Après avoir assisté, en avril, au superbe show de Rotting Christ au Pont Rouge, nous nous y rendons cette fois-ci pour assister à LA tournée deathcore à ne pas louper : il s’agit de Born of Osiris en tête d’affiche, accompagné par Ingested, Entheos et The Voynich Code comme supports. Autant vous dire que les murs montheysans ont tremblé !
Dans une salle déjà bien remplie par des fans prêts à en découdre, The Voynich Code inaugure la soirée. Formé en 2013 à Lisbonne, le groupe portugais propose un deathcore technique et catchy à la fois. Il ouvre son show avec, entre autres, des morceaux issus de son dernier album Insomnia (2023) tels que Slaves to a Machine ou A Flicker of Life, dont les riffs quasi robotiques et les gros breakdowns incitent de violents moshpits. Les Portugais, forts de deux nouveaux membres (un chanteur et un guitariste), purent également montrer au public ce dont ce nouveau line-up est capable en jouant Serpents Meridian, tout dernier single sorti au mois de mai. Ce morceau, un peu plus épique que les autres mais tout autant heavy, contient une partie ressemblant presque à du Cattle Decapitation. On espère fortement les revoir un jour dans nos contrées, parce que c’était sacrément bien !
Ensuite, en deuxième position, on retrouve Entheos. Formé en 2015 et constitué actuellement de Chaney Crabb au chant et Navene Koperweis (ex Animals As Leaders, ex Animosity, etc…) aux instruments, ce duo ultra dynamique se spécialise dans un deathcore/death metal technique et progressif. Après la sortie de l’EP An End to Everything en octobre 2024, le groupe gagna fortement en popularité, non seulement dans la scène metal, mais fit aussi le buzz sur les réseaux sociaux. Accompagnés en live par Scott Carstairs (Fallujah) et Michael Stancel (Allegaeon), Entheos délivre une performance on ne peut plus remarquable, alternant entre des passages ultra techniques, des breakdowns qui tapent super fort et des moments beaucoup plus calmes ou atmosphériques. Le morceau éponyme de leur dernier EP est d’ailleurs un des favoris des fans, avec son refrain doté d’une voix claire absolument fantastique. Les ayant déjà vus en 2023 avec Archspire, je peux vous assurer qu’ils se sont grandement améliorés, l’ajout de ces deux guitaristes en live est un vrai plus et complémente le duo à merveille.
Bien que le public s’était un petit peu calmé durant le groupe précédent, Ingested, troisième de la soirée, le réveilla avec une véritable claque musicale. Il débute son concert avec deux morceaux monstrueux provenant de l’EP Revered by No-One, Feared by All (2015) qui sont tout simplement du slam à l’état pur, le public est déjà à fond. Les vétérans du deathcore, actifs depuis 2006, proposent en effet une setlist bien old-school, rajeunie cependant par quelques morceaux récents, dont le tout dernier single Altar of Flesh. Celui-ci est le premier avec le nouveau line-up : autour du noyau fondateur formé par Sean Hynes (guitare) et Lyn Jeffs (batterie, remplacé durant cette tournée par Joe Bills de Venom Prison), se sont greffés Josh Davies (voix), Thomas O’Malley (basse) et Andrew Virrueta (guitare), et ce serait un terrible euphémisme de dire que ça marche bien en live. Le nouveau chanteur, qui a tourné pendant longtemps avec le groupe en tant que gérant du merchandising (et qui fait partie de divers groupes comme Malice ainsi que Monasteries par le passé), s’est montré plus qu’à la hauteur. Ce dernier délivre une énergie folle et interagit constamment le public, l’incitant très souvent à faire des circle pits. Enfin, vinrent les trois derniers morceaux, et ils n’auraient pas pu mieux choisir : Copremesis, Cremated Existence ainsi que Skinned and Fucked, tous issus de leur premier album Surpassing the Boundaries of Human Suffering (2009), un véritable chef-d’œuvre qui a le mérite d’avoir défini le genre du slamming deathcore. Dans la salle retentit le genre de riffs qui vous donnent envie de tuer des gens, et je dis ça comme un compliment. Depuis là, c’est le chaos, la bagarre, la guerre totale. Les spinkicks et les windmills volent de toutes parts. J’ai moi-même dû poser mon appareil photo dans un coin pour rejoindre la barbarie qui prenait place dans le pit, juste magnifique. Ce concert restera gravé comme un des meilleurs de l’année.
Finalement, il est temps pour le public de rebrancher ses neurones, car c’est au tour de Born of Osiris, la tête d’affiche, de fouler les planches du Pont Rouge. En ouvrant le show avec Open Arms to Damnation et Bow Down, deux morceaux de son premier EP The New Reign (2007), le groupe, pionnier du deathcore technique et progressif, donne déjà le ton pour ce qui va suivre. Tout comme pour Ingested, le public aura droit à une setlist remplie de classiques, mélangés avec plusieurs titres du nouvel album Through Shadows (qui sort le 11 juillet 2025) tels que Elevate ou In Desolation. Les morceaux s’enchaînent, passant par Divergency, White Nile ou encore Ascension. Le public, quoique moins déchaîné que pendant le set du groupe précédent, n’hésite pas à mosher sur les breakdowns étonnamment heavy de Born of Osiris, qui contrastent énormément avec les riffs progressifs et quasi néoclassiques qu’arborent la plupart des morceaux. Bien que seulement trois membres du groupe soient présents sur scène suite à des changements de line-up survenus dans les derniers mois, les Américains délivrent tout de même une prestation remarquable, que ce soit grâce à l’énergie du frontman Ronnie Canizaro, à la précision du jeu de batterie de Cameron Losch ou aux riffs envoûtants de Nick Rossi. Le set se termine en ramenant trois morceaux de The New Reign et finit par l’incroyable Machine, pendant lequel Chaney Crabb (chanteuse d’Entheos) prêta sa voix pour un couplet.
En somme, ce fut une superbe soirée. Quatre groupes excellents et bien différents, évoluant tous plus ou moins dans la sphère du deathcore, mais proposant chacun un style unique. Le public était également à fond, et l’ambiance, comme toujours au Pont Rouge, vraiment chaleureuse. Bref, si vous avez l’occasion de voir un de ces groupes en concert, foncez !