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Severe Torture est formé en 1997 aux Pays-Bas. À ses débuts, le groupe joue un death metal très méchant, grandement inspiré par Cannibal Corpse autant dans son image que dans sa musique. Près de trois décennies depuis sa création, le quintet arbore un son plus groovy, mieux produit, mais toujours aussi brutal. À l’exception d’un très court EP sorti en 2022, on n’avait pas entendu de nouveaux morceaux depuis l’album de 2010 ! De plus, ce nouvel opus a été mixé par Mendel bij de Leij, ancien guitariste d’Aborted et producteur hors pair, ce qui promet une qualité exceptionnelle. Alors plongeons sans plus attendre dans l’univers macabre de Torn from the Jaws of Death.
L’album débute par The Death of Everything, le tout premier single sorti en mars dernier. Les couplets sont très rapides, rythmés par d’impressionnants blast beats et des riffs en tremolo. Ce premier titre donne un bel aperçu de ce qui nous attend sur les neuf prochains. La voix de Dennis Scheurs, chanteur de longue date, est extrêmement graveleuse, ajoutant ainsi sa touche personnelle au death metal de Severe Torture. J’ai été très surpris par la vitesse à laquelle il débite les paroles sur The Pinnacle of Suffering, me faisant presque penser à Archspire à certains moments.
Les titres s’enchaînent, tous plus rapides et brutaux les uns que les autres. Le jeu de batterie de Damiën Kerpentier est tout bonnement phénoménal. On peut admirer sa plus belle performance sur Through Pain and Emptiness. Damiën enchaîne blast beat sur blast beat avec une endurance folle, les doubles pédales tiennent également une cadence extrême. Son jeu de batterie est incisif et remplit clairement sa fonction.
Mélodique par moments, cet album sait bien nous surprendre, comme sur le morceau éponyme Torn from the Jaws of Death. À la fin de celui-ci, guitares et batterie s’unissent pour former une ambiance mélodique, presque épique, menée par d’excellents riffs de lead. Le jeu de Thijs van Laarhoven et Marvin Vriesde est très bien composé, formant des tapis sonores harmonieux et puissants à la fois, comme sur Putrid Remains ou Trough Pain and Emptiness. En revanche, sur Hogtied in Rope, le jeu de guitare est plus technique et diversifié, ce qui contribue à l’ambiance anxiogène et sinistre du morceau.
Un autre élément fantastique de Torn from the Jaws of Death est la basse : on l’entend ! Chez la plupart des groupes de metal extrême, il peut être assez difficile de discerner cet instrument, bien souvent enfoui sous un mur de son massif. Au contraire, avec Severe Torture, la basse de Patrick Boleij se fait entendre haut et fort. Arborant un ton typique du death metal old-school comme on les aime, elle se démarque fièrement du reste. On assiste même à un court et étonnant solo de basse sur Marked by Blood and Darkness, grâce auquel Patrick démontre ses compétences de shredder, pour le plus grand plaisir des oreilles.
Cet opus se conclut par Tear All the Flesh off the Earth, long de 5 minutes et 21 secondes. Il s’agit d’un morceau plus lent que d’habitude, lancinant et doté d’un superbe solo de guitare. L’ambiance générale, étrangement sinistre, a le mérite de très bien clôturer ce LP.
En somme, Torn from the Jaws of Death est un album de death metal très solide. Certes, Severe Torture n’a pas réinventé le style, mais faut-il vraiment changer une équipe qui gagne ? Bien qu’au premier abord certains morceaux se ressemblent un petit peu, chaque écoute fait remarquer un nouvel élément intéressant. Le son très méchant va droit au but : c’est heavy, rapide et groovy. Le groupe ose même s’aventurer en terre (relativement) inconnue et proposer des passages plutôt mélodiques. L’atmosphère de l’album reste toutefois très stressante et macabre, s’alliant parfaitement à une musique aussi agressive.