Après huit longues années d’attente, voici Hell Unleashed, le nouveau fleuron du groupe de Thrash britannique : Evile ! C’est le guitariste-chanteur, Ol Drake qui nous a accordés du temps pour en parler.

Ton frère Matt a quitté le groupe. Si ce n’est pas indiscret, trop personnel, pourquoi est-il parti ?

Je pense qu’il est arrivé à un point où ça ne l’intéressait plus. Je pense que ça ne l’amusait plus. Il a 3 enfants. Il a un travail important. Je pense qu’il n’avait plus envie de jouer. C’est très simple.

Comment se passe la collaboration avec ton nouveau guitariste, Adam Smith ?

C’était très cool, il est très jeune. Il a seulement 19 ans. Son premier concert, c’était Evile quand il avait 11 ans. Et maintenant, il joue dans le groupe, donc c’est cool pour lui. C’est un type vraiment sympa, vraiment détendu, décontracté. C’est un gars vraiment cool. C’est aussi un excellent guitariste.

Hell Unleashed est sorti 8 ans après Skull en 2013. Pourquoi tant de temps s’est-il écoulé avant la sortie de votre album ?

J’ai quitté Evile en 2013 et le groupe n’a rien fait pendant 5 ans. Ils ont joué quelques concerts mais n’ont pas écrit de musique. J’ai réintégré le groupe en 2018 et j’ai tout de suite commencé à écrire de nouvelles compositions. Nous avons eu un problème avec Matt qui n’avait pas de temps. Donc… j’ai fini l’album en juillet 2019 mais nous avons attendu environ un an pour que Matt écrive les paroles, mais ça n’est jamais arrivé, donc on a vu venir son départ et il est finalement parti. C’était alors à moi de reprendre l’écriture des paroles et le chant.

Donc 2013-2018 c’était une pause, en quelque sorte ?

Hmm, non. Le groupe a continué mais j’avais arrêté. Je ne voulais plus faire de musique. Earache Records m’a demandé de faire un album solo, ce que j’ai fait juste pour m’amuser un peu, mais c’était fini avec la musique. Je parlais à Matt du gars qui me remplaçait. Il avait juste arrêté de se rendre aux répètes. J’ai plaisanté sur le fait que je devais réintégrer Evile et il a dit oui, donc je l’ai fait.

Donc Piers Donno-Fuller qui te remplaçait n’était plus intéressé ?

Je pense qu’il a fini par s’ennuyer de ne pas jouer quelque chose de nouveau et je le comprends. Je pense qu’il s’est démotivé.

Tu fais le chant sur cet album. Pourquoi as-tu choisi de t’en occuper ? N’as tu pas pensé à engager un chanteur ?

Cela ne m’intéressait pas trop. Je sais comment les métalleux sont. Quand un chanteur quitte un groupe, ce n’est pas bon. On a pensé que la meilleure façon de gérer ceci était d’avoir un visage familier, donc le nouveau chanteur devait être quelqu’un que les gens connaissent déjà. Ben, notre batteur, ne pouvait pas le faire et notre bassiste n’avait pas envie de le faire. Donc c’était à moi de le faire.

Quel chanteur t’a influencé ? Je trouve que ton style est similaire à Chuck Billy de Testament.

Oh wow, merci ! Oui, je suis un grand fan de Testament. Je pense que vocalement, on a essayé différentes choses mais ça n’arrêtait pas de ressembler à Max Cavalera. Ma voix continuait d’être comme celle de Max donc on en est resté là. On s’est dit « C’est cool, faisons comme ça. ».

As-tu écrit les paroles ? Quels sujets sont abordés ?

J’ai écrit la plupart des paroles. J’ai eu un peu d’aide d’un de mes amis mais il n’y a pas de concept ou quoi que ce soit. Ce sont juste des morceaux à propos de jeux vidéo, un morceau à propos du film The Thing, et un peu de mythologie grecque et vraiment c’est juste des sujets de morceaux de Metal quelconques.

Je pense que cet album et plus violent et sombre que les précédents. Je prends comme exemple Paralysed. Comment s’est passé la composition ? Qu’est-ce qui vous a inspiré ?

Je pense que ce qui nous a inspirés est notre premier album, Into the Grave . On voulait que ce soit plus direct. Genre, juste des riffs, des riffs très cool, de l’agressivité, de la colère et de la vitesse. On voulait qu’il soit juste plus simple. Du point de vue de la composition, j’ai passé beaucoup de temps. C’était deux ans de composition à cause du problème avec Matt. Je pense que pour chaque morceau, il y avait plusieurs versions jusqu’à que ce soit fini. Cela a fait beaucoup de composition, beaucoup.

Pour le morceau, Gore, vous avez Brian Posehn comme invité. Pourquoi avez-vous choisi de travailler avec lui ? Comment s’est déroulée la collaboration avec lui ?

C’est un ami à nous. Il a chanté sur notre troisième album, sur le morceau Cult. On était au studio et je lui ai envoyé un e-mail disant : Tu veux chanter à nouveau sur cet album ? Ce n’était pas censé être une grande nouvelle et il a dit oui.

Vous avez écrit un morceau à propos de The Thing (La Chose) de 1982. Pourquoi ce film ? Tu aimes les films d’horreur ?

Oui. Les films d’horreur sont mon genre de films préférés mais The Thing de 1982 est mon préféré. C’est le meilleur pour moi. On fait toujours des chansons à propos de films mais on en avait pas fait depuis un moment. Sur le premier album, on a fait  Killer from the Deep  qui est à propos de Jaws (les dents de la mer). We Who Are About To Die était à propos de Gladiator et First Blood à propos de Rambo. On l’avait pas fait depuis un moment, donc j’ai pensé que c’était le moment de faire un morceau sur The Thing.

Certains groupes font des albums sur un sujet précis. Evile a plutôt des thèmes de paroles quelconques ?

Ouais, c’est plutôt quelconque. Il peut y avoir une émission cool à la télé à propos de laquelle je pense que ce serait cool d’écrire un morceau. Incarcerated est à propos des gens en prison pour des choses qu’ils n’ont pas commises et y passent vingt ans avant de sortir. Oui, c’est complètement quelconque. C’est principalement la guerre, la violence, tous les thèmes typiques du Metal.

J’ai eu la bonne surprise de voir que vous avez repris le morceau, Zombie Apocalypse de Mortician. Pourquoi ce choix et pourquoi n’avoir pas mis au début l’extrait du film d’horreur, Zombie comme sur l’original  ?

On a essayé d’avoir le sample du film mais légalement, on n’avait pas le droit. Je ne sais pas comment Mortician ont pu ? Sauf s’ils avaient obtenu les droits. On avait pas les droits donc on l’a laissé comme ça. Mais depuis que j’étais un jeune adolescent, j’ai aimé tous les groupes de Death Metal comme Cannibal Corpse, Obituary, Deicide et Mortician, qui était aussi un de mes groupes préférés et le riff de Zombie Apocalypse est un riff tellement cool que j’ai toujours voulu le jouer. J’ai demandé au groupe : Vous voulez faire une reprise de Zombie Apocalypse ? Ils l’ont tous écouté et dit « Oui, faisons ça ». C’est un riff vraiment sous-estimé. Pas beaucoup de gens connaissent cette chanson en dehors du milieu du Death.

L’album a été produit par Chris Clancy de Backstage Studio. Pourquoi as-tu voulu travaillé avec lui ? Comment s’est passé la collaboration ?

Je parlais avec Andy Sneep qui gère Backstage Studio et il était trop occupé. Il m’a donc recommandé Chris car c’est le premier album sur lequel je chante. Je lui ai dit que je n’avais jamais chanté et que c’était nouveau pour moi. Il m’a dit que Chris est un très bon producteur, parce que ça fait vingt ans qu’il est chanteur donc il sait vraiment quoi faire. Il m’a vraiment aidé au studio pour que ma voix soit forte et sonne assez énervée, donc oui c’était très bien. On a tout terminé en treize jours. Le coronavirus a rendu cela plus difficile d’avoir tout le monde au même endroit et au même moment. Mais c’était un processus très rapide. C’était vraiment réussi.

C’est la première fois que tu chantes ? Étais-tu familier avec le rôle de chanteur ?

J’ai seulement fait des accompagnements en live. C’était juste « Beuh ! » et un seul mot, mais je peux chanter. Je n’ai pas eu besoin de chanter proprement quand j’ai enregistré la voix pour les démos sur mon ordi. Quand j’ai fait les parties vocales, je pouvais goûter mon sang et ça faisait assez mal, donc je suis encore en train d’apprendre comment le faire sans faire mal à ma gorge, vous voyez, donc ça va bien.

Est-ce que c’est difficile de jouer la guitare et chanter en même temps ?

Je trouve plus facile que ce que je pensais car en faisant des accompagnements en live pendant tellement d’années, j’avais en quelque sorte une capacité naturelle. Certains morceaux comme Dream of Terror où le riff et la voix n’ont pas le même timing, est juste très difficile. Donc il y a quelques morceaux d’Evile qui sont difficiles à jouer et chanter en même temps, mais j’y arrive.

Sachant que c’est la première fois que tu chantes, étais-tu satisfait par ta voix ?

Oui , je pense que ça s’est avéré être très bien. Le but était juste d’avoir de l’agressivité. On ne voulait pas de mélodies car on voulait juste le son des vocaux énervés. On ne voulait pas chanter comme des refrains d’Iron Maiden ou autres, vous voyez ? Oui, je pense que le prochain album risque d’être un peu plus compliqué ou complexe du point de vue de la voix mais les morceaux sur cet album avaient juste besoin d’agressivité dans la voix et rien de plus.

Votre album sort le 30 avril. Comment te sens-tu avec la date de sortie qui approche ? Quelles sont tes attentes ?

J’ai des attentes assez élevées parce que c’est le premier album d’Evile où on est tous d’accord pour dire qu’il y a quelque chose de spécial. Je veux dire que j’aime tous les albums du groupe mais celui-ci a l’air d’avoir quelque chose de magique. J’ai l’impression qu’on a de très bons morceaux dessus. J’espère que les gens vont l’aimer car nous, on l’adore ! Je pense que c’est ce genre d’album de Thrash que tout le monde ne fait pas. Un mélange de Death et de Thrash qui est assez dur à faire sans être plutôt l’un ou plutôt l’autre. Je pense qu’on a un très bon mélange et pas beaucoup de groupes de Thrash font ce que l’on fait.

Pourquoi cet album est-il si spécial, magique, comme tu dis ?

Je pense que tout est bien à sa place. Tous les morceaux, s’enchaînent tellement bien. Il y a tellement de changements intéressants et de riffs géniaux sur l’album que… c’est comme si on allait arriver à cet album d’une certaine manière. Je pense que les 8 ans d’absence nous ont aidés à en faire quelque chose de grand. J’espère que ça aura un grand impact et qu’il pourra très bien marcher.

Comment vis-tu la situation actuelle Covid19 pour toi ? Et comment te sens-tu de ne pas pouvoir promouvoir votre album en live ?

La situation Covid19 ici est compliquée… on est encore en confinement mais on peut aller au travail. On porte des masques dans les magasins et tout, mais c’est très difficile et énervant, parce qu’on a cet album qui arrive. Genre, on ne peut pas encore tourner et c’est très frustrant parce que le but c’est de sortir un album et de faire une tournée, mais on ne peut pas. Et c’est juste frustrant, c’est très difficile de faire avec alors… espérons que les concerts reviennent bientôt.

Quels sont tes futurs projets pour Evile ?

Ce sera comme d’habitude. Nous sortirons un album puis nous ferons une tournée, puis nous commencerons à travailler sur le prochain. Et puis, nous continuerons jusqu’à ce qu’on ne puisse plus.

Maintenant que Slayer a arrêté, penses-tu qu’Evile peut prétendre prendre sa place au sommet du Thrash Metal ?

Oui [rire]. Vous savez, ça serait cool. Cette place qui est disponible, on essaie de la prendre.

Nous voici à la fin de cet interview et nous te remercions encore du temps passé avec nous. As-tu un mot à ajouter à l’intention de nos lecteurs ?

Hmm, j’aimerais juste dire que pour tous ceux qui écoutent les nouveaux morceaux, que cela compterait beaucoup pour nous s’ils commandaient un exemplaire physique du CD ou un vinyle ou un téléchargement digital. Acheter quelque chose de physique d’un groupe qui a un label l’aide beaucoup et pas beaucoup de gens savent à quel point cela peut nous aider. Alors s’il vous plaît, si vous aimez ce que vous entendez, achetez un CD ou un vinyle et soutenez le groupe.