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Light Beneath est une relativement jeune formation finlandaise. Fondée en 2018, elle nous propose un premier album éponyme signé chez Inverse Records. À la base, on peut les qualifier de Post-Metal. Mais on ne s’arrêtera pas là : le groupe démontre un désir d’exploration et de créativité musicales qui amènent l’auditeur à savourer des textures originales et des manipulations intelligentes durant son périple.
Nous avons droit à six titres, totalisant plus de quarante-cinq minutes. (les compositions ne sont pas ‘radio-friendly’ et dépassent les quatre minutes). Ce format est bien.
On commence avec une entrée modeste, Beneath Water, relax pour ensuite démontrer une agressivité spontanée avec une rapidité calculée. Infusée par des moments ‘blastbeats’ issus du Black Metal surtout et une guitare rapide.
Le chant est plus Post-Metal, c’est-à-dire crié de façon « mi-guttural », on accélère et on ralentit le tempo à bon escient. On sait calmer le jeu pour y introduire des passages plus doux, plus posés, tandis qu’ils laissent la poussière retomber. Avec de très bons moments Post-Rock, on y va ensuite de répétitions de la même séquence afin de nous diriger vers la fin. C’est une très bonne piste pour ouvrir le bal.
La pièce suivante s’intitule Sirens et se trouve être le premier single de l’album offert au public. Ici on élabore le plan de match avec une basse bien présente, c’est aéré, la guitare me fait penser à The Cure, avec son picking réverbéré. C’est aérien. Après deux minutes, la batterie est martelée fortement pour annoncer austèrement un changement de cap, les vocaux sont alors à mi-chemin entre Aaron Turner (Isis) et une bonne voix Black. Le riff principal se veut saccadé et tempéré. Cette pièce me fait penser à la formation Daylight Dies ou bien Swallow the Sun. Une des guitares use de discordances par moments. On accélère le tout, on atteint un certain apogée avant la chute finale. On s’assure que le clou est bien enfoncé. Un titre de plus de sept minutes qui n’en parait pas du tout autant.
S’enchaine ensuite le troisième morceau, fondu avec le précédent afin de communier avec son énergie et débuter fermement. All These Faces est le deuxième extrait disponible sur les plateformes musicales. On est propulsé vers de nouveaux horizons. La guitare se veut éthérée, la basse est omniprésente. Les vocaux détonent ! Autant les fans de Sludge que de Black Metal pourront apprécier. Des moments oniriques et planants se partagent la présence avec des touches de hargne et de désespoir. C’est prenant. Les rythmiques donnent envie d’extérioriser notre agressivité ou trop-plein ! Encore une fois, on prépare l’auditeur à l’amorce de la chute du titre avec des répétitions et un léger fade out classique.
En écoutant Ravens, quatrième échantillon, je pus dénoter une certaine signature ou modus operandi :
L’introduction d’une guitare simple, pour ensuite sortir les percus et, finalement, laisser libre cours à tous, en une certaine implosion. Pas tout à fait comme on peut retrouver dans le Post-Rock, mais habilement utilisée ici. Les riffs sont sludge jusqu’au revirement rapide vers le Black Metal, pour effectuer des variations intéressantes et peu banales. On assiste alors après coup à une bonne transition pour y aller avec des rythmiques très accessibles, voire pop, l’espace d’un instant. On vacille entre deux mondes, on expose une certaine sensibilité et parfois on explose. Ce titre peut être vu comme bipolaire. Dans le sens positif du terme. Solide.
3/4 est entrainante, plus accessible. On se sent comme en plein constat. Les mélodies sont très intéressantes. Le vocal est utilisé dans une forme qui ressemble à un certain narratif chanté. Comme une déclaration personnelle. On effectue un virage et le tout devient plus rythmé, c’est bien mélodique, plus que les autres titres, qui se voulaient plus basiques à ce niveau. Les percussions adoptent un style ‘Électro’ qui est occasionnellement mal vu dans le Metal, mais de plus en plus utilisé dans les sphères Néo Black, et sans tomber dans le Dungeon Synth. Sans exagération ni anachronisme. De plus on revient rapidement vers le chorus. On essaie plusieurs choses en gardant tout de même une ligne directrice, en bon explorateur prudent et conservateur.
Pour le dernier extrait, on débute avec une bonne basse fuzz, au son électrique moderne. J’aurais grandement aimé mieux entendre les cordes utilisées (Violons, violoncelles ?) utilisées en arrière-plan et à mon avis trop subtiles. Malformation due à la production ? Fidèles à eux-mêmes, les musiciens de Light Beneath misent sur la basse et les percussions qui sonnent fort et bien. Les vocaux sont au premier plan. On tente une touche Metalcore légère à la guitare (je n’aurais pas osé) mais ce n’est pas imposant et ne gâte pas la sauce. C’est très bien composé, le rendu n’est jamais lassant. Les pièces sont toutes de plus de sept minutes, ce qui laisse place à l’interprétation. La formule Post-Metal/Black Metal/Blackgaze est agréablement dosée. Cet album est un vrai plaisir à écouter, on donne tout ce qu’on a dans le ventre durant les dernières minutes et, alors, on peut terminer en héros.