Amon Sethis
Manoir Pub, St-Maurice (CH)
Date 12 avril 2025
Chroniqueur Meliha
Photographe François Feleki
https://manoirpub.ch

Amon Sethis est un groupe français qui nous fait voyager à travers la septième dynastie égyptienne, en nous contant diverses histoires. Les voilà justement de retour avec Part III – Dawn of an Apocalyptic World, leur nouvel album sorti en février 2025. Ce soir, nous les découvrons en concert, avec une intro qui nous berce déjà dans l’ambiance égyptienne, avec sa mélodie et ses chœurs puissants en émotions.

Le batteur est le premier à monter sur scène puis très vite, c’est le chanteur qui le rejoint. Il porte un masque mystérieux de pharaon, une longue cape noire et une torche de feu dans chaque main. Puis c’est au claviériste, au bassiste et, enfin…, au guitariste, d’arriver sur scène. La première chanson, Lamentation, démarre immédiatement et ça y est, nous voilà dans le vif du sujet, dans le chaos d’une bataille pour la couronne. Une mélodie dramatique, un cri du cœur, du mystère… Le pharaon est en colère.

C’est au tour de The Rise of the Tyrant de faire trembler la scène avec son cri de guerre. Les paroles sont aussi intenses que les instruments. On parcourt des vagues d’émotions avec des rythmes tour à tour lents, puis plus rapides, avec des riffs de guitare endiablés. Un solo clavier/guitare déchaîné virevolte entre virtuosité et frénésie, avant que la tempête ne retombe doucement. Cette chanson a fortement fait réagir le public, le faisant vibrer et crier.

Mais, après la rage des hommes, c’est la colère des dieux qui s’abat. Le ciel se noircit, le Nil déborde, et Lord of the Dark Waters surgit, comme une malédiction millénaire réveillée. Et nous repartons à travers les dunes brûlantes du désert. Il fait chaud, la salle brûle dans cette atmosphère. « Les larmes du crocodile remplissent le fleuve Nil… Le chaos divin ne prendra jamais fin ! » Un cri d’alerte qui prend tout son sens dans l’ambiance suffocante que le groupe crée sur scène. Plongeons dans le Nil, emportés dans son courant. On démarre avec une mélodie très égyptienne, avec Ben au clavier. Une chanson très dynamique où le clavier domine avec des solos de dingue, accompagné de la guitare, les deux instruments dansant ensemble.

Avec Kubatalawa, c’est comme si le temps s’arrêtait. Le morceau débute avec la batterie, puis la basse. Commence un rituel ethnique de l’Egypte ancienne. La musique est réellement épique, de quoi donner des frissons et réveiller les morts. C’est un moment où la salle devient temple, où la lumière tombe et où les riffs grondent tels des malédictions réveillées. Le public, figé, devient témoin d’un rite sacré, ancestral et interdit. Une voix puissante, un instrumental mêlé d’une multitude de sons. : des voix, des chuchotements, des murmures, des cris, des tambours, la basse… un mélange qui secoue le public, et un solo hors du lot !

L’ambiance s’alourdit… Un sentiment de tristesse et d’abandon vient engloutir l’énergie précédente. Avec The Red Crown, le pouvoir semble désormais entre les mains des Dieux, tout nous échappe. On ressent profondément le désespoir du pharaon. Le chant de Julien incarne chaque émotion avec une telle intensité qu’elle traverse la scène pour atteindre le public tout entier. Les rythmes ralentissent, deviennent plus pesants, presque lancinants, ponctués de riffs de guitare plus dynamiques qui apportent de subtiles variations au morceau.

Mais qu’est-ce donc ? Le calme retombe, une ambiance douce, mélodique et légère nous accueille puis on repart sur une rythmique plus rapide, tels les battements du cœur de Pharaon qui tombe amoureux. My Sister My Love My Pharaoh nous fait planer à travers les nuages et nous rappelle ce dont on est capable lorsque l’on est sous l’emprise de l’amour. Une chanson touchante et pleine de sentiments.

Après tant de montagnes russes dans les émotions, le concert touche à sa fin, le public est suspendu à chaque note, chaque souffle. L’heure n’est plus à la gloire, mais à la mémoire. À travers les brumes sonores et la lumière mourante, une voix s’élève, presque divine avec Pyramidion. Le rideau tombe sur une vision d’un autre temps. Le pharaon n’est plus. Mais son histoire, elle, résonne encore, laissant un dernier écho dans la salle.

Ce que l’on peut retenir de cette incroyable prestation, c’est que tous les sens ont été éveillés. Les rythmes, les mélodies, les voix et les lumières formaient une fresque vivante digne des plus grands temples ou des récits gravés dans les murs. Les sonorités tantôt furieuses, tantôt solennelles, ont su peindre les tourments des pharaons, les malédictions des dieux, et l’ombre de Seth.

La qualité sonore était remarquable : chaque instrument trouvait sa place, distinct, puissant, sans jamais écraser l’autre. La voix de Julien, tantôt fragile, tantôt puissante, guidait l’auditoire comme un conteur des anciens temps. Les jeux de lumière, eux, dansaient au rythme des riffs comme les flammes d’un feu sacré.

Le public, quant à lui, n’était plus seulement spectateur, mais initié. Pris dans cette transe sonore, il vibrait à l’unisson avec le groupe dans une osmose rare et précieuse.

Ce concert n’était pas seulement une performance musicale. C’était un rite, un voyage à travers les âges, entre la légende et l’apocalypse, entre la lumière de Râ et les ténèbres du désert.

Une chose est sûre : Amon Sethis a marqué la scène de son sceau impérissable. Le temps s’est arrêté, l’espace d’un instant suspendu entre deux mondes… et Amon Sethis en était la passerelle.

Amon Sethis

 

Synyster