Duff McKagan, James and the Cold Gun
OM, Seraing (BE)
Date 19 octobre 2024
Chroniqueur Oli de Wacken
Photographe Paul Collin
https://omconcerts.be

On l’oublie souvent ou on l’ignore, mais cela fait longtemps que Duff McKagan, éminent bassiste de Guns N’ Roses, a troqué sa vie et sa musique de hard rocker déjanté aux racines punk, contre celles d’un songwriter, posé dans ses attitudes et composant une musique rock principalement acoustique et aux accents parfois folk. Et c’est fort logiquement que ses concerts s’articulent désormais autour de ce répertoire à mille lieues de celui des Guns.

En première partie, nous découvrons le groupe gallois, plus précisément de Cardiff, James and the Cold Gun. Son rock simple et énergique, avec de la disto à foison, dévoile quelques sonorités grunge, et ce n’est sans doute pas sans raison que Stone Gossard (Pearl Jam) a approché ces chanceux musiciens pour les signer sur son label Loosegroove Records. Et comme ils ont aussi ouvert pour Guns N’ Roses, il n’est pas extrêmement surprenant de les voir s’être fait offrir l’opportunité de participer à cette tournée de Duff McKagan. Nous passons trente minutes agréables en leur compagnie, pendant que la salle se remplit doucement, affichant au final un parterre bien garni, alors que le balcon restera inaccessible.

Duff et son groupe entrent en scène au son de l’intro Lighthouse, qui donne son nom à son dernier album solo, paru fin 2023. Forgiveness, issu dudit album, sera le premier titre d’un set qui en comptera vingt, et durant lequel la part belle sera faite aux deux derniers opus de l’auteur, compositeur et interprète, qui officie au micro et, dans le cadre de ses activités en solo, à la guitare et non à la basse. Ainsi, Lighthouse (2023) et Tenderness (2019), tous deux issus du même tonneau, celui du rock/folk acoustique et empreint d’un certain spleen, seront passés en revue à peu près équitablement, avec un léger avantage accordé au petit dernier, ce qui est sans doute logique.

Contrairement à bon nombre de songwriters, qui passent plus de temps à parler de leurs chansons qu’à les interpréter, Duff McKagan nous épargne les longs monologues et se concentre sur sa musique. Ouf ! Nous n’entendrons que deux speeches de durées très raisonnables, dont l’un, assez touchant, dédié à sa chère et tendre épouse Susan Holmes.

Au menu également, des reprises, dont, « obligatoirement », est-on tenté d’écrire, une des Guns N’ Roses. Le choix porté sur It’s so Easy (extrait d’Appetite for Destruction) est judicieux en ce sens que ce titre n’est pas le méga tube que d’aucuns auraient peut-être espéré, mais qui aurait déséquilibré la set-list en marquant une sorte de point d’orgue, à la suite duquel l’envie non satisfaite d’en entendre davantage aurait pu nuire à l’ambiance. Duff se concentre sur son propre répertoire et sur quelques reprises d’artistes qui l’ont façonné. Loin de lui l’idée de transformer son groupe en cover band des Guns, il n’en a pas besoin. Et donc, au niveau des reprises, citons I Wanna Be Your Dog des Stooges, pour un moment éminemment électrique à l’occasion duquel Duff se saisira d’une guitare électrique en lieu et place de la guitare acoustique qui sera son instrument durant la majeure partie du show. I Fought the Law, titre de The Crickets de 1966, repris et transformé en hymne punk, festif et connu de tous, par The Clash en 1979. Un régal, tout comme le mythique Heroes de David Bowie, avant-dernier chapitre du concert. Car Duff ne cède pas à la facilité qui consiste à quitter la scène sur un classique absolu, une stratégie facile qui permet d’ancrer un concert dans les mémoires grâce à un artiste tiers. Il nous offre un dernier titre de son cru, Don’t Look Behind You, avant de se retirer définitivement.

Un public constitué d’autant de rockers au sens large que de metalleux a pu, ce soir, apprécier un spectacle de qualité, d’une belle simplicité et d’une grande sobriété, grâce à un Duff McKagan à l’attitude humble et tout simplement humaine.