Avant de vous laisser lire cette interview, je tiens à remercier chaleureusement Maude qui m’a permis de réaliser un de mes rêves. C’était franchement extraordinaire. Merci pour l’exclusivité !
Comment vas-tu ?
Très bien. À part quelques problèmes de dos. L’âge, je suppose…
Est-ce que ça te dérange pendant que tu es sur scène ?
En fait, l’adrénaline et l’excitation font que je ne ressens pas tellement la douleur sur scène, mais elle va et vient… mais pour l’instant c’est OK.
J’espère que ça ira mieux après !
Je suis certain que ça ira mieux après le show. Pour moi, le meilleur moyen de garder la douleur sous contrôle est de faire de l’exercice et de marcher.
C’est votre dernier concert de la tournée. Comment c’était ?
Ça fait trois semaines qu’on tourne dans les festivals, c’était vraiment très cool d’être programmés en tête d’affiche d’autant de festivals, de jouer pour autant de fans. C’est la meilleure des sensations.
Hier, tu avais un jour « de congé ». Qu’as-tu fait ? Es-tu allé voir des concerts du festival ?
Habituellement, quand on a un jour de congé, on reste dans l’hôtel, on se promène dans la ville. Hier, on était en France, une ville dont je ne me rappelle pas le nom. C’était une jolie ville, on y a passé un bon moment.
Quand tu as lancé Dimmu Borgir, t’imaginais-tu faire de grands shows en tête d’affiche de festivals ?
Je pense que la plupart des groupes, quand ils commencent à jouer, ne pensent pas en ces termes. En tout cas nous, nous voulions juste être ensemble, jouer parce que nous aimions ça. On était sur la même longueur d’ondes. On voulait faire quelque chose ensemble. On a commencé par quelques reprises de nos groupes favoris puis on a composé les nôtres. On a commencé par là et ensuite on a avancé. Je ne crois pas que la plupart des groupes aient l’objectif, au début, de devenir de grands groupes. C’est venu plus tard. L’ambition est venue avec le succès.
Quelles étaient vos premières influences lorsque vous faisiez des reprises ?
Des groupes comme Darkthrone, Mayhem, Tormentor. Du black metal old school. C’étaient les modestes petits débuts du groupe.
Le style de Dimmu Borgir a beaucoup changé depuis ses débuts, devenant de plus en plus mélodique. Comment l’expliques-tu ?
Ça s’est fait naturellement, heureusement. Le truc bien avec notre musique, c’est que rien n’est jamais forcé, tout vient spontanément. C’était une progression naturelle pour nous. Nous nous sentons plus proches de certains de nos derniers albums que des plus vieux. Ils restent cependant un témoin de ce que nous étions à l’époque. Le tout c’est de rester créatif et de ne pas trop analyser les choses, parce que si tu ne les vis pas spontanément, tu perds l’étincelle. C’est important de battre le fer tant qu’il est chaud.
J’ai vu sur Instagram que vous avez enregistré un nouvel album cet hiver. Que peux-tu m’en dire ?
Je ne peux pas t’en dire beaucoup parce qu’on est au milieu du processus. Mais oui, on a commencé à enregistrer quelque chose. Ça fait du bien d’entrer dans le grand studio d’enregistrement. Certaines chansons qui seront nouvelles pour vous les gars, ont déjà cinq ou six ans pour nous. Mais c’est génial de vivre avec ces chansons pendant longtemps. Comme ça, si t’as besoin de revenir en arrière et les peaufiner, tu peux. Ça fait du bien.
Le processus d’écriture a commencé juste après la sortie d’Eonian ?
Pas tout de suite après, mais pendant la période appelée « pandémie », on avait beaucoup de temps dans nos propres studios, on s’est échangé nos idées… On passe encore autant de temps que possible à travailler pour essayer de finaliser les structures des chansons.
Tu n’as pas de date de sortie ? Ne serait-ce qu’une idée ?
Non. On vise une sortie au premier semestre 2026, si on se tient au calendrier ! Mais tout peut changer, on ne sait jamais. On se réjouit de l’avenir !
Est-ce qu’il sera dans la veine d’Eonian ?
C’est trop tôt pour le dire… C’est encore un peu intime au groupe, mais dans tous les cas, ça va sonner comme du Dimmu Borgir !
C’est cool ! C’est une bonne nouvelle ! Vous allez faire une tournée après la sortie de l’album, si tout se passe bien ?
Oui, j’en suis sûr. On tournera après la sortie, tout sera planifié pour que les gens sachent où et quand. Le cycle recommence.
Vous allez faire une tournée de festivals et/ou de salles de concerts ?
Ça dépendra. On reçoit régulièrement des propositions et on choisira celles qui font le plus de sens pour nous. Premièrement au niveau logistique, c’est la chose la plus importante… on s’en occupera quand on y sera.
Tu préfères jouer dans de grands festivals avec plein de monde ou de petites salles avec des gens qui viennent spécialement pour Dimmu Borgir ?
Je préfère tous les publics (rires) ! Évidemment pour nos propres concerts, nous avons notre propre soundcheck, on a tellement de choses à nous, tellement de trucs à régler dans nos propres tournées, c’est plus facile. Mais les festivals sont super aussi parce que tu joues devant une foule plus grande, peut-être aussi des gens qui ne sont pas très familiers de notre groupe, tu peux leur montrer ton répertoire. Honnêtement, je ne vois que les points positifs à jouer. Jamais les négatifs.
Je vous au vu au Sylak Open Air. Vous aviez une très belle scène avec plein de décorations. Comment l’avez-vous choisie ?
Nous envisageons la scène comme un théâtre, il faut créer une atmosphère particulière, on voulait quelque chose qui raconte l’histoire du groupe. Le nom Dimmu Borgir signifie Les Châteaux Sombres. Donc, avoir un château sur scène fait sens pour raconter l’histoire du groupe, surtout qu’on a appelé la tournée « The Chosen Legacy Tour ». On a essayé de mettre tous les albums à l’honneur en fonction de la durée du set.
Alors ce soir, au Rock The Lakes, on peut s’attendre à voir le château et tout le décorum ?
Il y aura tout ce qui tient sur la scène ! Je peux dire que la scène est plus petite que celles pour lesquelles le décor a été imaginé, mais on fera tout ce qu’on peut ! Il y a aussi une notion de sécurité qui est très importante.
Comment avez-vous choisi les morceaux des albums ? Il y en a un par album et chacun en a tellement de biens…
C’est un de nos gros challenges après autant d’années et autant d’albums d’essayer de faire plaisir à tous nos fans parce que chacun de nos fans a ses favoris, certains préfèrent nos débuts, d’autres notre milieu et d’autre encore préfèrent les albums plus récents. Il faut s’adapter à tous. Certaines chansons s’imposent d’elles-mêmes telles que Mourning Palace ou Progenies ou ce genre de trucs, c’est important pour nous de raviver des chansons plus anciennes et des morceaux moins connus.
C’est une super setlist, je me réjouis de vous voir ce soir !
On se réjouit aussi ! Ce soir c’est le dernier concert, la fin du cycle de tournée.
Quelle est ta chanson préférée que tu vas jouer ce soir ?
(hésitations) Je trouve que c’est une question difficile. Quand j’arrive sur scène, chaque chanson est ma préférée ! Parfois ça nous semble bateau de le répéter, mais une fois qu’on est sur scène les chansons redeviennent presque nouvelles pour nous. Chaque chanson a sa propre vie. J’essaye de ne pas trop y penser sur scène, sinon, je me plante ! (rires) Pour répondre à ta question, je pourrais choisir n’importe quelle chanson.
Laquelle est la plus difficile à jouer ?
Probablement les chansons qui ont des longs passages de tremolo picking, dépendamment du fait d’être bien échauffé, ça peut être un challenge, car il y a des passages assez rapides au niveau de la main droite. Mais nous n’avons pas trop de choses hyper techniques avec les guitares.
Est-ce que tu es fier de l’évolution de Dimmu Borgir et de là où vous en êtes maintenant ?
Oui, absolument ! Il y a des choses qui vivent leurs propres vies, si tu essayes de les contrôler, ça ne sera pas une bonne chose. Dimmu est un animal fougueux qui doit être traité avec courtoisie et respect. Après tant d’années, même si on voulait sonner totalement différemment, on n’en serait pas capables c’est dans notre ADN. C’est notre son, et je ne changerais rien, de toute façon. On a toujours fait des chansons et des albums à notre manière et c’est quelque chose dont je suis très fier. On en est arrivés là où on en est sans faire de compromis. C’est la chose la plus importante pour moi.
J’ai vu que Galder a quitté le groupe après avoir joué son dernier concert en Norvège au début de l’été. Est-ce que ça a été dur de trouver quelqu’un pour le remplacer ?
On a trouvé quelqu’un avec qui nous somme amis depuis longtemps. Je pense que c’est important, quand tu dois passer par un changement de membre, de trouver un remplaçant avec qui tu t’entends bien, principalement en dehors de la scène, à notre grand âge ! On aurait probablement pu avoir n’importe quel guitariste, mais on avait besoin de quelqu’un qui ait de l’expérience, à peu près notre âge et qui soit habitué à la scène. Et évidemment qui sache jouer de son instrument (rires). Et qui sait se contrôler en dehors de la scène, ce qui est très important. On est plus les fêtards d’autrefois. Avoir quelqu’un de plus jeune, qui découvre tout ça et qui fait la fête tous les jours, ça ne le ferait pas. C’est important d’avoir quelqu’un qui colle avec l’esprit du groupe. Ça n’a pas été aussi bien pendant longtemps. On est très heureux d’en être là maintenant.
Restera-t-il dans le groupe ? J’ai vu sur Metal Archives que seuls Shagrath et toi êtes les seuls membres permanents ?
Oui. Shagrath et moi sommes ceux qui prennent les dernières décisions, parce que nous sommes les membres fondateurs. Ça a toujours été comme ça. Comme la plupart des gens le savent probablement, quand tu es dans un environnement de groupe, il y a de la démocratie jusqu’à un certain point mais à la fin, des décisions doivent être prises. C’est ainsi que ça fonctionne chez Dimmu. C’est important de mettre en avant le fait que nous sommes un groupe, une équipe et que nous avons besoin les uns des autres, que nous ne pourrions pas faire ça sans les autres, donc on est définitivement une équipe, qu’on soit en studio ou sur scène.
Une dernière question à propos du futur album. Est-ce que seulement deux d’entre vous ou les cinq membres du groupe ont été impliqués ?
L’écriture a commencé il y a de nombreuses années, mais c’est principalement Shagrath et moi qui l’ont faite. Comme je l’ai déjà dit plus tôt, certaines choses ne sonneraient pas pareilles sans l’implication des autres.
Si tu devais me donner un conseil pour démarrer un groupe, ce serait quoi ?
Je te conseillerais probablement de trouver des gens dans le même état d’esprit que toi et qui sont sur la même fréquence musicale que toi, de définir votre style de musique, quelles sont les influences. Ne pas te limiter à un style et que chacun trouve sa place dans le groupe parce que chacun ne peut pas être un leader et en même temps, tout le monde ne peut pas être un batteur. Donc, chacun doit trouver sa place et y être aussi bon que possible. Il faut se focaliser sur les atouts de chacun, car chacun a des points forts et faibles. Mais c’est important de mettre l’accent sur le positif et de donner de l’espace à chacun pour qu’il puisse s’asseoir autour de la table et donner son avis. Comme je l’ai dit, la démocratie fonctionne jusqu’à un certain point et, à la naissance d’un groupe, la démocratie est probablement importante, mais quelqu’un doit être le leader. Ce n’est pas un énorme conseil, mais je te parle de mon expérience…
Comment peut-on aider un groupe à se faire connaître ?
Au début de mon groupe, sans l’aide de nos parents et de nos amis, ça n’aurait pas été possible. Nous étions si jeunes, nous n’avions même pas le permis de conduire. Pour nous rendre au local de répétition, nous devions faire un long trajet en bus ou avoir un parent qui nous y amène. Nous répétions dans une vieille grange qui laissait passer le froid mais on était hyper excités de jouer. Je pense que c’est important de se concentrer sur le groupe sans oublier la vie extérieure au groupe. Nous, au début, on était totalement focalisés sur le groupe… on a séché les cours, le service militaire pour le groupe, on a tout fait pour faire avancer le groupe. Je ne dis pas que c’est ce que les gens devraient faire, mais c’est ce qu’on a fait !
Est-ce que c’était dur de concilier la vie du groupe avec ta vie personnelle ?
Pas vraiment parce que nous venons d’un pays où, quand on est entourés de monde, on n’est pas tellement reconnus et c’est parfait pour nous. Peut-être que sans maquillage on serait plus souvent reconnus (rires).
L’avenir semble radieux pour Dimmu…
Oui, je crois. On a un bon feeling. On se réjouit de l’avenir.
Vivement le concert et je me réjouis déjà du prochain album !
D’abord le show et on reviendra certainement plus tard l’année prochaine.
N’oubliez pas la Suisse !
On reviendra probablement en Suisse ou pas très loin.
Merci beaucoup !
Merci à toi, à la prochaine !