Beast in Black, Firewind
Reflektor (Liège, BE)
Date 18 février 2023
Chroniqueur Oli de Wacken
Photographe Paul Collin
http://www.reflektor.be

Quelle affiche alléchante ! Dans la mesure où tant Beast in Black que Firewind peuvent largement prétendre se produire en tête d’affiche, chacun dans sa catégorie et pour son propre public, le second, bien que ne disposant que de 45 minutes de temps de jeu sur cette tournée, devait être perçu comme une première partie de grand luxe, à même de drainer un nombre de spectateurs appréciable et de permettre aux fans de base de chacun des groupes de découvrir et d’apprécier l’un comme l’autre. Ceci d’autant plus que les deux ne jouent franchement pas dans des catégories incompatibles. Nombre de dates affichant complet, et au vu de l’enthousiasme affiché ce soir par les spectateurs durant les deux sets, l’objectif est pleinement atteint. Bien que cette escale liégeoise ne soit pas sold-out, elle le serait de peu, l’impression de salle comble étant bien réelle.

En fin d’après-midi, quelques fans de Beast in Black, très jeunes, patientent déjà devant le Reflektor qui n’est pourtant pas près d’ouvrir ses portes, preuve de l’engouement que parvient à susciter le groupe finlandais après seulement trois albums. C’est ce public relativement juvénile que Firewind, dont la moyenne d’âge des fans place ceux-ci dans la génération qui a plébiscité le power metal des années 2000, va tenter de séduire, selon les propres dires de Gus G., fondateur et guitariste du gang.

Pari gagné grâce, à la fois, à un répertoire power metal mélodique accrocheur et de premier choix, à un groupe qui assure et dont l’envie d’en découdre ne fait aucun doute, et bien sûr aux talents guitaristiques extraordinaires de Gus G., dont le shred et les solos époustouflants nous rappellent pourquoi Ozzy Osbourne, qui s’y connaît en matière de guitaristes exceptionnels, avait fait appel à lui pour l’enregistrement de son album Scream de 2010 et la tournée mondiale qui a suivi. Mention spéciale au batteur belge et originaire de Charleroi, Jo Nunez, également membre de Dragonland et de Lords of Black, dont la frappe impressionne, et qui n’hésite pas à se dresser sur son kit pour galvaniser la foule à l’issue d’un solo de batterie bien senti ! Le son est nickel, le jeu de lumières, digne d’une tête d’affiche, et le public, d’évidence conquis. Bravo !

Après une petite demi-heure d’attente, le show de Beast in Black commence très fort, avec Blade Runner, extrait du petit dernier, Dark Connection, sorti durant la pandémie et dont la promotion méritée a enfin lieu en ces temps meilleurs. Il sera fort logiquement mis en valeur dans la setlist, mais les deux premiers efforts, Berserker (2017) et From Hell with Love (2019) seront aussi copieusement représentés. Ce dernier renferme quelques-uns des tubes les plus immédiats et fédérateurs du groupe ; il n’est alors pas étonnant que Die by the Blade, et davantage encore Sweet True Lies, provoquent des réactions très enthousiastes et physiques de la part du public, une spectatrice s’adonnant même aux joies du crowdsurfing sur le second. Quelques pogos — gentillets, ceci n’étant pas un show des Cro-Mags — viendront aussi animer la salle de temps à autre. Cela étant, cette remarque bêtement ironique — que, du reste, j’assume pleinement — ne doit pas occulter ce qu’elle sous-entend : l’ambiance est chaude et le public, ravi. Un journaliste déclarait, en substance, à l’occasion de la sortie de From Hell with Love, que Beast in Black se posait comme un mix de Judas Priest et d’ABBA. Forcément réducteur, un rien ironique peut-être (décidément…), mais pas totalement faux. D’une part, la paire de guitaristes formée par Kasperi Heikkinen et Anton Kabanen, peut faire songer, par moments, à l’autre duo, celui formé par Glenn Tipton et K.K. Downing, tant dans les attitudes que lors de quelques beaux duels de six-cordes. D’autre part, cette musique souvent dansante, aux accents parfois pop ou electro, voire disco tendance 80’s, peut évoquer, si pas ABBA, du moins tout ce que symbolise ce mythe. Le tout, sur une solide base power metal, est diablement actuel.

La question nous taraude depuis un moment : que vont-ils nous servir en rappel ? Eh oui, Sweet True Lies eût été une option évidente, mais le titre a déjà été joué en milieu de concert. Par chance, Beast in Black a plus d’un tour dans son sac et nous propose encore trois titres : un de chaque album, histoire de ne rien négliger : Cry Out for a Hero, titre d’ouverture de From Hell with Love, One Night in Tokyo, déjà un classique, tiré de Dark Connection, et enfin End of the World, de Berserker. Ainsi s’achève cette heure et demie de musique au charme imparable interprétée de façon impeccable.

Au vu de la vitesse à laquelle grossit sa popularité et grâce au côté « commercial » de sa musique, il ne serait pas impensable que les portes des plus grandes salles s’ouvrent très vite à Beast in Black, tout comme elles s’ouvrirent pour Ghost. Vous pariez ?

Firewind

Beast in Black