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On ouvre cet EP avec Ascension, qui installe d’emblée une ambiance très contemplative, quasi méditative avec des choix harmoniques très intéressants. Sans rentrer dans la théorie compliquée, certains accords ont été empruntés à des gammes parallèles, ce qui apporte une couleur très cinématographique. C’est un procédé qu’on retrouve souvent dans les musiques de films. Puis le morceau bascule vers un passage plus brut, typiquement post metal, soutenu par une production soignée : les orchestrations sont bien faites sans être étouffantes et la guitare ainsi que la basse trouvent une bonne place dans les bas-médiums, ce qui rend l’écoute particulièrement agréable. Après l’introduction, grosse surprise ! Le chant bascule en français, ce qui apporte une dimension inattendue. Je suis d’habitude plutôt réticent vis-à-vis des textes en français dans le metal (souvent trop “niais” ou clichés), mais ici, Brévine réussit parfaitement à me faire passer cette barrière, sans briser l’immersion. Seul petit bémol : la batterie, bien que présente, manque parfois de mordant. Le kick pourrait frapper plus pour donner davantage de poids au mix dans les basses fréquences. Cependant, ce détail n’empêche pas mon esprit de d’ores et déjà vagabonder en montagne !
Avec Cîme, l’EP prend une dimension plus contemplative. On se laisse porter par un morceau aérien, toujours très cinématographique, qui surplombe les tensions précédentes. Les paroles prolongent cette quête intérieure et peignent un joli tableau. Aucune grande surprise, mais toujours beaucoup d’efficacité ! Je ne peux pas m’empêcher de faire un parallèle à certains passages de Cult of Luna.
Dès les premières notes de Tempête, on sent que Brévine a choisi une approche plus subtile pour nous introduire dans son univers. L’ouverture repose sur quelques accords posés, joués d’abord “pleins” avant de se transformer en arpèges plus sensibles et délicats. Le calme avant l’énorme bourrasque que certains auront peut-être déjà senti en montagne alors qu’on arrive au sommet ! Soudain, sans élément naturel pour nous abriter du vent, tout prend une tournure bestiale. La première phrase « Je vois les nuages… » nous frappe comme une gifle. Le groupe conserve la même ligne harmonique, mais la production vient densifier le ressenti. Des nappes orchestrales enrichissent les passages clés, donnant une véritable profondeur additionnelle à la composition et installant une belle dynamique.
Puis vient Thalweg, qui marque une rupture. Ici, Brévine montre toute sa polyvalence vocale : parlé, clean, guttural. L’alternance renforce le contraste entre les vers poétiques et les déflagrations sombres. Les textes explorent les abysses de l’oubli, où se perdent les âmes en quête de sens. C’est probablement le morceau le plus puissant émotionnellement de l’EP, une plongée introspective qui laisse une empreinte durable et qui finira clairement dans ma playlist « coups de cœur made in Switzerland » !
L’ensemble bénéficie d’une production solide : enregistré chez Christoph Noth (ayant notamment travaillé avec Eluveitie), puis masterisé par Magnus Lindberg (Cult of Luna), l’EP gagne en profondeur et en cohérence sonore. On sent l’influence d’un certain post metal scandinave, mais avec une identité propre, ancrée entre le bilinguisme et la poésie brute ! On en redemande !
En définitive, ce premier EP de Brévine est selon moi une réussite post metal. Il nous fait voyager entre l’intime et le monumental, la tempête intérieure et les sommets ! Quelques détails perfectibles n’enlèvent rien à la sincérité et à la puissance de l’ensemble. Brévine signe une entrée remarquée dans cette scène ! Bien joué !
Tracklist :
1 Ascension
2 Cîme
3 Tempête
4 Thalweg
Line-up :
Matt Favrr (Norvhar, ex-Anachronism) – Basse, chant
Rayan Tengblad (Ad Nihilum, Duthaig, ex-Inhumane Existence, ex-Path Of Desolation) – Guitare, chant
Finn (Chaoseum) – batterie