Atlas Ashes
New World
Genre death metal mélodique
Pays Suisse
Label autoproduction
Date de sortie 14/02/2025

Site Internet

Dans le large paysage du metal, notre curiosité et notre attrait pour la nouveauté nous poussent parfois à nous demander si, au lieu de chercher des pépites lointaines, il ne serait pas mieux de chercher là, juste devant nos yeux, afin de satisfaire cette curiosité insatiable. C’est ce que j’entreprends aujourd’hui, en venant vous parler d’un groupe qui prend ses racines en Suisse, à quelques kilomètres d’où votre serviteur se fait une joie de chroniquer cet album. En effet, on découvre ici Atlas Ashes, groupe récemment formé provenant du canton de Vaud en Suisse !

Nous partons pour ici décortiquer l’album New World ; mélangeant des morceaux puissants, très accrocheurs, teintés d’une influence militante par les paroles. On trouve en effet des références à de nombreux combats (féminisme, injustices diverses, guerres) qui nous font naviguer dans cet albums aux diverses facettes. Sans même avoir démarré l’écoute active, l’analyse des paroles nous transporte clairement dans le spectre d’un certain groupe de metal suédois que les puristes auront déjà reconnu : Arch Enemy. Mention spéciale concernant la date sortie de cet album, le 14 février 2025 : on sent le pied-de-nez aux symboles du cliché féminin pour la St-Valentin. Ce n’est peut-être pas volontaire, mais c’est dans tous les cas bien joué.

L’album débute avec Ashes, une courte introduction qui comporte des « Brahms », qui sont une série d’accords plaqués violemment par les instruments (souvent un orchestre symphonique), figure qui se retrouve très souvent dans les teasers des films d’action. À la fin de cette introduction, les « vrais » musiciens entrent en scène pour doubler ce joli sample qui nous immerge clairement dans l’univers du groupe. C’est habile et très cinématographique.

L’album débute pour de bon avec Promises Are Lies. Les musiciens suivent un pattern très propre, en double croches aux guitares, qui donne clairement le parfum. Ces dernières sont très bien produites. Cependant, bien que cela soit sûrement un choix artistique, je trouve que le « clivage » des guitares rythmiques gauche/droite à 100 % au début du morceau provoque un léger manque d’unité dans le son. La voix est bien perceptible et avec un très bon placement rythmique. On y sent l’influence d’Alyssa White-Gluz ! Dommage cependant qu’elle ne bénéficie pas d’une légère reverb afin d’obtenir un son moins sec dans son rendu. Autre aspect qui frappe d’entrée : l’absence remarquée dans le mix de la basse qui aurait mérité une production plus marquée afin de donner plus de « cohérence » dans les basses fréquences. Malgré ces détails, pour un album auto-produit — il faut le rappeler —, la carte de visite tendue par le groupe sur ce premier morceau est très bonne.

S’ensuit New World, titre rassembleur et extrêmement tenace, que je me surprends à siffloter quelques heures après… Je me surprends également à me dandiner sur ma chaise comme rarement. La basse se distingue mieux et c’est vraiment agréable! Atlas Ashes slalome ici entre du death mélodique et des parties clean hyper harmonisées qui se laissent très bien écouter. Il nous offre également le premier solo de guitare de l’album à la fin de ce titre. Bien pensé et très mélodique, le morceau est loin de la démonstration technique mais possède un aspect très « chanté ». Jolie réalisation.

L’écoute continue avec Homecoming, un titre qui repose sur une assise rythmique solide, portée par une batterie et une basse ultra carrées, bien qu’un peu répétitives. Du côté du chant, l’interprétation est tout aussi rigoureuse, mais manque un tantinet de nuances. Un peu plus de variations, que ce soit avec des passages plus aériens ou, au contraire, un registre entièrement saturé, aurait sans doute enrichi l’expérience. Côté guitares, on note un très bon plan de tapping avant le solo, qui apporte une touche dynamique bienvenue.

Puis vient Hope Will Return, qui marque un tournant plus mélodique. Contrairement aux morceaux précédents, les guitares ne se contentent pas d’enchaîner des accords plaqués, mais tissent un jeu plus travaillé mélodiquement. Vocalement, on sent une évolution : les harmoniques de la voix chantée, par opposition aux harmoniques du growl, se font plus discrètes, laissant davantage de place à un growl plus viscéral, ce qui n’est pas pour me déplaire ! Les progressions harmoniques (VI / IV / V / VI / II) sont classiques mais diablement efficaces. À mi-parcours, un solo bien senti vient s’insérer avant un passage en « lo-fi » qui précède le final ; cet effet bien trouvé, qui éveille une certaine nostalgie également, apporte du relief au morceau. À ce stade de l’album, c’est mon coup de cœur personnel !

Le titre Your Lost Memories nous plonge dans le regard d’une personne qui visiblement voit un proche « disparaître » (selon les paroles) et perdre ses souvenirs. Selon une interview récemment donnée par le groupe, on y décèle clairement une référence à la maladie d’Alzheimer. On sent donc ici une sensibilité bien présente, hors de la ligne plutôt énervée de l’album. Cependant, j’aurais apprécié davantage de variations dans la voix, qui aurait pu transmettre cette sensibilité d’une manière plus subtile. On reste sur une bonne production des guitares.

S’ensuit Women’s Venom, titre que j’ai déjà eu le plaisir de découvrir il y a quelque temps —de même que le clip associé —, qui constitue un magnifique pied-de-nez (pour rester poli) aux injonctions faites aux femmes. Chaque mot de ce titre pourrait servir dans une manifestation ! Difficile de ne pas faire un parallèle avec certains titres de Arch Enemy, par exemple Revolution Begins par exemple. L’aspect technique de la guitare ressort davantage que sur le titre précédent, ce qui est clairement bienvenu. La ligne mélodique du refrain est efficace. Mention spéciale au petit break de la basse, qui ravit nos oreilles. C’est clairement le second titre que je retire de cet album ! Bien joué !

L’album s’achève avec Talentless puis Failure. Le premier nous fait clairement apprécier la batterie et sa double qui nous force à headbanger lors des couplets ; encore un titre accrocheur et varié dans son rythme. Le second trouvera aussi clairement sa place sur une setlist de concert. Encore une fois, s’y retrouvent les ingrédients d’un death metal rassembleur qui fait merveille en live. Bon point pour le plan de tapping très bien réalisé à la guitare.

Au final, que dire de cet album ? Premièrement, c’est toujours un plaisir de découvrir des productions locales qui, bien qu’auto-produites avec peu de moyens, sont très bonnes. Deuxièmement, le pari de se lancer dans l’industrie musicale par un album montre que ce groupe a les dents longues. La carte de visite livrée ici par Atlas Ashes est excellente et leur permettra sans doute de tutoyer de plus grandes scènes dans le futur. Si je devais (car c’est aussi mon rôle) mentionner un axe d’amélioration, je dirais qu’une basse plus présente associée à une voix plus nuancée permettrait de renforcer l’attention de l’auditeur et à ce groupe de tutoyer les sommets de l’Atlas !