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Le trio new-yorkais The Rods sort son premier album, le bien nommé Rock Hard, en 1980 ; par la suite, il ne chôme pas puisque Let Them Eat Metal, cinquième LP studio, paraît en 1984, peu de temps après le live sobrement baptisé Live. À l’instar de nombreuses formations nées à la même époque, The Rods a vu son style évoluer d’un hard rock relativement passe-partout à un heavy metal plus caractérisé. Sans délaisser les refrains aisément mémorisables ni accentuer l’aspect agressif de sa musique, The Rods propose avec Let Them Eat Metal un album et un artwork bien ancrés dans l’esprit de leur époque.
Le titre éponyme, en ouverture, remplit son rôle en captant l’attention de l’auditeur par son côté binaire, son riff répétitif, efficace, sa rythmique plombée et son refrain basique et accrocheur. Diablement bien troussé.
White Lightning déboule sur un tempo plus speed et dévoile une forte inspiration Judas Priest ; en d’autres termes, il s’agit par là d’un morceau forcément plaisant, mais aux influences un tantinet accentuées. D’autant que le break acoustique, en milieu de morceau, fait quant à lui directement penser à Beyond the Realms of Death, grand classique du Priest. Malgré cela, White Lightning reste un titre franchement bon et en parfait accord avec les canons du heavy US de la première moitié des 80’s.
Il en est de même pour l’excellent Nuclear Skies, qui aurait pu être pondu par un groupe comme Icon, par exemple. Dans ce cas, cependant, la comparaison n’est pas à l’avantage de The Rods. En effet, indépendamment de la très bonne qualité du morceau et de l’album dans son ensemble, ce qui a manqué au trio pour gagner en notoriété transparaît clairement ; à savoir, une production dotée de plus de punch et de hargne, éventuellement un guitar hero — un atout très prisé à l’époque — et une personnalité plus affirmée. D’ailleurs, il est formellement impossible de louper le pré-refrain de Bad Blood, tant il plagie celui de Breaking the Law — encore Judas Priest, décidément… À ce point-là, c’est à se demander par quel miracle ils ne se sont pas retrouvés avec un procès au cul ! Cela étant, si ces ressemblances trop flagrantes ont pu provoquer certaines réactions à l’époque, force est de constater qu’aujourd’hui, avec le recul et l’esprit revival qui anime les acheteurs de ce genre de réédition, l’écoute d’une telle repompe s’avère bien plus jouissive que problématique !
J’émettrai la même remarque concernant She’s So Tight, qui sent le Kiss plus qu’à plein nez. Quant aux trois derniers titres, ils délaissent le heavy pour revenir en terrain connu, celui du hard rock. Ainsi, en un peu moins d’une demi-heure, l’écoute s’achève déjà.
Let Them Eat Metal est considéré par les connaisseurs comme l’un des meilleurs albums de The Rods, à côté de Wild Dogs (1982). Si pour ma part je reconnais ne rien trouver à jeter sur cet album, je ne lui trouve toutefois rien de transcendant non plus. À défaut de connaître un réel succès, le groupe a au moins pour lui le mérite d’avoir réussi à se faire un nom. Cela n’est déjà pas si mal…