCTxke8&ab_channel=Bloodywood

Aaj : flûte et sonorités électroniques sont ici mises à l’honneur. Tout est là pour passer un bon moment.

https://www.youtube.com/watch?v=kgvH6tX4Ej0&ab_channel=Bloodywood

Machi Bhasad : le terme « indian folk metal » prend encore ici tout son sens avec ce bel équilibre dans le mélange des genres. Bloodywood a son propre style et sa signature musicale et ça, c’est une belle prouesse, d’autant que le résultat fonctionne parfaitement.

https://www.youtube.com/watch?v=Gsy5sJy5_34

Endurant : la flûte est ici le fil conducteur du morceau, ce qui ajoute une couche plus douce à la composition, à mi-chemin entre la mélancolie et la rage brutale du chant.

Chakh Le : une de mes compositions favorites. Le côté chanté en hindi/punjabi est plus intense et l’auditeur est transporté directement dans la chaleur et les odeurs d’épices d’un quartier de New Delhi !

Après l’engouement suscité par le groupe mongol The HU, l’attention pourrait bien se porter vers Bloodywood, car nous ne sommes pas habitués à écouter des artistes metal originaires de pays qui exportent (trop) peu de groupes du genre. Ce qui est sûr, c’est que ce premier disque est prometteur.