
Site Internet
Commençons, comme d’habitude, par un petit peu d’histoire. Begging For Incest est un groupe allemand de brutal death metal originaire de Cologne. Un des piliers de la scène slam germanique depuis sa création en 2006, le trio s’est notamment fait remarquer avec le légendaire EP Awaiting the Fist (2008) et l’album Orgasmic Selfmutilation (2012). Cependant, après leur opus Finsternis sorti en 2016 et qui explore un son un peu plus « propre » et se rapprochant presque du deathcore, Begging For Incest sont enfin de retour à leurs racines avec l’album Going Postal, qui sort le 22 août chez Rising Nemesis Records.
Alors oui, il faut dire que Begging For Incest n’est pas un nom des plus séduisants, il est même plutôt dégoûtant, et c’est le but. Cependant, dans un sous-genre où les groupes rivalisent constamment pour savoir qui aura le patronyme le plus horrible, celui de nos Allemands convient à merveille à leur musique : c’est du slam de haute qualité, gras et lourd à souhait. Les parties lentes, caractéristiques de ce style et rythmées par les épais riffs de Jan Steinbach, sont terriblement heavy et forment la base des morceaux de Begging For Incest. Celles-ci sont contrebalancées par de constants changements de tempo et de fréquents blast beats, tel que sur le morceau Torment qui alterne à plusieurs reprises entre des gros breakdowns inattendus et des blasts hyper rapides. Cependant, la force des Allemands réside dans le pur groove qu’ils délivrent sur chaque morceau, particulièrement sur Beneath the Surface, un des premiers singles publiés cette année.
La voix de Meik Grziwa, complètement inintelligible (et on n’en demande pas plus), varie entre des gutturales très graves avec pas mal de pitch et des pig squeals assez aigus. Le morceau Running with Scissors, qui débute avec seulement la voix gargouillante de Meik, rappelle en quelque sorte Babykiller de Devourment, un groupe ayant influencé massivement la scène slam, et ça se remarque bien ici. La voix sur le breakdown au milieu de Nothing Remains est particulièrement sale et râpeuse, ce qui convient parfaitement à l’instru en fond.
Bien que le dernier opus de Begging For Incest soit un album de slam, on retrouve, outre des gros chugs et des moments rapides de brutal death, des petites touches de grind, comme sur Bliss in Suffering et ses powerchords ainsi que son couplet en two step ; de tech death, tel que sur la première moitié de Death Defied avec ses blasts et ses riffs techniques ; ou même encore des infusions de mathcore, par exemple avec le titre éponyme Going Postal. Ce dernier commence avec des panic chords et des riffs dissonants à la Converge avant de proposer une partie plus groovy pour ensuite retourner à un jeu chaotique agrémenté de breakdowns et de blast beats. Au fond, c’est un album plutôt intense qui ne vous offre que très peu de répit, le seul moment « tranquille » est durant l’interlude Yes we slam!, qui assez court et permet à l’auditeur de reposer ses tympans avant de replonger dans les 2 derniers morceaux du LP.
Pour ce qui est de l’aspect technique de Going Postal, l’album a été mixé et masterisé par Ramon Smith, avec qui Begging For Incest ont déjà travaillé par le passé (pour l’enregistrement de Finsternis) et qui a également mixé l’EP et l’album de 01101111011101100110111001101001 (« OVNI » en binaire), un excellent groupe de brutal/tech death expérimental. Le ton des guitares est très clair, les notes basses et les chugs sonnent vraiment graves mais sans trop exagérer. La présence de la basse se fait sentir, mais on ne l’entend malheureusement pas assez à mon goût, car celle-ci est quelque peu ensevelie sous ce mur de son et semble simplement suivre les riffs de guitare. Finalement, concernant la batterie, le mix est vraiment parfait. Les kicks ne sonnent pas trop comme des triggers et la caisse claire revêt un son plutôt organique et naturel. En bref, on dirait qu’un vrai humain, Max Dederichs en l’occurrence, se trouve derrière les fûts et c’est toujours un très bon point.
En somme, Going Postal est un retour aux sources pour les légendes que sont Begging For Incest. On ne passe pas par 4 chemins, c’est du slam pur et dur, de très bonne qualité, agrémenté de quelques touches de grind, de tech death et de mathcore de temps en temps afin d’épicer les choses. Gros chugs, breakdowns, blasts beats, riffs groovy, on retrouve tout ce qui fait un bon album de slamming brutal death metal. Le mix, qui est vraiment très bon, fait entendre chaque instrument distinctement et clairement, et ainsi, permet à l’auditeur de profiter d’un Begging For Incest en quelque sorte revigoré, toujours old school mais avec une production moderne. Les seuls bémols sont que j’aurais apprécié entendre mieux la basse et avoir un petit plus de variation dans la voix. Going Postal est donc un solide opus dans la discographie du groupe allemand et montre que les pionniers du slam germanique n’ont en aucun cas perdu la main, loin de là !
Pour les curieux, n’hésitez pas à checker la lyric video pour le titre Torment juste en bas (d’ailleurs, le concept de lyric video pour les groupes de slam m’a toujours fait rire).
Morceaux préférés : Going Postal, Torment, Beneath the Surface, Death Defied, Nothing Remains.
Saura ravir les fans de : Kraanium, Waking The Cadaver, NecroticGoreBeast et Korpse.