Nightwish
Yesterwynde
Genre metal symphonique
Pays Finlande
Label Nuclear Blast
Date de sortie 20/09/2024

Site Internet

Yesterwynde, le 10e album studio des titans Nightwish, est sorti le 20 septembre 2024, alors que le groupe annonçait qu’il ne partirait pas en tournée pour le défendre sur scène. Et lorsqu’on l’écoute, cette déclaration prend un sens tout particulier. Il va falloir du temps pour digérer ce mastodonte de plus de 70 minutes. Les sujets dont il traite sont tellement profonds qu’ils pourraient bien nous plonger dans une méditation tellement longue qu’elle se substituerait à l’attente de concerts.

Yesterwynde est un terme inventé par Troy Donockley afin de nommer l’envie d’être à un endroit ou dans un temps inaccessibles. Et rien qu’avec ça, le choix du groupe de ne pas faire de tournée avec cet album prend son sens. Peut-être allons-nous ressentir ce « yesterwynde » alors que nous nous imaginerons assister à un concert qui n’aura pas lieu. Peut-être que les membres du groupe l’ont ressenti alors qu’ils passaient leur existence en tournée, en passant à côté de leur vie personnelle, ce que de nombreux membres ont regretté. Peut-être que chacun d’entre nous le ressent à chaque fois qu’il prend conscience du temps qui passe et des époques disparues. C’est un sujet passionnant et existentiel qui renvoie aux carcans des hommes, à notre finitude et au sens de l’existence. Ça fait beaucoup dans un seul album !

Ainsi, Yesterwynde est une fresque. L’album nous plonge dans une atmosphère triste et mélancolique, parfois un peu anxieuse, souvent sublime. À mon sens, peu de chansons ont un intérêt à s’écouter seules. En réalité, le groupe a déjà attiré notre attention dessus puisqu’il s’agit de celles sorties en single : Perfume of the Timeless, The Day of…, An Ocean of Strange Islands et the Lanternlight. Autrement dit, c’est un album qui mérite d’être écouté intégralement, un peu à la manière d’un The Wall de Pink Floyd. C’est une histoire qu’on nous raconte, une réflexion qu’on nous propose. De fait, Yesterwynde est un album déconcertant qui clôture une trilogie célébrant la vie et se questionnant sur l’existence. Et on ne ressort pas indemne de ces écoutes qui remuent de nombreuses émotions fortes. « Nous sommes le fruit d’un million d’amours ». Si un seul de nos ancêtres n’avait pas existé, nous n’aurions pas la chance de vivre aujourd’hui. Et la vie est d’une telle rareté qu’il est terrible de la savoir soumise au temps et à la finitude. Oui, oui, on parle bien d’un album de musique !

Je ne vais pas m’étendre car je n’ai personne pour me donner la réplique dans ce contexte, mais vous comprendrez comme Yesterwynde vaut la peine d’être entendu bien au-delà de son aspect musical. À ce niveau, je n’ai pas spécialement de remarques à formuler. C’est dans la suite des albums précédents avec beaucoup de variété et d’audace (des morceaux très longs, des parties très différentes, des structures étonnantes). Mais ce sont surtout les paroles qui tiennent l’ensemble porté par une Floor Jansen toujours aussi talentueuse et faite pour ce projet.

Ainsi, on peut dire que Yesterwynde est un album déconcertant et magistral. Il faut du courage pour se plonger dedans et personnellement je ne suis pas sûre de l’écouter souvent car il a déjà laissé une marque indélébile dans laquelle il peut être éprouvant de retomber. Est-ce que ça ne serait pas ça, un chef-d’œuvre ?