
Site Internet
L’album s’ouvre avec The Nimis Adoration. Il n’y a pas de temps à perdre, tout part à fond. En à peine une demi-seconde, on reconnaît la patte de Cryptopsy avec ce son si massif et brutal. Matt McGachy a une voix reconnaissable entre mille, maîtrisant le growl bien grave comme les cris plus stridents. Au milieu du morceau, il y a un passage plus calme aboutissant sur un magnifique solo de Christian Donaldson. Ce n’est pas forcément ce qui est le plus habituel chez Cryptopsy mais qu’est-ce que c’est joli ! Tout aussi brutal, Until There’s Nothing Left ne laisse aucun temps d’arrêt. Le leader du groupe, dernier membre originel, Flo Mounier, a la pêche derrière ses fûts. Pour avoir eu la chance de faire une interview avec lui, je peux vous assurer qu’il n’a pas quatre bras, bien que cela paraisse nécessaire pour pouvoir jouer à une vitesse et complexité pareille. La chanson offre de belles variations de rythme, un mini passage de basse qu’Oli Pinard exploite comme il sait si bien le faire, ainsi qu’un solo de guitare pas piqué des hannetons.
La troisième chanson de l’album est Dead Eyes Replete. Elle est peut-être un peu moins rapide, mais elle propose quelque chose de différent. Il y a presque un léger côté black metal dans certains passages avec des notes plus aigües et un usage plus prononcé du dead scream. Il n’empêche qu’on reste sur un CD de Cryptopsy alors ça chie à fond, c’est le pied. S’ensuit Fools Last Aclaim, un autre morceau supersonique. C’est puissant, explosif et avec un tas de petites variations, notamment dans le jeu de Flo. Ça rend le titre imprévisible au possible et super stimulant, car quoi qu’il arrive, il faut être attentif pour ne pas rater un break ou un blast dévastateur. La chanson, comme c’est le cas dans tout l’album, est un peu plus mélodique que ce à quoi le quatuor canadien nous a habitués.
The Art of Emptiness démarre plus lentement avec une narration surprenante. Progressivement, le rythme monte et, une fois le point de non-retour atteint, les chevaux sont lâchés et plus rien ne peut arrêter le groupe. Même pendant un magnifique solo de guitare, les autres continuent d’envoyer du lourd. À mi-parcours, le morceau ralentit… puis s’accélère encore une fois jusqu’à s’éteindre, laissant place à Our Great Deception, un morceau lui aussi partant sur un air un peu jazzy qui étonne, mais ne détonne pas (le tout étant tellement complexe). Une fois ce passage spécial derrière, le morceau continue sur la même lancée que celui d’avant, une grosse accélération, un solo de Christian, parfaitement mis à l’honneur, et de nouveau des gros blasts bien méchants. Le morceau se termine sur un mid tempo plutôt sympathique.
Embrace the Nihility est l’avant-dernier titre de cet album. Il suit exactement toutes les consignes d’un bon titre de Cryptopsy. Ça change de rythme, de tempo. C’est un morceau bestial qui voit en plus Mike Di Salvio (Akurion, Conflux) venir poser sa voix pour un petit tour de piste avec son ancien groupe avec qui il a enregistré deux albums Whisper Supremacy et And Then You’ll Beg.
L’album s’achève avec Malicious Needs, une ode au death metal, alliant technique et efficacité, lourdeur et vitesse. Il faut faire un peu de gymnastique mentale pour pouvoir suivre tout ce qu’ils font, mais ça en vaut la peine. Il se termine en quelque chose de plus étrange avec un Matt McGachy qui semble loin, avec une voix étouffée, comme s’il tombait dans les profondeurs des abysses.
Je dois dire que je trouve cet album exceptionnel. C’est pour moi un des meilleurs. Je ne dirais pas qu’il est meilleur que None so Vile (à cause du poids de l’Histoire) mais je n’en suis pas loin. Les compos sont belles, bien ficelées et l’ensemble allie à la mélodie une brutalité sans pareil et ça, ça me plaît bien ! J’étais un peu peiné de voir qu’Oli quittait Cattle Decapitation, mais en entendant cet album, j’ai compris le pourquoi du comment. C’est pour moi un album de haut de classement 2025 que nous a offert Cryptopsy. Alors dès qu’il sort, écoutez-le, vous ne serez pas déçus !