Ghost, Uncle Acid and the Deadbeats
Forest National à Bruxelles, Belgique
Date 3 mai 2022
Chroniqueur Gauthier Henri
Photographe Paul Collin
https://forest-national.be/fr

Ghost ! Un miracle à lui seul. Un band suédois (la nouvelle nationalité du rock !) qui a cultivé le mystère à profusion afin de s’extirper de la glèbe pour atteindre l’Olympe. Le Messie Forge et ses putains de goules ont eu l’audace et le bonheur de mêler Blue Öyster Cult, Def Leppard et des tonnes d’ésotérisme afin d’incarner le futur (brillant) du metal. Un tour de force. Un défi dans une exosphère metal éprise d’extrémisme : oui, Ghost préfère se référencier à ABBA plutôt qu’à Slayer !

On a beau adorer Forest, les conditions semblent avoir changé. Fini d’aller où on veut. On compartimente. On oriente. Fini de rire. Une tournée de bières coûte toujours le prix du ticket du concert des eighties. D’ailleurs, on a le masque après la prestation des trop brouillons « doomers » britanniques d’Uncle Acid and The Deadbeats, massacrée par un son chaotique et une indifférence perceptible.

Le son devait être impeccable pour les héros de la soirée et il ne le fut pas… tout de suite ! Après Kaisarion (l’opener) et l’exceptionnel Rats (leur plus éclatante réussite), on ne peut qu’être dubitatif et inquiet. Le son est trop compressé, pas assez clair. Peu audible finalement. Le set déroule ses atours (dont un décor cathédralesque orné de vitraux) mais le son reste désespérément décevant pour un groupe de cette qualité. Forest est une salle difficile à sonoriser qui a refilé des boutons à trop de techniciens, mais Forest n’est pas impossible à sonoriser…

Ghost aime les miracles et celui-ci intervient au mitan du set au début de Call Me Little Sunshine (un des singles du nouvel opus Impera). Le son est enfin devenu un gros son. Clair. Percutant. La prestation s’élève vite pour connaître des fièvres inespérées. Year Zero, He Is, Miasma (l’intense instrumental avec le solo de saxo) et Mummy Dust illuminent la puissance d’un band suprême dont la particularité est la musique et non le culte de la personnalité. Tobias Forge, l’être suprême charismatique de ce beau fantôme, très à l’aise dans ses apparats d’ecclésiastiques dévoyés, nous gratifie d’un Enter Sandman étonnant avant de placer deux cerises sur un gâteau divin : Dance Macabre et Square Hammer.

Ghost a prouvé qu’il avait l’étoffe des plus grands et que son appétit était sans limite. En bons latinistes, nos Ghost peuvent méditer sur l’éclairant Citius, Altius Fortius (plus vite, plus haut, plus fort). Non, plus dure ne sera pas la chute…

Uncle Acid and the Deadbeats

Par Paul Collin

Ghost

Par Paul Collin