Testament, Obituary, Destruction, Nervosa
Trix, Anvers (BE)
Date 12 octobre 2025
Chroniqueur Thierry Montrieux
Photographes Denis De Loor et Geert De Dapper
https://www.biebob.be/

Génial comme concept de tournée : Thrash of the Titans 2025. Quatre machines de guerre (Testament, Obituary, Destruction, Nervosa), une seule mission : transformer la salle du Trix (Anvers) en chaudron bouillant, et dans une ambiance fraternelle, transgénérationnelle, et constamment au bord de l’explosion.

Ouverture courte, impact maximal. Le quatuor Nervosa entre comme une déflagration et installe d’emblée le tempo de la soirée : riffing au couteau, batterie en surpression, et un public déjà compact qui hurle les refrains. Les morceaux Seed of Death et Behind the Wall servent de rampe de lancement parfaite : aucun temps mort, juste l’urgence et la hargne d’un groupe qui refuse d’ouvrir poliment et préfère mettre la barre très haut pour les suivants avec les titres Kill the Silence, Perpetual Chaos et Venomous où dans la fosse, les circle pits s’organisent. Sur scène, précision et rage font jeu égal. Nos 4 jeunes femmes finissent leur set avec Jailbreak et Endless Ambition. Un vrai statement.

À peine la lumière chute que le teutonic thrash band délivre Curse the Gods et Nailed to the Cross avec une efficacité redoutable et déclenche un séisme : chœurs repris par toute la salle, mosh en ébullition et ce grain abrasif typique qui pilonne sans répit. Les nouveaux titres de Birth of Malice (Scumbag Human Race, No Kings No Masters) s’imbriquent naturellement entre les classiques (Mad Butcher, Thrash ‘Til Death et Bestial Invasion). On sent un groupe sûr de sa dynamique, carré, tranchant, qui joue plus serré qu’un étau. Final auto-référentiel sur Destruction : l’art de repartir la nuque brisée mais le sourire jusqu’aux oreilles. La communion avec le public, poings levés, CO₂ qui souffle et barrières qui vibrent, est totale.

Avec les Américains de Tampa (Floride), le rouleau compresseur du death metal va briser les nuques. Rideau noir, intro Redneck Stomp, et la voix caverneuse de John Tardy qui déchire l’air : trois minutes suffisent à Sentence Day pour retourner la salle. La setlist respire l’intelligence : un zeste d’actualité (The Wrong Time), des coups de boutoir irrésistibles (A Lesson in Vengeance), puis le grand frisson old-school autour de Cause of Death, Infected, Body Bag, le morceau-titre joués comme on ravive un mythe, lents à monter, brutaux à éclater. Les crowdsurfers volent, les pits tournent, et le final Slowly We Rot tamponne la soirée du sceau des légendes. Atmosphère : lourde, moite, heureuse.

Testament, tête d’affiche souveraine, a pensé son show pour fédérer. Le rideau blanc tombe, D.N.R. (Do Not Resuscitate) en préchauffe, puis la décharge : WWIII, Practice What You Preach, Sins of Omission… La salle chante, scande, vit chaque break. Les respirations de Trail of Tears et Low offrent des sommets d’émotion avant que la machine ne remette plein gaz avec First Strike Is Deadly. Les nouveaux titres de leur tout récent album Para Bellum (Infanticide A.I., Shadow People) confirment la pleine vitalité créative du groupe. Clôture cathartique sur Into The Pit (après l’indispensable Electric Crown) : c’est la liesse, et c’est mérité. Scénographie parfaite, son massif et exécution de maître… la classe américaine !