Sonata Arctica
Acoustic Adventures - Volume 1
Genre Power Metal acoustique
Pays Finlande
Label Atomic Fire Records
Date de sortie 21/01/2022

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De tous temps depuis le début de sa carrière en 1999, Sonata Arctica a su toucher droit au cœur les amateurs de power metal du monde entier. D’une part, de par ses mélodies et textes très aboutis servis par les talents d’instrumentistes virtuoses ainsi que par la voix chaleureuse de son frontman Tony Kakko. D’autre part, et surtout, de par la profonde sincérité qui se dégage de l’interprétation, appuyée par l’aspect ouvertement très personnel des thématiques. Sonata Arctica se met à nu à chaque chanson pour son public et le fait ressentir. Et lorsque vient le temps de pousser cette mise à nu plus loin, quel meilleur moyen que débrancher les instruments et plonger dans l’atmosphère tendre et intime de l’acoustique ? C’est ainsi qu’après deux tournées dédiées en 2016 et 2019, les géants du power metal finlandais offrent à leurs fans un hommage en version studio de cet aspect plus « pur » de leur musique. Le premier chapitre de cette saga acoustique en deux volets, sobrement et aptement intitulé Acoustic Adventures – Volume 1, sort le 21 janvier 2022 et regroupe une partie de la setlist de ces deux tournées ainsi que d’autres titres issus de l’ensemble de la discographie du groupe.

Forts d’une carrière de plus de vingt ans ayant donné le jour à dix albums, les cinq musiciens avaient tout loisir de se lancer quelques défis et de surprendre les auditeurs avec des revisites ne figurant pas parmi les plus attendues. À ce titre, ils créent la surprise en choisissant comme premier extrait The Rest of the Sun Belongs to Me, paru début décembre et, exemple on ne peut plus pertinent de la sérénité que peut dégager un des titres les moins connus et les plus « speedy » du groupe, une fois passé au crible de l’acoustique. Dépouillée de toute saturation et ayant payé son amende pour excès de vitesse, la musique de Sonata Arctica gagne un aspect hypnotique et envoûtant, qui permet à chaque instrument de se distinguer. Il en est de même pour la voix de Tony Kakko ; plus posée et articulée qu’à l’accoutumée, elle fait sonner chaque mot comme une caresse aux tympans.

Le groupe ne s’interdit rien en matière d’arrangements atypiques et ceux-ci, couplés à cette nouvelle interprétation vocale, renouvellent l’identité de certains morceaux en créant des ruptures de ton parfois déroutantes, mais jamais désagréables. Un auditeur réceptif se prendra alors à danser (!) sur le banjo et l’orgue qui accompagnent A Little Less Understanding ou la très rythmée Paid in Full au sujet pourtant peu plaisant. Dans la même lignée, et aussi paradoxal que cela puisse paraître pour des arrangements acoustiques, ceux de Don’t Say a Word mènent au plus près de la folie meurtrière animant un fou au cœur brisé ; de même en ce qui concerne la haine d’un esclave pour son maître dans Wolf & Raven. Au sujet de ce dernier titre, les prouesses de Henkka Klingenberg sur un piano classique méritent des félicitations, tout comme Pasi Kauppinen, plutôt effacé habituellement et qui porte ici à lui seul une bonne partie de ces Acoustic Adventures grâce à sa maîtrise impeccable des cordes épaisses.

Quel intérêt, toutefois, que de jouer de l’acoustique sans une dose de mélancolie ? Pour Sonata Arctica, qui doit son succès à ses ballades magnifiques au moins autant qu’à ses rythmiques énergiques, il était impossible de laisser de côté ces morceaux et les émotions profondes qu’ils véhiculent ; souvent refoulées et pourtant partie intégrante de la vie et de l’esprit de tout être humain. Si les chansons originales avaient déjà fait fondre les cœurs les plus endurcis, ces nouvelles versions pourraient bien les briser ; que ce soit en entraînant les auditeurs dans la tête d’un Tony Kakko subissant un chagrin d’amour dans Tallulah — évidence parmi les évidences —, déplorant sa solitude dans Alone in Heaven, ou noyant cette dernière dans l’alcool dans le tragique — et méconnu — Tonight I Dance Alone. Le groupe distille cette mélancolie douce-amère entre les titres plus optimistes, jusqu’à un final tout en douceur et sobriété avec On the Faultline, titre de clôture de l’album The Ninth Hour, transformé pour l’occasion en slow langoureux.

Que la musique de Sonata Arctica soit taillée pour l’acoustique n’était en soi un secret pour personne. Avec la sortie de cet Acoustic Adventures – Volume 1, le groupe confirme cet état de fait en prouvant sa capacité à aller au-delà des attentes et faire (re)découvrir même à ses fans les plus assidus une part plus ou moins secrète de sa discographie. Tantôt d’une prévisibilité rassurante, tantôt plaisamment surprenant, l’album trouve un équilibre parfait entre dynamisme et douce torpeur, entre espoir et désarroi, ceci sans laisser de côté aucun des dix albums de Sonata Arctica. Les morceaux y gagnent de cette façon une nouvelle force ; celle de la tendresse et de l’émotion dont ils se trouvent chargés, encore plus qu’à l’ordinaire. Il ne fait alors nul doute que le Volume 2, dont la sortie suivra de peu, poursuivra sur cette lancée et confirmera, à son tour, la puissance brute de l’acoustique. Une puissance à ne surtout pas mésestimer ; elle pourrait bien en prendre quelques-uns par surprise…