Comment vas-tu et comment se porte Dez après avoir contracté le Covid-19 ?

Mike Spreitzer : Cela va bien, merci. Enfin, cela va mieux, dirons-nous. Nous avons été frappés de plein fouet par la pandémie de Covid-19. Comme tous les groupes, nous avons été obligés de nous arrêter. Puis, Dez s’est chopé cette saloperie. Il se remet progressivement, il n’a pas encore récupéré la totale plénitude de ses moyens physiques mais il va beaucoup mieux qu’il y a quelques mois. Sincèrement, nous nous sommes beaucoup inquiétés à son sujet. Mais Dez n’est pas homme à se laisser abattre. Sa force et sa détermination ont été plus fortes que le reste. C’est sans doute ce qui lui a permis de survivre à cette put*** de maladie. Le groupe reprend petit à petit sa vie même si nous ne pouvons pas encore nous projeter trop loin.

Vous êtes remontés sur scène en mars dernier pour une dizaine de dates aux États-Unis avec Cradle of Filth. Comment cela s’est-il passé ?

M.S.: DevilDriver et Cradle of Filth travaillent avec le même management (Ndlr: The Oracle Management, une boîte dirigée par… Dez Fafara). C’était donc une belle opportunité de partager la scène avec eux. L’accueil du public a été puissant. L’énergie était au top. Nous n’étions plus montés sur scène ensemble depuis plusieurs années. Notre stress était mêlé à de l’excitation. C’était assez étrange comme sensation. Mais cela nous a fait beaucoup de bien. Nous nous sommes bien marrés. Nous en avions besoin après tout ce que nous avions traversé.

Il n’y a encore aucune date prévue pour l’Europe. Comptez-vous venir nous voir bientôt ?

M.S.: Ce n’est pas l’envie qui nous manque ! Crois-moi ! Mais Dez n’est pas encore apte à effectuer des longs voyages en avion. Son état de santé ne le lui permet pas encore. Son système respiratoire est encore trop fragile pour s’autoriser de longs voyages. Nous espérons tous que la situation évoluera favorablement et que nous pourrons venir jouer en Europe. Actuellement, nous sommes en train de travailler sur un planning qui devrait prévoir notre tournée européenne avant la fin 2024 mais il est encore beaucoup trop tôt pour en parler. Mais tu peux rassurer nos fans : nous y travaillons. Et dès que nous le pourrons, nous reviendrons vous voir.

En effet ! Votre actualité, c’est plutôt la sortie de ce Dealing with Demons Vol II… 

M.S.: On peut le voir comme ça (rires) ! Dealing with Demons Vol. II a été composé en même temps que le premier volume. Soit entre 2018 et 2019. Au départ, nous comptions sortir les albums à quelques mois d’intervalle. Mais la maladie de Dez en a décidé autrement. Nous avons donc décidé de postposer sa sortie. Cela nous permettait de souffler un peu et de prendre le recul nécessaire en attendant que Dez se porte mieux.

Avec un aussi grand délai, n’as-tu pas été tenté par l’envie de changer certaines choses entre-temps ? Ce deuxième volet semble être plus agressif…

M.S.: Beaucoup partagent cette impression. Il n’y a pourtant aucune volonté délibérée de notre part. Nous avons composé ces deux albums avec la même énergie. Comme je te l’ai dit, ces albums ont été écrits et composés en même temps. Il aurait été ridicule de changer quelque chose sous le prétexte que nous disposions de plus de temps. Ce deuxième volet aurait perdu de son essence. Dès le départ, nous avons longuement réfléchi à ne sortir qu’un seul album, car nous aurions pu rassembler tous ces titres sur un seul album, ou sortir deux albums simultanément comme l’avait fait Guns n’ Roses avec Use Your Illusion. Mais nous n’étions pas favorables à cela. Ces albums ont leurs propres caractéristiques. Il n’a d’ailleurs pas été difficile pour nous de définir le track listing. Tout a coulé de source.

Tu t’es occupé d’une partie de la production de ce deuxième volet avec Steve Evetts…

M.S.: Fake news (rires) ! Je sais que cette information figure dans le communiqué de presse rédigé par notre label mais il n’y a rien de plus faux. Je ne sais même pas d’où vient cette info ! C’est du grand n’importe quoi ! Je ne peux pas laisser passer ça car j’ai beaucoup trop de respect pour le travail effectué par Steve et déclarer cela pourrait diminuer ses mérites. J’ai bien donné mon avis sur quelques trucs mais je l’ai fait comme tous les autres membres du groupe et comme je l’ai toujours fait auparavant. Ni plus, ni moins…

Le groupe a justement subi quelques changements de line-up avec, notamment, le retour du bassiste John Miller. Tu fais, désormais, figure d’ancien aux côtés de Dez…

M.S.: C’est vrai ! La vie d’un groupe est souvent ponctuée de nombreux aléas. Trouve-moi une seule formation qui n’a jamais subi de changements. Miller m’a un jour appelé en me demandant si nous serions d’accord de le reprendre. Je le connais depuis longtemps et nous avons joué ensemble dans le passé au collège quand nous avions 18 ans. Je sais qu’il peut être un bon gars quand il ne dérape pas. Nous en avons parlé avec Dez car son comportement n’avait pas été exempt de tout reproche quand nous avons décidé de nous en séparer en 2011. Depuis lors, beaucoup d’eau a coulé sous les ponts et Miller nous a juré avoir changé. Son retour tombait donc sous le sens car il connaît la musique de DevilDriver sur le bout des doigts. Il fait partie de l’ADN de DevilDriver. Son retour est une bonne chose pour tout le monde…

Avec des délais aussi longs entre les sorties et vos tournées, un guitariste comme toi ne peut pas rester sans rien faire. As-tu d’autres projets ?

M.S.: J’ai deux vies : celle en tournée avec les amis et celle que je vis auprès des miens à la maison. Et les deux me plaisent beaucoup. Je ne pourrais pas vivre sans DevilDriver. Je joue aussi dans un petit groupe pour passer le temps mais je travaille surtout sur le prochain album de DevilDriver. Nous avons déjà finalisé deux titres. Et d’autres sont en cours de composition…

On te crédite sur certaines musiques de films et de jeux vidéo. Est-ce que ce sont des domaines que tu explores ?

M.S.: Non, pas spécialement ! Mais c’est vrai : j’ai déjà été surpris d’entendre quelques-uns de mes riffs dans certains films. En fait, je vends ma musique à des librairies musicales. Celles-ci revendent certaines partitions à l’une ou l’autre compagnie cinématographique qui les utilise dans certains tournages sans que nous ne le sachions. C’est assez étrange mais je me suis déjà retrouvé en train de regarder un film et de me dire mais c’est moi qui ai écrit ce riff (rires) ! L’industrie du jeu vidéo utilise aussi ces librairies musicales. Il n’est donc pas impossible que ma musique y soit utilisée aussi.