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C’est une drôle de sortie qu’a proposée Crippled Black Phoenix en novembre 2024 pour célébrer ses vingt ans d’existence : non pas un mais deux albums. Un album de reprises et un autre qui réinterprète certains anciens titres. De quoi appréhender les origines du groupe tout en observant le chemin parcouru. L’occasion d’une sorte de bilan.
En effet, cette double sortie comprend Horrific Honorifics Number Two qui prend donc la suite de Horrific Honorifics Number One, un album de reprises sorti en 2018. Certains pourraient se plaindre de ne pas pouvoir découvrir de nouveaux titres mais quand on entend le travail de réappropriation exécuté, on ne peut pas nier l’intérêt de ce genre de démarche. Cela permet de redécouvrir des chansons parfois très connues (comme ici When a Blind Man Cries des Deep Purple ou Self Control de Laura Branigan) dans un autre univers artistique. C’est aussi certainement un plaisir pour les artistes qui font la reprise car ça leur permet de jouer des chansons qu’ils aiment et de montrer où sont leurs influences. C’est un peu comme quand vous avez vu un film et que vous en discutez avec quelqu’un qui en a fait une lecture complètement différente. En confrontant les opinions, on redécouvre les choses. Personnellement, je suis très friande de ce genre de démarche qui rend la musique vivante. D’autant plus quand le travail de réappropriation transcende le morceau originel ou qu’il permet tout simplement de le faire découvrir ou redécouvrir autrement.
En parallèle de cet album de reprises, on trouve The Wolf Changes Its Fur But Not Its Nature et tout est dans le titre. Si le groupe a subi de nombreux changements de line-up, s’il a de nombreuses fois changé de fourrure, il n’a pas pour autant perdu son ADN. Pourtant, il y a eu du chemin parcouru… Cet album propose en effet des réinterprétations de chansons anciennes du groupe. Si l’on reconnaît, bien entendu, les morceaux, ils prennent une toute nouvelle saveur ! Beaucoup plus mûre, texturée, riche et complète. Encore une fois, j’aime beaucoup cette démarche. Ca fait revivre des titres qui pourraient sombrer dans l’oubli et s’empoussiérer. J’ai toujours eu du mal avec l’idée qu’une fois une chanson, un album sorti, ils demeuraient inscrits dans le marbre et voués à ne vivre que sur scène. Réinterpréter des morceaux anciens en studio leur donne une seconde vie. Cela permet d’inviter les fans de la première heure à percevoir le chemin parcouru, et d’attirer l’attention de ceux qui découvrent le groupe en cours de chemin sur des airs à côté desquels ils sont peut-être passés.
Il me semble donc que c’est une très belle double sortie pour célébrer les vingt ans de Crippled Black Phoenix ! Parfaitement à propos, ces deux albums offrent une réflexion sur l’évolution d’un groupe. Nous sommes replongés dans son univers et nous constatons le chemin qui a été fait. Désormais, il faut faire débuter une nouvelle ère !
