Baest, Nihilo
Sunset Bar (Martigny, CH)
Date 20 avril 2020
Chroniqueur Ségolène Cugnod
Photographe Cédric Ferret
https://www.facebook.com/sunsetbar

Pour l’étape suisse de son Necro Sapiens Tour, Baest donne rendez-vous à ses fans au Sunset Bar de Martigny en compagnie des enfants du pays du groupe Nihilo. Véritable aubaine pour Metal Alliance Mag, le fondateur du magazine Cédric Ferret et moi-même nous voyons conviés par le bar organisateur à faire un live-report de cette soirée 100 % death metal. Pour moi qui n’ai pas l’habitude de chroniquer des productions ou concerts du genre, retranscrire cette soirée me sort de ma zone de confort…

Arrivés peu après le début du set de Nihilo, nous nous frayons un chemin jusqu’au premier rang. D’emblée, une première constatation s’impose : dans le petit espace de la salle de concert du Sunset Bar, le son ! Il n’en fallait toutefois pas moins pour permettre à la musique de Nihilo de s’exprimer dans toute sa puissance. Le groupe originaire de Bern joue un death metal ciselé et impeccable de maîtrise, tant dans son écriture que son exécution. À n’en pas douter, il apporte au moins autant de soin et d’entrain à la sélection des compositions qu’à l’interprétation qu’il en livre ce soir-là. Les morceaux s’enchaînent sans temps mort ni faiblesse à déplorer.

De même, la cohésion et la cohérence ne font pas défaut, aussi bien entre les titres qu’entre les cinq membres de Nihilo. Tous sont heureux d’être sur scène ce soir et ne se privent pas de le faire savoir à grand renfort de secousses de tête, sourires et grimaces en tous genres, particulièrement le chanteur Ragulan Vivekananthan, qui prend un malin plaisir à agiter l’index au rythme du batteur Damiano Fedeli. L’alchimie et la complémentarité entre les musiciens se ressentent autant dans les échanges de gueulantes, graves pour l’un, plus aiguës pour l’autre, entre le frontman et un Marco Kessi aussi efficace et précis dans ses soli que dans ses mimiques faciales, qu’entre ce dernier et son collègue guitariste Nils Hugi, plus réservé dans son jeu de scène mais non moins habité par ses riffs. Florian Keller se voit quant à lui offrir plusieurs occasions de démontrer la brillance de son jeu de basse lors de quelques moments de silence de la part de ses collègues.

Malgré une durée de set relativement courte, Nihilo sait mettre à profit le temps dont il dispose pour emmener dans un tour de sa discographie en mode « grand huit » un public qui ne demande que ça. Le groupe en projet notamment pour mettre en avant son dernier album en date, Resolution, sorti en février dernier. Un album que Raglan Vivekananthan aura la gentillesse de nous offrir au stand de merchandising après la fin de ce show pour le moins percutant !

Après une entrée sous le signe des saveurs locales suivie d’un premier digestif, vient le temps pour Baest de servir au public du Sunset Bar le plat de résistance ; à savoir, du death metal à la sauce danoise ! Si le genre reste le même, le registre change quant à lui par rapport à Nihilo. La formation scandinave joue un death metal plus lent et lourd que celui de ses comparses helvètes, teinté d’une solennité liée à des thématiques ancrées dans la religion et au sein duquel les mélodies occupent une bonne place. Baest n’oublie pas pour autant ce que son nom signifie et instille une bonne dose de sauvagerie dans ses riffs, sa rythmique et, surtout, son message… Ce soir, à défaut d’un châtiment divin, c’est une véritable bénédiction qui frappe l’assemblée !

Bien qu’encore relativement jeune du haut de ses sept années d’existence, Baest possède à son actif une solide discographie comprenant entre autres trois albums, dont le dernier en date sorti en 2021, Necro Sapiens, donne son nom à la tournée. La setlist se concentre donc principalement sur cet album en incluant pas moins de sept titres sur les dix qu’il comprend. Le titre d’ouverture de l’album, le magistral Genesis, fait également office d’ouverture d’un show qui promet une belle démonstration de maîtrise et de transe de la part des cinq musiciens. Ces derniers ne tardent pas à tenir leur promesse et montrent leur brillance, chacun à sa manière. Les deux guitaristes, Lasse Revsbech et Svend Karlsson, n’ont pas que les boucles blondes en commun et le prouvent en se montrant aussi pointilleux et impeccables l’un que l’autre dans leur jeu. Ecclesia, titre aux accents progressifs de plus de sept minutes, leur donne notamment l’occasion de se livrer à un long dialogue de shredding aux petits oignons. Du côté de la section rythmique, Sebastian Abildsten fait montre de flexibilité en changeant de tempo en un claquement de cymbale ; le bassiste Matthis Melchiorsen, remporte quant à lui la palme du jeu le plus expressif, aussi bien au niveau de son instrument que de ses grimaces de possédé… Enfin, et surtout, Simon Olsen au micro impressionne par sa capacité à tenir la note de sa voix d’outre-tombe. En dépit de la barrière de la langue qui le sépare d’un public francophone, il prêche la « bonne parole » auprès de ce dernier, qui boit ses mots comme de la bière et y répond avec enthousiasme. À défaut de pouvoir s’agiter, au vu de l’étroitesse de l’espace, les spectateurs clament et réclament leur nouvelle foi !

Malgré l’omniprésence de Necro Sapiens au sein de la setlist, Baest prend tout le même le temps de mettre en avant d’autres titres de sa discographie. Certains plus anciens en premier lieu, comme par exemple Gula, issu de son deuxième album Venenum, mais aussi une nouveauté en l’exemple de Gargoyles, sorti cette année même en featuring avec Trevor Strnad, chanteur de The Black Dahlia Murder. Même en l’absence de ce dernier, Simon Olsen assure et offre à son public un nouvel hymne à l’apocalypse, que les nouveaux convertis accueillent avec les honneurs. Enfin, après l’interprétation très attendue du culte Crosswhore, extrait du premier album du groupe, le morceau éponyme du dernier opus, Necro Sapiens, clôture le set sous les encouragements et applaudissements d’un public conquis.

Je n’avais pas prévu d’assister à ce concert, et par là même de l’apprécier. Néanmoins, de par leur sympathie, leur professionnalisme et surtout leur talent, Nihilo et Baest prouvent que l’imprévu peut avoir du bon. Je n’attends en tout cas qu’une nouvelle occasion de les revoir sur scène, opportune ou non…

Nihilo

Par Cédric Ferret

Baest

Par Cédric Ferret