Mike Tramp's White Lion, Foxy Venus
Nieuwe Nor, Heerlen (NL)
Date 4 mai 2025
Chroniqueur Oli de Wacken
Photographe Paul Collin
https://nieuwenor.nl/

L’organisation a bien fait les choses en donnant l’occasion au jeune groupe néerlandais Foxy Venus de se produire devant un public potentiellement réceptif à ce son des années 80. Débarquant sur scène en arborant un look qui n’aurait pas dépareillé sur le Sunset Strip au temps où le glam/hair metal squattait régulièrement le top des charts US, avec spandex et permanentes (ou, assez vraisemblablement, perruques), les jeunes gens peuvent laisser supposer qu’ils officient dans un genre parodique, façon Steel Panther. Or, il n’en est rien et, si leur répertoire lorgne du côté de tous les groupes de glam du L.A. de la grande époque, on pense souvent à Mötley Crüe ou à Ratt, à la différence que le chant est ici assuré par une chanteuse. Son timbre est à la fois sensuel et puissant, tandis que ses collègues sont loin d’être des manchots. Périodiquement ringardisé, souvent moqué et généralement plutôt dénigré, le hair metal reste bel et bien un style perpétué par de nombreux jeunes talents, parmi lesquels Foxy Venus n’est pas le moins intéressant.

Si White Lion a connu un succès phénoménal grâce à l’album Pride (87) et que Mane Attraction (91) fut son chant du cygne, il serait injuste de réduire cette formation à un groupe de hair metal lambda, tant son répertoire se démarquait par des compositions plus subtiles que la moyenne, des thèmes parfois profonds ou engagés — même si les titres aux sujets plus légers étaient aussi pléthore — et par le jeu de guitare époustouflant de Vito Bratta, dont le monde de la musique perdra toute trace après le split du groupe. Dans ses textes, il est souvent question de combat, de liberté et de survie. Gimmick ou vrai sujet pour Mike ? Le fait de les avoir écrits à l’ère du sex, drugs and rock ‘n’ roll n’est sans doute pas anodin.

Mike Tramp apparaît, d’une élégance folle, vêtu de son costume anthracite, et lance le show avec Lights and Thunder, tiré de Mane Attraction. Le son est grungy et lourd, et ce titre s’enchaîne avec Hungry, l’un des très grands titres de Pride, qui en ouvre d’ailleurs la face A. Mike chante moins haut, moins fort que sur la version studio. Serait-il à la peine ? C’est frustrant mais on s’y fait, en se disant que le répertoire de White Lion est en or, et que c’est bien ça le plus important. S’ensuit Lonely Nights, exactement comme sur Pride. Ici, en live, l’impression mitigée reste la même, tout est un peu plus lent et plus faible que ce à quoi on s’attend. Le guitariste est moins expansif sur son manche et moins shredder que son illustre prédécesseur Vito Bratta, mais assure magnifiquement les parties en tapping de ce dernier.

Mike s’adresse au public pour la première fois après ce troisième titre. Chacune de ses interventions sera ponctuée d’anecdotes sur les débuts de White Lion et de louanges à l’égard de Vito. Assurément, ces deux-là devaient être amis ! Sur Out with the Boys (de Mane Attraction), le rythme se dynamise et la voix de Mike prend de l’assurance. La vitesse de croisière est presque atteinte sur All the Fallen Men, magnifique extrait du non moins sublime premier album Fight to Survive (85), puis Mike prendra à nouveau la parole, parlant d’un problème de son sur scène, en provenance des retours, et apparemment très énervant, pour demander à la technique d’y remédier. Cela fut fait, ô miracle, dans la seconde, puisque sur El Salvador, le son de guitare prend soudain toute son ampleur et le tout est mieux équilibré. De là à soupçonner une mise en scène savamment orchestrée pour permettre à Mike (soixante-quatre ans tout de même) de s’échauffer, il n’y a qu’un pas que nous ne franchirons pas. En tout cas, au niveau du plaisir auditif, ça change tout ! Little Fighter et la très belle ballade Fight for Freedom représenteront l’album Big Game (89), et nous constatons ainsi avec plaisir qu’aucun des quatre albums de White Lion n’est laissé de côté.

Pour terminer, Broken Heart, tout premier titre écrit pour White Lion, dixit M. Tramp, et l’incontournable et bellissime ballade When the Children Cry, qui pour peu, nous ferait pleurer, nous aussi, précèdent un rappel qui verra le groupe jouer l’épique Lady of the Valley.

Malgré un début de concert marqué par quelques soucis de réglages sonores, Mike Tramp et son band nous ont offert un magnifique concert à base de hits mémorables, et c’est le cœur réellement rempli d’un bonheur un rien nostalgique que nous regagnons nos pénates.