Mezzrow
Embrace the Awakening
Genre thrash metal
Pays Suède
Label Rock of Angels Records
Date de sortie 14/11/2025

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Les vétérans suédois de Mezzrow confirment leur résurrection : avec Embrace the Awakening, troisième album affûté et sans compromis, le quintet signe un manifeste de thrash old school très Bay Area dans l’esprit, moderne dans l’exécution, et suffisamment personnel pour éviter le simple exercice de style nostalgique.

Mezzrow naît à la fin des années 80 en Suède avec une obsession : injecter l’école Bay Area (Exodus, Testament, Death Angel, Heathen) dans le paysage nordique. Deux démos remarquées, Frozen Soul et Cross of Tormention, installent le nom dans l’underground, avant le début Then Came the Killing (1990, Active Records), devenu au fil du temps un petit classique culte du thrash scandinave.

Problèmes de line-up, contexte défavorable : le groupe se met en sommeil après un dernier enregistrement en 1991. Il faudra attendre les années 2000 pour revoir sporadiquement le nom circuler, puis 2021 pour une véritable renaissance autour de deux historiques que sont Ulf “Uffe” Pettersson (chant) et Conny Welén (basse), ensuite rejoints par Magnus Söderman (lead), Ronnie Björnström (guitare) et Alvaro “Alvis” Svanerö (batterie).

La suite s’enchaîne vite avec Summon Thy Demons (2023, Fireflash) : un retour salué, qui repositionne Mezzrow comme valeur sûre du thrash traditionnel. Keep It True – Live (2023) : premier live officiel, capté en Allemagne, d’abord en vinyle limité. Singles As Fear Unfolds et la reprise de Ritual de Ghost, qui entretiennent la flamme avant le nouvel album.

Embrace the Awakening marque donc leur troisième album studio, présenté comme la consolidation d’un line-up enfin stable, et l’acte de foi d’une formation décidée à rester dans le game, sans céder à la mode du son surcompressé ni des accordages ultra-basses.

L’album est produit par Mezzrow eux-mêmes et mixé/masterisé par Ronnie Björnström, garantissant un son tranchant, lisible, puissant, sans tomber dans le plastique clinique. La pochette signée Pär Olofsson colle parfaitement : menace apocalyptique et symbolique de renaissance. Exactement ce que propose le disque.

Ce dernier opus est un package costaud fait d’un thrash haut de gamme fidèlement old school, qui constitue une suite grandiose à Summon Thy Demons, insistant sur la personnalité des refrains et le mélange d’agressivité et de musicalité.

Le cœur du disque, ce sont des riffs acérés à la Bay Area, mais jamais copiés/collés : alternance de mitraillages, mid-tempos massifs et breaks pensés pour le live. Le groupe privilégie des formats serrés, huit titres, zéro remplissage : chaque morceau a son hook, son pattern mémorisable. On sent la patte moderne des guitaristes Söderman/Björnström dans la précision et les harmonies. La voix d’Uffe Pettersson reste l’un des marqueurs forts : timbre râpeux, agressif mais intelligible, loin des hurlements indistincts. Les lignes vocales jouent souvent sur des refrains accrocheurs sans tomber dans le chant clair radio-friendly, ce qui donne à Mezzrow cette identité entre Testament, Death Angel et leur propre patte. La section rythmique Welén / Svanerö assure un groove solide : ça cogne sec mais ça respire, avec un vrai souci de dynamique. La prod met les guitares en avant sans écraser la basse ni étouffer la batterie ; on retrouve ce côté old school mis à jour.

Leurs influences sont parfaitement assumées avec comme base : Exodus, Testament, Death Angel, Metallica période thrash, quelques réminiscences Slayer dans les ambiances plus sombres, une pointe de The Haunted moderne dans certains passages. Mais Mezzrow garde ses règles : pas de guitares ultra-down-tunées, pas de ballades, pas de surenchère core/death, juste du thrash musclé, mélodique, composé avec métier.

Architects of the Silent War est l’ouverture idéale : riff frontal, tempo martial, refrain accrocheur. On comprend tout de suite que le groupe joue dans la cour des grands, avec un thrash tendu mais lisible. Symphony of Twisted Souls est un titre plus technique, avec des touches presque megadethiennes dans les guitares, breaks travaillés et sens du détail sans perdre l’impact. Un des morceaux qui montre le mieux le haut niveau instrumental du line-up. The Moment to Arise est un hymne thrash taillé pour la scène : refrains scandés, break irrésistible, efficacité maximale. Typiquement le titre qui restera en setlist. Dominion of the Dead est le morceau final en forme de statement : thrash haute densité, mélodies tranchantes, échos de Death Angel/Heathen dans l’élan. Ce morceau clôture l’album sur une impression de force tranquille : Mezzrow est bel et bien réveillé.

Avec Embrace the Awakening, Mezzrow évite le piège du simple reboot vintage : le groupe capitalise sur l’élan de Summon Thy Demons, resserre l’écriture, assume ses racines Bay Area tout en affirmant une identité vocale et mélodique forte. C’est un album cohérent, solide, généreux en riffs mémorables, qui parlera autant aux nostalgiques du thrash fin 80’s qu’aux auditeurs actuels en quête d’authenticité. Cet album frôle la perfection et va être un fameux outsider pour l’album thrash 2025.