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Plutôt que de se laisser happer par les ténèbres qui obscurcissent leur pays depuis bientôt quatre ans, les musiciens ukrainiens de Vøvk, groupe basé à Kiev, ont choisi de transformer la douleur en mélodie, le chagrin en force et l’espoir en flamme.
Leurs chansons dressent le portrait des peurs, des traumatismes et des blessures, mais aussi des espoirs d’un peuple résilient. Pour ce faire, le groupe puise dans la nature des images symboliques et métaphoriques : animaux, forêts, vents et rivières deviennent les chœurs d’une âme collective qui refuse de plier.
Leur musique mêle rock et metal progressif, post-rock, post-hardcore, grunge ou sludge, et se nourrit d’une palette d’influences aussi vaste que singulière : de Deafheaven, Alcest ou Mastodon à Genesis, King Crimson et Rush, en passant par The Smashing Pumpkins, Quicksand, Fugazi, The Mars Volta, voire The Who, The Police ou Talk Talk. Elle capture avec intensité le tumulte des émotions nées du chaos.
Les titres se répartissent en deux grandes familles : d’un côté, Sil, Iskra et Tyhr convoquent la puissance organique de The Ocean tout en explorant des rythmiques complexes et un jeu de guitare ciselé rappelant Tool ; de l’autre, Leleka, Mur, Promin et Okean dévoilent une facette plus aérienne, évoquant des climats éthérés proches des productions de Klone ou Lizzard, sans jamais perdre la tension émotionnelle qui traverse l’album.
Portés par des textes sombres, chantés dans leur langue natale d’une voix tour à tour limpide et déchirée, les morceaux nous entraînent au plus près du cœur battant de Vøvk – un cœur en fusion où la beauté mélodique n’est jamais absente.
Pour la réalisation de Litera, le groupe s’est entouré de nombreux invités issus de la scène locale, dont Anton Slepakov, voix marquante de l’underground ukrainien, et a également bénéficié de la participation de Johannes Persson (Cult of Luna), qui interprète en ukrainien le superbe Promin.
Non content de livrer un album intense et cohérent, le groupe a également accordé une attention particulière à l’élargissement de son univers visuel, collaborant avec l’artiste portugais Diogo Soares, l’animatrice ukrainienne Hanna Stryzh et l’artiste Anton Shiferson, concepteur de la pochette.
À l’écoute de Litera, on ressent presque instantanément ces émotions brutes, comme si le groupe nous faisait traverser avec lui chaque moment de sa tempête intérieure. La musique reflète ici une existence marquée par la guerre injuste que les musiciens – et leur peuple – subissent au quotidien.
Litera est un album inspiré et profondément habité, témoignage vibrant d’un instant suspendu dans l’histoire d’un peuple : une catharsis sonore née du chaos et de la survie.
