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Phonopaths est le fruit (et le légume) né en 2017, de la rencontre de Boris (guitare-synthé) et de Bastien « Wonky Joe« (chant). Tous deux riches d’inspirations multiples, ils commencent la composition de mélodies follement déjantées, repoussant les limites de l’extrême, au point de retenir l’attention de Matt « Shaduck », qui les rejoint à la batterie. Aïki ne tarde pas à les rejoindre à la guitare, puis c’est le tour de Nabil « Anartek » à la basse. Un premier album voit le jour début 2019, Sandwich, Ducks and Dishwashers : The Chronicles of Supertaste.
Nous vous présentons leur dernier-né, un EP paru le 17 juin 2021, Oddyssey of the Molecular Kitchen Pt I (OdoMolKit). Difficile de comparer un « trois titres » et un album complet. Je dirais simplement que Sandwich(…), est tout aussi torturé niveau écriture. Il paraît plus électro aussi. Les influences présentent se diversifient, donnant à chacune de ces sorties son identité propre, au grand bonheur des auditeurs.
Lorsque j’ai ouvert le lien vers l’EP, j’ai pris un tel mur sonore en pleine face que mes esgourdes sont encore en PLS. Mais heureusement, comme le disait Bob Marley, ce qui est bien avec la musique, c’est que quand elle frappe, elle ne fait pas mal. Ouf. Car nos joyeux musiciens ne font pas dans la berceuse. Ce déferlement chaotique intergalactique légumineux (car c’est bien de cela qu’il s’agit) nous propose un concentré d’influences aussi bien jeuvidéotesques que musicales très variées. Balancez du Prog, du Thrash, du Death ou du Grind au mixeur, vous aurez Phonopaths (et vos cinq fruits et légumes pour la journée), un Metal avant-gardiste audacieux.
L’ensemble est tellement dense qu’il m’a fallu des écoutes attentives pour décrypter cette œuvre venue des confins de la folie humaine. Oui, ce joli trois titres ne se laisse pas apprivoiser facilement tant il est complexe et mérite analyse. Pour vous donner une idée de comparaison, je pense pouvoir évoquer du Psykup associé à du The Dillinger Escape Plan.
Comme le laisse présager la pochette, vous partez à la découverte d’une planète à l’ambiance rosée, sur laquelle les forces culinaires intersidérales s’affrontent dans un combat dantesque. Vous dégusterez un peu de chocolat et de brocolis avec The End of Hazel Weasel. Un xylophone vous accueille en guise d’introduction, suivi bien vite d’un walking basse et d’un riff de guitare arpégé sur rythmique disto mid tempo bien lourde. Comme je vous le disais, la richesse d’écriture est au rendez-vous et, derrière cette musique déstructurée, l’ordre règne dans le chaos. Un pont électro donne de la hauteur à l’ensemble, le tempo s’accélère, la voix entre en scène, un chant clair haut perché bien posé, pour redescendre dans une ambiance typée Black Metal old school très efficace. Un chant guttural du plus bel effet.
Wonky nous offre, tout au long de l’EP, un panel de chant très diversifié, un beau résumé de ce qui se fait de mieux dans le Metal extrême, vocalement parlant.
Côté instruments, même délire, une belle maîtrise. Aubergyptian Jabs (single sorti le 29 novembre 2020 sur le Bandcamp du groupe) nous en donne un bel exemple dans un Thrash endiablé, dans lequel se superposent des couches instrumentales aussi techniques les unes que les autres. Les guitares d’Aïki et de Boris se complètent à merveille, l’une assurant des leads dans un déferlement de notes, la seconde des rythmiques pêchues. Le chant hurlé qui se fait entendre ici est encore différent, alternant avec le chant clair caractéristique.
Si la musique, quand elle frappe ne fait pas mal, les peaux des fûts de Shaduck ne sont pas du même avis. Admirateurs de Dan Foord (Sikth) et de Federico Paulovich (Destrage), vous savez à quoi vous attendre. Ca cogne dur, technique, groovy. Il complète ce bon duo rythmique avec le charismatique Anartek et sa basse lourde, parfois funky, qui colore bien les compos. Un bel exemple sur le très intense Zesty Zucchi Zombie, qui clôture ces quatorze minutes de pure folie.
Tout au long de l’EP, le synthé du multi-instrumentiste et compositeur Boris nous accompagne, arrondit les angles, vous fera sourire avec ses samples rigolos et accentue la dimension dantesque de ces morceaux à l’exécution admirable. Du lourd.
Un mot sur la prod, elle est très propre. Inévitablement. Car sur un Metal aussi complexe, aucun faux pas n’est permis. Comme sur scène d’ailleurs, leur style exigeant une symbiose chirurgicale complète. c’est là un sacré challenge qui les attend, et nous serons au rendez-vous pour un live report dès que l’occasion se présentera.
Et quand on vous dit qu’ils mettent le paquet, de belles surprises vous attendent sur le site officiel du groupe : http://www.phonopaths.com/