Comme chaque année, le Hellfest est et reste le grand pèlerinage pour bon nombre d’entre nous ! Bien sûr, comme toujours, les Jean Michel Ouin Ouin sont aussi de la partie : ouin ouin la prog’, ouin ouin les prix de la brasserie, ouin ouin il fait chaud. Bientôt, si dans le film, à la fin, ils meurent tous, ce sera aussi la faute du Hellfest… Eh bien, chers amis, laissez-nous vous raconter notre Hellfest… qui fut riche en découvertes musicales, en rencontres, en kiff, en chaleur, en rires et en émotions.
Pour l’équipe Metal Alliance, consciente de la chance qu’elle a de pouvoir participer en qualité de média au plus gros festival de France, cette année n’a pas fait exception et l’engouement fut au rendez-vous. Pour commencer, le Hellfest a cette année repensé et réaménagé son espace avec des innovations visibles : la nouvelle zone Hellcity, animée et foisonnante, ainsi que la brasserie artisanale qui propose aux festivaliers un répit bienvenu entre deux concerts. La fameuse gardienne, imposante, trône à l’entrée principale, telle une sentinelle bienveillante qui accueille les milliers de passionnés.
Le site donne apparaît d’une propreté impeccable et l’organisation comme relativement fluide, même si l’attente interminable au sanctuaire semble ne pas s’arranger pour cette nouvelle édition. Malgré la chaleur, tout donne l’impression de respirer pleinement sur le site, sans la suffocation ressentie lors des éditions précédentes. On sent que le festival prend soin de ses visiteurs, en faisant du Hellfest un lieu où la musique est reine mais où le bien-être des festivaliers est aussi une priorité.
Cette première journée donne le ton : chaleureuse et accueillante. Le Hellfest 2025 promet de marquer les esprits, et pas seulement pour sa chaleur écrasante.
16 h 30 – Disconnected (Altar)
C’est avec surprise que le groupe de metal progressif moderne Disconnected a pris possession de l’Altar, remplaçant au pied levé les Israéliens de Walkways, absents de dernière minute. Le quintet français n’a pas tremblé une seconde, assurant une ouverture musclée et millimétrée de la scène.
Visiblement conscients de l’enjeu, les musiciens ont saisi l’instant en présentant un titre inédit, sobrement intitulé La Puissance, tout en filmant le set pour un futur clip. Le public, d’abord curieux, s’est vite laissé convaincre par les guitares tranchantes, la section rythmique lourde et la présence scénique imposante du frontman. Une performance imprévue mais parfaitement calibrée, qui a lancé la journée sur des bases solides. On reparlera très certainement de ce morceau dans les mois à venir.
16h30 – Skindred – (Main Stage 1)
On arrive à temps pour la fin de set de Skindred, qui jouait un peu plus tôt dans la journée. Les Gallois sont des habitués du Hellfest, ajoutant cette année un quatrième passage au festival à leur compteur, et cela se voit. Leur fusion de ragga-metal et d’énergie punk fonctionne toujours aussi bien. Mention spéciale pour Kill the Power, Nobody et Warning, qui ont retourné le public dès les premières minutes. Skindred avait déjà mis le feu lors du warm-up tour, et leur show d’ouverture du festival a confirmé son statut de groupe live incontournable. Petite anecdote de live : le son qui coupe en plein set.
17 h 15 – Seven Hours After Violet (Main Stage 2)
Projet encore relativement mystérieux, Seven Hours After Violet intrigue dès son annonce : il s’agit du nouveau groupe du bassiste de System of a Down. Effectivement, l’ADN SOAD affleure ici ou là, notamment dans certaines structures rythmiques et sonorités dissonantes.
Ceci dit, le groupe trouve sa propre identité grâce à un duo vocal inattendu, entre un chanteur au growl gras et profond et un second en voix claire plus aérienne. Leurs deux voix se complètent habilement, apportant une tension dramatique intéressante aux morceaux. Une belle découverte, pleine de potentiel, qui a tenu la foule en haleine pendant 40 minutes.
18 h – Apocalyptica (Main Stage 1)
Apocalyptica, les maîtres finlandais du metal symphonique à cordes, ont investi la Main Stage 1 avec leurs violoncelles customisés et leurs arrangements classiques de standards du metal.
Leur set, centré en grande partie sur leurs reprises de Metallica, a divisé. Si l’approche originale reste saluée, le rendu live souffre d’un manque de dynamisme. Certains spectateurs, habitués aux envolées plus puissantes du groupe en festival, ont trouvé cette performance un peu monotone et répétitive. Un moment contemplatif pour certains, une pause bienvenue dans l’enchaînement de décibels pour d’autres.
18 h 45 – Kim Dracula (Main Stage 1)
Kim Dracula, véritable ovni scénique australien, a livré un show aussi étrange que fascinant. Musicalement, c’est un patchwork déroutant : du metal, de l’électro, du jazz, de la pop, des bruitages de dessins animés… et une trompette live pour couronner le tout. Il faut le voir pour le croire !
On sent que l’univers visuel et sonore est travaillé, mais pas forcément accessible à tous. Les réactions des spectateurs oscillent entre curiosité, incompréhension et rire nerveux. Une chose est sûre : l’originalité était au rendez-vous, même si la cohérence musicale restait discutable. À réserver aux amateurs d’expérimentations déjantées.
19 h 30 – Airbourne (Main Stage 2)
Le gros moment rock’n’roll de la journée. Airbourne ne fait pas dans la dentelle et son concert est un hymne au riff, à la sueur et à la bière. Le chanteur Joel O’Keeffe, fidèle à lui-même, s’est offert un tour de foule sur les épaules d’un agent de sécurité, canette à la main, avant de se la casser sur la tête dans une explosion de mousse.
Le set est énergique, survolté, jubilatoire. Oui, le groupe propose le même concert depuis des années, mais pour un spectateur qui y assiste pour la première fois, c’est un plaisir pur et authentique. On en ressort les tympans rincés, le cœur léger, et les bras en l’air. Mission accomplie !
20h25 – Imminence (Main Stage 2)
Le groupe suédois Imminence, entre metalcore mélodique et envolées émotionnelles, avait tout pour séduire… sauf peut-être le volume sonore, qui a tourné au cauchemar. Beaucoup trop fort, au point de rendre le set inaudible pour de nombreux festivaliers, dont certains ont fui la scène — Xavier, on pense à toi.
Un véritable gâchis acoustique, car la performance scénique semblait puissante. Malheureusement, la saturation excessive a transformé les mélodies subtiles en une boue sonore difficile à suivre. Dommage, leur show aurait pu marquer autrement…
20 h 45 – Soft Play (ex-Slaves) – Warzone
Le duo punk britannique Soft Play a secoué la Warzone avec un set à l’ancienne : brut, sale, rapide. Le batteur chante debout, le guitariste balance riff sur riff sans s’arrêter, et la foule pogote joyeusement.
Pas de chichis : punk is not dead, il est juste concentré en 60 minutes de furie et de sueur. Les riffs sont répétitifs mais ultra-efficaces, le public est à fond, et l’énergie déborde de chaque morceau. Une belle claque, comme on les aime dans cette scène.
22 h 25 – Rise of the Northstar (Main Stage 2)
Remplaçant de Ultra Vomit, Rise of the Northstar a livré un show synonyme d’un véritable déferlement d’énergie brute et de rage maîtrisée. Bien que ce ne soit clairement pas le style de l’équipe Metal Alliance Mag présente sur place, il faut reconnaitre que la machine ROTNS est parfaitement bien huilée et que le show est maitrisé. Porté par une identité visuelle unique mêlant culture manga, esprit bosozoku et puissance du hardcore/metal, le groupe parisien a enchaîné les titres emblématiques comme Here Comes the Boom, Demonstrating My Saiya Style ou encore Showdown, devant une fosse en ébullition. Malgré la chaleur écrasante encore à cette heure, le public a répondu présent, galvanisé par l’intensité scénique du frontman Vithia et la lourdeur des riffs. En moins d’une heure, ROTNS a prouvé qu’il était un incontournable du crossover à la française, livrant un show à la fois violent, stylisé et fédérateur.
23 h 30 – Korn (Main Stage 1)
Enfin, arrive le moment tant attendu : Korn, pionniers du nu metal, tête d’affiche du jour sur la Main Stage 1. Le groupe, bien qu’orphelin de son bassiste Fieldy, livre un set solide et fidèle à ses racines (oui on aurait adoré Right Now, mais on était ravis d’avoir Did my Time). Le son est lourd, la tension palpable, et le public complètement conquis. La setlist est parfaite pour une mainstage du Hellfest. Entre les titres qui s’enchainent, le groupe s’adonne à de parfaites transitions qui ne font qu’ajouter en cohérence.
Petit moment d’émotion : l’anniversaire de Brian « Head » Welch est célébré en direct sur scène, avec les traditionnels Happy Birthday repris par des milliers de voix. Un instant unique qui humanise le monstre scénique Korn. D’ailleurs, vous aurez peut être remarqué les growl improvisés de monsieur Jonathan Davis, sur des parties normalement chantées, faisant de Korn le seul groupe à ajouter de la complexité vocale en live. Seul petit bémol : une version un peu ralentie de Twisted Transistor, qui n’enlève rien à la perfection absolue de ce concert.
En résumé… Korn a fait du Korn et la légende a parlé : le groupe montre qu’il reste une valeur sûre du live, capable de rassembler toutes les générations metal.
(Une pensée pour Harold Barbé, aka le Akinator de Korn, avec qui Emilie-Adeline a pris plaisir à discuter).
01 H 05 – Electric Callboy (Main Stage 2, clôture)
Les Allemands d’Electric Callboy ont envoyé le public en orbite pour conclure cette première journée. Leur style metalcore/électro parodique n’est pas du goût de tous, ce qui n’empêche pas l’ambiance d’être folle. Entre les tenues fluos, les chorés absurdes, et des tubes comme Hypa Hypa, Pump It ou Tekkno Train, le public danse, saute et crie dans un joyeux bordel organisé. Un set euphorisant pour refermer cette journée en beauté.
En quelques mots : une première journée qui fut aussi riche en émotions qu’en transpiration !