Salut ! Pour faire suite à la chronique que j’ai pu faire de votre EP, je me suis dit qu’une interview, ce serait quand même très sympa pour que les lecteurs puissent mettre un peu plus d’infos derrière ma chronique !

Salut !

Du coup, pour commencer, est ce que tu peux nous présenter Mornifle ?

Mornifle, c’est un groupe d’Annecy ! On est un trio qui s’est formé en 2017. Au début, ce n’était que musical, on n’avait vraiment pas de chant, puis, au fur et à mesure, à force de faire de la scène, on en a rajouté. On est tous des vieilles connaissances, on se connaît depuis très longtemps et on a voulu jouer ensemble. On a tous eu pas mal de groupes à droite à gauche, on n’avait jamais eu le temps de faire quelque chose, puis là, il y a eu l’occasion de jouer ensemble donc… on l’a fait !

Si tu devais décrire ce que vous faites, comment tu l’expliquerais ?

Et bien, je suis très embêté. On n’arrive pas à se mettre un style. Vraiment, on n’y arrive pas, on est metal, moi je trouve un peu punk, mais voilà… on peut pas nous mettre dans une case, on sait pas trop où se placer.

Après, j’ai envie de te dire que ça, c’est un peu le lot de beaucoup de groupes aujourd’hui !

Ouais. Après, moi, je trouve ça bien, mais c’est dur sur la comm’. Quand on nous demande ce qu’on nous fait, c’est un peu la question piège pour nous. On ne sait pas trop, ça dépend des morceaux.

Et vous, qu’est-ce qui vous influence ? Vous écoutez qui, justement ?

On est larges, on écoute de tout ! Le groupe qui nous a réunis c’est DOPPLeR, un groupe lyonnais. C’est vraiment pareil : on sait pas où les mettre. Après, nous, on a tous fait des trucs différents. Moi, avant de faire ça, je faisais du hip-hop et Simon a toujours joué dans des groupes de punk, Fab dans des groupes de metal. Voilà, l’influence principale, ça serait DOPPLeR, c’est vraiment le groupe qui nous réunit.

Par rapport à l’EP que tu m’as envoyé, Egratinures, c’est votre deuxième, si je ne dis pas de bêtises. Tu peux nous en parler un petit peu plus ?

Le premier EP a été fait avec un autre batteur. On n’avait que six morceaux et notre batteur avait un autre groupe, il n’avait donc plus trop le temps. Du coup, on a enregistré rapidement, ça explique aussi qu’il n’y ait pas du tout de chant ou que quelques cris sur le premier EP, puisqu’à la base, on ne voulait pas de chanteur. Pour te dire, on ne pensait même pas le sortir… puis finalement, on le trouve pas mal, le premier, donc on l’a sorti. Derrière, il y a Simon qui nous a rejoints tout de suite. On a rajouté du chant sur l’EP, et lui aussi on l’a sorti un peu vite. On a fait six titres et, de toute façon, je pense qu’on restera sur des petits formats, des formats EP ou single, parce que faire des albums aujourd’hui, ça coûte cher pour ne jamais être écouté jusqu’au bout, malheureusement. Cet EP, on l’a enregistré chez Julien à Annemasse, et ça s’est passé très bien et très vite !

Vu les titres des chansons, on imagine facilement de quoi parle votre EP ! Tu peux là aussi nous en donner un peu plus sur le concept ?

Alors, nous, on n’a pas du tout d’histoire. J’ai plus envie de faire des paroles engagées ; c’est très imagé et on est toujours sur un concept sur les titres. Le premier EP, c’étaient des noms de doigts pour représenter la main, par rapport à Mornifle, et là, pour le deuxième, on est partis sur les blessures, les égratignures, donc ce ne sont que des titres en « -ure » qui représentent des blessures. Après, là-dessus, je poétise un peu les trucs, mais les paroles ne sont pas très importantes. Pour le concept, on va essayer de trouver une idée basée sur les titres. On aime bien ça, ce visuel-là.

Donc vous partez de la musique : vous vous réunissez, vous faites de la musique et ensuite vous mettez le concept dessus ?

Exactement ! Le concept vient bien après. Le but, c’est faire la musique avant toute chose.

Ok ! Et vous le défendez un petit peu en live, cet EP ?

Oui ! On l’a même bien défendu déjà, parce que finalement, quand on a attaqué avec Simon, on a fait des nouveaux morceaux. Donc on jouait l’ancien EP en live, plus nos nouveaux morceaux. Donc quand l’EP est sorti, on avait déjà défendu tous ces morceaux en live !

On peut encore vous voir sur scène ou la saison est terminée ?

Là, on essaie un peu d’éviter Rhône-Alpes parce qu’on a un peu fait tout ce qu’il y avait à faire. À la rentrée, on va jouer sur Paris, et quelques autres dates un plus loin. Le but est de tourner un peu plus loin justement !

On peut retrouver quoi d’autre dans vos actualités ?

Il y a des choses qu’on aime bien, comme travailler avec d’autres ! C’est un peu l’idée de sortir des splits. Je pense que c’est l’ancienne époque où on fait un vinyle, chacun une face, et puis le but, c’est d’aller chez l’un et chez l’autre. Normalement on va en faire un avec Reigan Do, un groupe de Rhône-Alpes que je vous conseille fortement. On aime aussi l’idée de tourner ensemble. Après, on n’est pas « grosse tournée » : le bar au milieu des gens, c’est plus notre truc.

Vous pensez déjà à un autre EP ou vous êtes encore focus sur le live ?

Niveau concerts, on est vraiment en train de voir pour s’exporter comme je te disais, parce que tout ce qui est dans le coin en Rhône-Alpes, c’est fait ! On a joué dans pas mal de groupes avant, donc ça été assez facile de jouer un peu partout. Maintenant, on aimerait bien jouer un peu ailleurs, dans d’autres régions, mais c’est pas simple. Et on n’a pas de label aussi. Nous, le but, c’est de jouer un peu plus loin, on aime bien jouer devant un public qui ne nous connaît pas du tout. Le bouche-à-oreille, c’est ce qui marche le mieux. Mais comme je te disais, les concerts, on galère pour les trouver ailleurs parce qu’ici, par le bouche-à-oreille, ça a été très vite et assez facilement. Mais quand tu postules pour aller jouer un peu plus loin, c’est plus compliqué ! Il faut être écouté. Finalement, quand on nous écoute, ça débouche sur une date, mais le problème c’est ça, c’est d’être écouté, et de toute façon, c’est le bouche-à-oreille qui fait que les que les gens s’intéressent vraiment ou pas.

Après, le marché est complexe et il y a beaucoup d’offres…

Très clairement. Mais c’est marrant car quand tu proposes ta musique à des labels, ils disent « On n’est pas sûrs que ça marche, mais on veut bien t’acheter des disques pour nous. » Là, quand on a tenté un label, c’était aucun investissement sur le vinyle. Le label voulait bien des clips, on fait semblant de jouer comme tout le monde. Mais oui, c’est très compliqué de se faire suivre là-dessus, et nous, les labels qui nous ont proposé, on leur donne notre album pour tout ce qui est numérique, il n’y a plus que ça. On cherche vraiment un label un peu familial, avec des groupes qui se connaissent, qui s’apprécient, qui créent du contact. Au final, du côté des labels, il y a ceux qui ont aimé notre musique, mais qui ne nous ont rien proposé de concret, et il y a ceux qui signent du tout et n’importe quoi. Je suis même pas sûr qu’ils aient vraiment écouté. Je pense qu’ils ont jeté une oreille, ils ont vu qu’il y avait une prod correcte, et puis voilà quoi… mais bon, ce n’est pas ce qu’on cherche.

Je comprends et c’est très important d’être raccord avec ses valeurs.

On est des anciens… on met tout notre temps libre là-dedans mais on n’a pas tant de temps libre. On a des dates qui tombent : il y en a une à Besançon, après c’est à Paris. Nous, on ne cherche pas à gagner de l’argent, mais au moins à ne pas en dépenser.

Après, pour en revenir à la musique, est-ce que par rapport à vos lives, vous ne pensez pas à ajouter de la voix ? Car c’est pas non plus simple à proposer aux salles j’imagine, c’est assez « de niche ».

Là, on est en train de composer et je me demande presque si je vais en remettre ou pas. Mais les gens sont demandeurs. Disons que dès qu’on enlève le chant, on recule dans le fait d’être encore plus une niche, même si nous, on aime bien les trucs sans chant. Moi, j’ai toujours été chanteur de hardcore. Dans Mornifle, c’est vrai que le chant est venu avec le live, je ne peux pas m’empêcher de chanter mais il n’est pas très important. Il a plus d’importance en live, d’où le côté un peu saturé de la voix sur l’EP. J’ai pas envie que ça ait une grande importance, mais je pense qu’il y en aura encore… ou peut-être qu’il y aura une autre manière de chanter, un peu plus punk. Pour beaucoup de gens, dès qu’il n’y a pas de chant, ça les perd. On avait joué au Brise-Glace avec Birds in Row et DOPPLeR, une belle scène, et j’ai vu la différence. Dès que je me suis mis à chanter, j’ai vu les gens changer. Ça change tout, tu chantes même trois mots comme ça, ça change la donne en live.

Et bien écoute, je me réjouis d’avance d’entendre votre prochain EP pour voir comment cela va évoluer ! Merci de m’avoir donné un peu de ton temps !

Merci à toi !