Manimal
Armageddon
Genre Heavy / Power Metal
Pays Suède
Label AFM Records
Date de sortie 03/12/2021

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Une boîte à musique sinistre plante le décor, bientôt éclaboussée par l’arrivée de guitares au son tranchant. Burn in Hell ouvre l’album de la plus belle des manières. Manimal balance d’entrée un riff acéré, prenant l’auditeur presque par surprise. La mise en place n’aura pas duré bien longtemps et on se retrouve vite face à un chant haut perché et agressif, les guitares façonnent un mur de béton sur lequel se fracassent nos écoutilles. Les poings se lèvent sur le refrain qui a tout d’un hymne à entonner tel un péan dans la Grèce antique, une ode à la désolation de notre misérable condition humaine. Une mise en bouche particulièrement réussie, tout comme la production, froide et clinique mais impeccable à tout niveau.

La plage titulaire arrive sans qu’on ait eu le temps de vraiment reprendre son souffle après un tel déferlement métallique. Le coup de griffe suivant nous équarrit avec une rythmique ciselée que ne renierait pas Judas Priest. La construction du morceau, bien que classique, nous surprend toutefois par son couplet où le guitariste a sorti la bétonnière. Cette attaque par surprise nous envoie tête baissée vers le formidable refrain qui suit, une ritournelle simple et donc facilement assimilable qui fera le bonheur des fans en concert.

Slaves of Babylon ralentit quelque peu le tempo. Toutefois, dès les premières notes, la machine à broyer nos tympans semble s’être remise en marche bien qu’un clavier inattendu vient alléger la lourdeur relative du titre. Là encore Manimal surprend, notamment par un break à la limite du Deathcore. C’est tellement bien façonné et amené que cette embuscade moderne ne dépareille pas dans l’ensemble. On en vient même à l’attendre car elle constitue en fait une prodigieuse séance de headbanging. Les citoyens de Göteborg savent mettre le doigt exactement là où il faut et pas spécialement là où on l’attend. Une qualité inhérente au travail fourni par les Suédois.

Forged in Metal et Chains of Fury suivent le même pavement bien que leur architecture, plus conventionnelle, est tout de même enrichie par quelques touches modernes bienvenues. Le maître mot est le riff, tout est articulé autour de lui. Souvent de facture assez classique, il est utilisé d’une façon intelligente, balancé brutalement au moment opportun et savamment distillé tout au long de la galette.

Le terrible Evil Soul à la rythmique plombée constitue un des moments forts du disque. Une chanson dans la plus pure tradition Heavy Metal, sans temps mort.

Manimal n’oublie toutefois jamais les lignes mélodiques, tant au niveau du chant de Samuel Nyman, qui semble modulable à volonté, le propre d’un grand interprète, qu’au niveau des parties de guitares de Henrik Stenroos, les soli sont en effet harmonieusement écrits et dégagent puissance et profondeur.

Avec le surprenant Path to the Unknown, les Scandinaves font un pas vers une approche plus moderniste de leur musique. Un titre proche dans l’âme d’une formation comme Disturbed. Le break est même quasiment rappé, une pollution artistique inutile pour les puristes mais un essai transformé pour les autres. Rien à l’horizon de toutes manières pour assombrir le formidable album de Heavy/Power Metal auquel nous avons droit.

Insanity nous montre le combo sous un jour encore plus mélodique avec son refrain très radiophonique et ses claviers omniprésents, soutenus par un riff que n’aurait pas renié Mötley Crüe, période Shout at the Devil.

Armageddon se clôture avec The Inevitable pendant lequel Nyman revient au chant aigu, soutenu par la sulfateuse de circonstance qui s’est remise en action. Très mélodique, accrocheur et heavy, le titre termine l’album avec un condensé de tout ce que Manimal nous a proposé durant ces presque quarante cinq minutes d’écoute : du Heavy/Power classieux, inventif, surprenant, élancé et surtout, intéressant.

Un très bon album qui pourrait se retrouver sous bien des arbres de Noël, et sans doute dans bien des Top 50 de fin d’année.