Malgré les températures dignes d’un barbecue scandinave, l’esprit Hellfest a résisté. Si la chaleur a parfois rendu l’expérience compliquée, chaque performance a été savourée comme il se doit. Pour l’équipe Metal Alliance, cette journée a été marquée par la découverte, l’émotion, la surprise… et un peu de sueur, souvent à des endroits qu’on ne mentionnera pas. Voici notre récit du Jour 2 : moins frénétique, mais plus intense.
10 h 30 – Furies (Altar)
Premier groupe du jour, premier sourire. Furies, groupe français de heavy metal, n’a pas attendu l’ombre pour faire briller sa musique. C’est ainsi qu’à 10 h 30 tapantes, les riffs se sont mis à fuser avec une énergie contagieuse.
Le heavy des Parisiens est classique dans l’esprit, mais moderne dans l’exécution. C’est carré, efficace, porté par une chanteuse dont la prestance vocale et scénique aurait réveillé plus d’un festivalier comateux. On avait déjà écouté leurs titres avant de venir mais, en live, tout prend une autre dimension. Le public, venu en masse malgré l’heure, a répondu présent.
11 h 05 – Cachemire (Main Stage 1)
Petit détour en terrain francophone pour une décharge de rock made in Nantes avec Cachemire. Le quatuor balance un son brut, électrique, teinté de textes en français bien sentis, avec une bonne dose d’ironie et de mordant, ainsi qu’une ambiance rock à l’ancienne, entre paroles engagées, énergie garage et attitude punk. Le groupe, visiblement heureux d’être là, fédère un public large, entre habitués et nouveaux adeptes. Une belle surprise, chaleureuse, bien qu’un peu trop légère au goût de certains membres de l’équipe — qui reconnaissent toutefois une performance très réussie.
12 h 15 – Belore (Temple)
Changement d’ambiance et de décor. Direction le Temple, pour une immersion dans un autre monde. Belore nous emmène loin, très loin — dans des contrées épiques où les montagnes chantent et les flûtes parlent aux arbres (oui oui ça se dit).
Leur black metal atmosphérique, enrichi d’arrangements médiévaux et d’un vrai souffle narratif, évoque des noms comme Summoning. Belore ne copie pas pour autant : il raconte sa propre histoire, avec des morceaux qui oscillent entre violence retenue et envolées éthérées.
Ce show court mais intense nous a fait vivre un vrai moment suspendu, que seuls les initiés ont pu pleinement savourer dans la fraîcheur relative de Temple.
12 h 15 – Mike McColgan (Warzone)
Petit crochet par la Warzone pour un moment chaleureux et humain avec Mike McColgan (Street Dogs, ex-Dropkick Murphys). Guitare acoustique, esprit folk-punk et storytelling sont au rendez-vous. Mike balance des titres engagés, sincères, avec ce timbre éraillé qui sent la bière tiède et les pavés humides de Boston. Loin de l’agitation des grosses scènes malgré le fait que ça se passe en Warzone, ce set intimiste était une parenthèse touchante, remplie de nostalgie et d’authenticité. Ceux qui y étaient ne l’oublieront pas.
12 h 50 – Amira Elfeky (Main Stage 2)
Retour sous le soleil brûlant pour une artiste qui, malgré la chaleur, a su imposer sa fraîcheur. Amira Elfeky, pour sa première apparition au Hellfest, a surpris. Robe à cartes digne d’un jeu de tarot gothique, riffs empruntés aux années 2000, et une énergie vocale impressionnante.
Elle propose une sorte d’Evanescence version 2025, plus sombre, plus directe, plus ancrée dans notre époque. Le public, curieux au départ, a fini par se laisser emporter. Mention spéciale à l’équilibre entre modernité musicale et esthétique visuelle. Le genre de concert qui ne fait pas de bruit à l’entrée… mais dont on parle longtemps après.
17 h 35 – Spiritbox (Main Stage 2)
Et là… claque. Spiritbox, c’est un ouragan émotionnel maîtrisé au millimètre. Entre la douceur hypnotique de certaines parties vocales et les explosions de violence maîtrisée, tout est calibré, mais jamais froid. C’est un concert viscéral, presque cinématographique.
Les effets visuels ajoutés en temps réel sur les écrans latéraux amplifient encore l’expérience. C’est beau, c’est fort, c’est un vrai tour de force live. Pas une fausse note, pas un moment de flottement. Une montée en puissance qui laisse le public sonné, conquis, pour un des sets les plus marquants de cette édition jusqu’ici.
19 h 35 – Crippled Black Phoenix (Valley)
Direction la Valley pour un bain de post-rock/doom atmosphérique avec Crippled Black Phoenix. Ambiance hypnotique, morceaux longs et progressifs, voix plaintives et riffs pesants comme la chaleur extérieure. Le groupe déroule une setlist planante, sombre et introspective, idéale pour ceux qui aiment se perdre dans la répétition lente et les crescendos émotionnels. Une vraie expérience immersive, qui demande de lâcher prise — ce que beaucoup ont fait, assis ou debout, les yeux fermés. Beau, mélancolique, profond.
20 h 35 – The HU (Main Stage 1)
Changement radical d’ambiance avec les Mongols de The HU — on en profite pour rappeler à Ouest France que ce sont des guignols. Leur « Hunnu Rock », fusion de heavy metal et d’instruments traditionnels (morin khuur, chants diphoniques), produit toujours son petit effet. Les titres comme Wolf Totem ou Yuve Yuve Yu font vibrer le sol, portés par des percussions tribales et une puissance vocale unique. Le public, d’abord intrigué, finit par se laisser emporter par la rythmique irrésistible du groupe. Une communion multiculturelle, et un vrai moment de partage au cœur du Hellfest.
23 h 05 – Muse (Main Stage 1)
Tête d’affiche du soir, Muse avait fort à faire pour convaincre le public du Hellfest, souvent divisé sur leur présence. Franchement ? Ils ont relevé le défi. Déjà, si vous n’aimez pas Muse, c’est que vous avez du rater les quatre premiers albums. Ensuite, c’est que vous n’avez jamais du les voir en live parce c’est bien plus heavy qu’à écouter chez soi.
Ici, c’est un presque 20/20 pour le trio britannique : une setlist bien ficelée — même s’il manquait Sunburn et Starlight —, pensée pour le contexte festival, avec quelques pépites comme Hysteria, Plug in Baby, Stockholm Syndrome entre autres, et une mise en scène toujours aussi spectaculaire. Les jeux de lumière, les visuels, les projections : du grand Muse.
Petit hic : le mix a, à plusieurs reprises, étouffé la guitare de Matt Bellamy, notamment sur Unravelling, tout nouveau titre avec guitare huit cordes. Dommage, car ce morceau méritait un focus. Puis, malheureusement, un public trop tiède dans notre zone… difficile de créer l’osmose quand tes voisins regardent le concert comme s’ils attendaient leur bus.
Malgré tout, sur scène, Matt, Chris et Dom se font plaisir, et ça se voit. C’est carré, pro, généreux. Le spectacle était là : 0 doute sur la place de Muse au Hellfest.
00 h 40 – Heilung (Main Stage 2)
Avant de parler de la prestation d’Heilung on va vous raconter une anecdote un peu WTF : nos voisins de concert ont pensé qu’Heilung, c’était des Amérindiens… voilà, c’est dit, c’est posé. Pour ceux qui ne connaissent pas : comment parler de Heilung sans paraître mystique ? C’est simple : Heilung en live, ce n’est pas un concert, c’est un rituel ancestral, un voyage dans les racines païennes de l’Europe — et pas d’Amérique.
La mise en scène, à la fois solennelle et organique, nous plonge dans un univers chamanique à mi-chemin entre rite guerrier et cérémonie de transe. Tambours tribaux, voix gutturales, harmonies envoûtantes, costumes folkloriques — chaque détail est pensé, chaque geste a du sens.
Le public ne crie pas. Il écoute, il ressent, il respire avec le groupe. Un moment suspendu dans le temps, unique, qu’on n’oubliera pas de sitôt. Pour beaucoup, c’était la performance du jour, voire du festival.
Bilan de cette deuxième journée :
Oui, il faisait chaud. Non, on n’a pas tout vu tant la programmation est variée. Mais ce qu’on a vu, on l’a vraiment vécu. Entre les pépites françaises du matin, la claque Spiritbox, l’expérience Heilung et le Muse show — malgré un public timide —, ce vendredi fut riche en émotions contrastées.
Pas besoin d’enchaîner 15 concerts pour avoir une journée marquante : il suffit d’être là, au bon endroit, au bon moment. Et ce vendredi, on y était.